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L'ennemi de Dieu

L'ennemi de Dieu

Titel: L'ennemi de Dieu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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qu’on pourrait souhaiter d’autre dans
ce monde. »
    Elle rit,
releva ses jupes et se laissa tomber lourdement à côté de moi. Entendant un
bruit dans mon dos, les chiens se remirent à gronder. D’un air amusé, elle
regarda Arthur se contorsionner à terre pour me rejoindre. Il avait dû entendre
les chiens aboyer.
    « Sur le
ventre, comme un serpent, Arthur ? »
    Comme moi,
Arthur porta un doigt à ses lèvres. « Ils se fichent pas mal de moi,
répéta Gwenhwyvach. Regardez ! » Elle agita vigoureusement les bras
en direction des gardes qui se contentèrent de secouer la tête et de se
détourner. « À leurs yeux, je n’existe pas. Je ne suis que la grosse folle
qui sort les chiens. » Elle fit de nouveau de grands gestes, et de nouveau
les sentinelles firent comme si de rien n’était. « Même Lancelot ne me
remarque pas, fit-elle tristement.
    — Il est
ici ? demanda Arthur.
    — Bien
sûr que non. Il est loin. Comme vous, à ce qu’on m’avait dit. Vous n’étiez pas
censés discuter avec les Saxons ?
    — Je suis
ici pour enlever Guenièvre, répondit Arthur, et vous aussi, ajouta-t-il
galamment.
    — Je n’ai
aucune envie d’être enlevée, protesta Gwenhwyvach. Et Guenièvre ne sait pas que
vous êtes ici.
    — Personne
ne doit le savoir.
    — Si !
Guenièvre doit le savoir ! Elle scrute la marmite à huile. Elle assure qu’elle
peut y lire l’avenir. Mais elle ne vous a pas vus, hein ? »
    Elle gloussa,
se retourna et dévisagea Arthur de l’air de trouver sa présence amusante :
« Vous êtes ici pour la sauver ?
    — Oui.
    — Cette
nuit ?
    — Oui.
    — Elle n’en
sera pas très contente, pas cette nuit. Aucun nuage, vous comprenez ?
fit-elle en montrant du doigt le ciel presque dégagé. Impossible d’adorer Isis
quand le ciel est couvert, voyez-vous, parce que la lumière de la lune ne
pénètre pas dans le temple. Et ce soir, elle compte sur la pleine lune. Une
grosse pleine lune comme un fromage frais. »
    Elle passa la
main dans les longs poils de l’un des chiens : « Celui-ci, c’est
Drudwyn. Un sale mâle. Et celle-ci, Gwen. Plop ! fit-elle de manière
inattendue. C’est comme ça qu’entre le clair de lune. Plop ! Droit dans
son temple ! reprit-elle en riant. Elle entre par le puits et tombe droit
dans la fosse.
    — Gwydre
sera dans le temple ? voulut savoir Arthur.
    — Pas
Gwydre. Les hommes n’y sont pas admis, c’est du moins ce qu’on me raconte »,
expliqua Gwenhwyvach d’un ton sarcastique. Elle parut sur le point de dire
autre chose, mais se contenta d’un haussement d’épaules : « Gwydre
ira se coucher », dit-elle plutôt. Elle fixa le palais et un sourire
narquois illumina lentement son visage rond.
    « Comment
allez-vous entrer, Arthur ? Il y a des barres à toutes les portes et
toutes les fenêtres ont des volets.
    — On se
débrouillera. Du moment que vous ne dites à personne que vous nous avez vus.
    — Du
moment que vous me laissez ici, fit Gwenhwyvach, je n’en parlerai même pas aux
abeilles. Et pourtant je leur dis tout. Il le faut, sans quoi le miel devient
aigre. Pas vrai, Gwen ? lança-t-elle à la chienne qui agitait ses oreilles
pendantes.
    — Je vous
laisserai ici, si tel est votre désir, promit Arthur.
    — Rien
que moi, fit-elle, rien que moi, les chiens et les abeilles. C’est tout ce que
je demande. Moi, les chiens, les abeilles et le palais. Guenièvre peut garder
la lune. »
    Elle sourit à
nouveau et me tapota l’épaule de sa main grassouillette : « Vous vous
souvenez de la porte du cellier par laquelle je vous ai conduit, Derfel ?
Celle qui donne sur le jardin ?
    — Je
crois que oui.
    — Je
veillerai à retirer la barre. »
    Elle gloussa
de nouveau, prévoyant quelque réjouissance : « Je me cacherai dans le
cellier et retirerai la barre quand ils attendront tous la lune. La nuit, il n’y
a pas de gardes de ce côté-là parce que la porte est trop épaisse. Les gardes
sont tous dans leurs cabanes ou devant la façade. »
    Puis elle se
retourna vers Arthur : « Vous viendrez ? demanda-t-elle d’une
voix inquiète.
    — Promis.
    — Guenièvre
sera ravie, fit Gwenhwyvach. Et moi aussi ! »
    Elle rit tout
en peinant à se relever : « Cette nuit, lorsque la lune sera
au-dessus du puits. »
    Sur ce, elle s’en
alla avec les deux limiers. Elle s’éloigna en gloussant et risqua même deux
petits pas de danse maladroits. « Plop ! »

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