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L'ennemi de Dieu

L'ennemi de Dieu

Titel: L'ennemi de Dieu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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la tête. Le mouvement
du cheval ne cessait de la balancer d’avant en arrière, mais elle ne s’en
débrouillait pas moins pour conserver son élégance. « Personne d’autre,
Seigneur Prince, fit-elle après un bon moment. Personne d’autre. »
    Après quoi
Arthur continua à marcher en silence. Il ne voulait pas de ma compagnie. Il ne
voulait d’autre compagnie que sa propre misère et je rejoignis Nimue en tête du
cortège. Suivaient les cavaliers, puis Guenièvre, tandis qu’à l’arrière mes
lanciers escortaient le Chaudron. Nimue suivait la même route qui nous avait
conduits sur la côte : un sentier de fortune qui grimpait à travers une
lande désolée parsemée d’ifs et d’ajoncs.
    « Gorfyddyd
avait donc raison, dis-je au bout d’un moment.
    — Gorfyddyd ?
demanda Nimue, surprise de me voir exhumer le nom de ce vieux roi.
    — À Lugg
Vale, quand il a traité Guenièvre de putain.
    — Et toi,
Derfel Cadarn, fit Nimue avec mépris, tu t’y connais en putains ?
    — Qu’est-elle
d’autre ? demandai-je avec aigreur.
    — Pas une
putain ! »
    Nimue fit un
geste en direction de panaches de fumée qui s’élevaient au-dessus des arbres
lointains, signe que les soldats de la garnison de Vindocladia préparaient leur
petit déjeuner. « Il va falloir les éviter », observa Nimue, quittant
la route pour nous entraîner du côté ouest, vers une ceinture d’arbres plus
épaisse. La garnison était certainement au courant de la descente d’Arthur au
palais et, à mon avis, n’avait aucune envie de l’affronter, mais je suivis
docilement Nimue, et les cavaliers en firent autant.
    « Au
fond, reprit Nimue au bout d’un moment, qu’a fait Arthur, sinon épouser une
rivale au lieu d’une compagne.
    — Une
rivale ?
    — Guenièvre
pourrait gouverner la Dumnonie aussi bien que n’importe quel homme,
observa-t-elle, et mieux que la plupart. Elle est plus intelligente que lui et
à tous égards aussi déterminée. Si elle avait été la fille d’Uther plutôt que
de cet imbécile de Leodegan, tout eût été différent. Elle aurait été une autre
Boudicca, et il y aurait des cadavres de chrétiens d’ici jusqu’à la mer d’Irlande
et des Saxons morts jusqu’à la mer de Germanie.
    — Boudicca,
lui fis-je observer, a perdu sa guerre.
    — Guenièvre
aussi, dit-elle d’un air sombre.
    — Je ne
vois pas en quoi elle était la rivale d’Arthur, repris-je. Elle avait le
pouvoir. Je ne crois pas qu’il ait jamais pris une décision sans lui en parler.
    — Et il s’adressait
au Conseil, auquel aucune femme ne peut siéger, ajouta sèchement Nimue.
Mets-toi à la place de Guenièvre, Derfel. Elle est plus vive que vous tous
réunis, mais chacune de ses idées devait être soumise à un ramassis d’hommes
aussi lourds qu’obtus. Toi, l’évêque Emrys et ce raseur de Cythryn qui joue les
beaux esprits, puis rentre à la maison et rosse sa femme et l’oblige à le
regarder prendre une naine dans leur lit. Des conseillers ! Tu crois que
la Dumnonie ferait la différence si vous périssiez tous noyés ?
    — Un roi
doit avoir un Conseil, fis-je avec indignation.
    — Pas s’il
est intelligent. Pourquoi serait-ce une nécessité ? Merlin a-t-il un
Conseil ? Merlin a-t-il besoin d’une pleine couvée d’imbéciles solennels
pour lui dire que faire ? Le seul rôle du Conseil est de vous donner le
sentiment d’être des gens importants.
    — Il en a
bien d’autres. Comment un roi saurait-il ce que pense son peuple sans Conseil ?
    — Qui se
soucie de ce que pensent les imbéciles ? Laissez les gens penser par
eux-mêmes et la moitié se feront chrétiens. Bel hommage à leur capacité de
réflexion ! fit-elle en crachant. Et qu’est-ce que vous faites au juste au
Conseil ? Vous dites à Arthur ce que racontent les bergers ? Et
Cythryn, j’imagine, représente tous les culbuteurs de naines de Dumnonie ?
C’est ça ? fit-elle en riant. Le peuple ! Les gens sont des idiots.
Voilà pourquoi ils ont un roi, et pourquoi le roi a des lanciers.
    — Arthur,
insistai-je, a assuré au pays un bon gouvernement, et il l’a fait sans tourner
ses lances contre le peuple.
    — Et
voilà le résultat », répliqua Nimue. Elle marcha quelques instants en
silence, puis soupira : « Guenièvre a eu raison de bout en bout,
Derfel. Arthur devait être roi. Elle le savait. Elle le voulait. Elle en aurait
même été heureuse, car, Arthur roi, elle eût été

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