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L'ennemi de Dieu

L'ennemi de Dieu

Titel: L'ennemi de Dieu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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reine, et cela lui aurait
donné tout le pouvoir dont elle avait besoin. Mais ton cher Arthur ne voulait
pas du trône. Le noble esprit ! Tous ces serments sacrés ! Et qu’est-ce
qu’il voulait ? Être fermier. Vivre comme toi et Ceinwyn, être heureux en
ménage au milieu des rires et des enfants, fit-elle sur le ton de la dérision.
Et tu crois que Guenièvre aurait pu se satisfaire de cette vie ? L’idée
même l’ennuyait à mourir ! Et c’est tout ce à quoi Arthur a jamais aspiré.
C’est une femme intelligente et vive et il voulait en faire une vache laitière.
Ça t’étonne qu’elle ait cherché d’autres excitations ?
    — Ses
putasseries, tu veux dire ?
    — Oh,
Derfel, ne sois pas sot. Suis-je une putain parce que j’ai couché avec toi ?
À d’autres. »
    Nous avions
atteint les arbres et Nimue obliqua vers le nord pour marcher entre les frênes
et les grands ormes. Les lanciers nous suivaient d’un air hébété, et je crois
bien que, si nous les avions fait tourner en rond, ils nous auraient suivi sans
protester, tellement nous étions tous ahuris et sonnés par les horreurs de la
nuit.
    « Elle a
brisé son serment conjugal, reprit Nimue, la belle affaire ! Tu crois qu’elle
est la première ? Ou crois-tu que ça fait d’elle une putain ? Auquel
cas la Bretagne en est pleine à ras bord, de putains. Elle n’est pas une
putain, Derfel. C’est une femme à poigne qui est née avec un esprit vif et une
belle allure. Arthur l’a aimée pour son physique et n’a pas voulu se servir de
son intelligence. Il ne voulait pas qu’elle fasse de lui un roi, alors elle s’est
tournée vers sa religion ridicule pendant qu’Arthur se contentait de lui
seriner combien elle serait heureuse le jour où il raccrocherait Excalibur pour
se mettre à élever du bétail ! »
    Cette seule
idée la fit rire.
    « Et
parce qu’il ne lui est jamais venu à l’idée d’être infidèle, il n’a jamais
soupçonné que Guenièvre pouvait l’être. Nous, si, mais pas Arthur. Il ne
cessait de se répéter combien son couple était parfait, et pendant qu’il
vadrouillait la belle Guenièvre attirait les hommes comme la charogne les mouches.
Et il ne manquait pas d’hommes beaux, d’hommes intelligents, d’hommes
spirituels, d’hommes avides de pouvoir. Et elle a trouvé un bel homme qui
voulait tout le pouvoir possible ; alors Guenièvre a décidé de l’aider.
Arthur rêvait d’une étable, Lancelot voulait être Grand Roi de Bretagne, et
Guenièvre a trouvé cette perspective un peu plus excitante que celle d’élever
des vaches ou de torcher le cul de ses gamins. Et cette religion stupide l’a
encouragée. L’arbitre des trônes ! Ce n’est pas parce qu’elle est une
putain qu’elle couchait avec Lancelot, grand sot, mais pour faire de lui le
Grand Roi.
    — Et
Dinas ? Et Lavaine ?
    — C’étaient
ses prêtres. Ils l’aidaient. Et dans certaines religions, Derfel, hommes et
femmes copulent. Ça fait partie du culte. Et pourquoi pas ? »
    Elle donna un
coup de pied dans un caillou qu’elle regarda ricocher au milieu des liserons.
    « Et puis
crois-moi, Derfel, ces deux-là étaient vraiment beaux. Je le sais, parce que c’est
moi qui leur ai enlevé cette beauté, mais pas en raison de ce qu’ils ont fait
avec Guenièvre. Je l’ai fait parce qu’ils ont offensé Merlin et qu’ils ont pris
ta fille. »
    Elle fit
quelques pas en silence et reprit : « Ne méprise pas Guenièvre. Ne la
méprise pas parce qu’elle s’ennuyait. Méprise-la, si tu le dois, parce qu’elle
a volé le Chaudron, et sais gré à Dinas et Lavaine de n’en avoir jamais libéré
la puissance. Mais il a servi à Guenièvre. Elle s’y baignait toutes les
semaines et c’est pourquoi elle n’a jamais vieilli d’une semaine. »
    Elle se
retourna en entendant des bruits de pas derrière nous. C’était Arthur, qui nous
rattrapait en courant. Il avait encore l’air sidéré, mais il avait dû s’apercevoir
depuis quelques secondes que nous avions quitté la route.
    « Où
allons-nous ?
    — Vous
voulez que la garnison nous voie ? » demanda Nimue en montrant du
doigt la fumée de leurs brasiers.
    Il ne dit mot,
se contentant de fixer la fumée comme s’il n’avait encore jamais vu une chose
pareille. Nimue me jeta un coup d’œil et haussa les épaules. Visiblement, il
avait encore l’esprit brouillé.
    « S’ils
voulaient la bagarre, dit Arthur, ils seraient déjà

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