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L'ennemi de Dieu

L'ennemi de Dieu

Titel: L'ennemi de Dieu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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j’ai fait ce que les
gens m’ont demandé de faire. J’ai toujours été une bonne petite, dit-elle en
faisant la moue. La fillette obéissante, la jeune fille docile. C’était facile,
bien sûr, parce que mon père m’aimait, et il aimait si peu de gens, mais je
recevais tout ce que je désirais, et en retour on n’attendait de moi qu’une
chose : que je sois jolie et obéissante. Et j’ai été très obéissante.
    — Jolie
aussi. »
    Elle m’enfonça
son coude dans les côtes. Une nuée de bergeronnettes de Yarrell s’envola de la
brume qui enveloppait le ruisseau juste devant nous. « J’ai toujours été
obéissante, dit Ceinwyn d’un air songeur. Je savais que je devrais me marier
avec l’homme qu’on me choisirait, et cela ne me tracassait pas outre mesure,
car tel est le lot des filles de rois. Et je n’ai pas le souvenir d’avoir
jamais été si heureuse que le jour où j’ai vu Arthur pour la première fois. Je
me disais que la vie me sourirait à jamais. C’était un si brave homme, et puis,
soudain, il a disparu.
    — Et tu
ne m’as pas même remarqué ! » J’étais le plus jeune lancier de la
garde d’Arthur lorsqu’il était venu à Caer Sws pour s’y fiancer avec Ceinwyn. C’est
à cette époque qu’elle m’avait donné la petite broche que je portais encore.
Elle avait récompensé toute l’escorte d’Arthur sans jamais soupçonner le feu qu’elle
avait embrasé dans mon âme ce jour-là.
    « Je suis
sûre de t’avoir remarqué, dit-elle. Un grand lourdaud avec sa crinière de
paille ! Comment m’aurait-il échappé ? » Elle rit, puis me
laissa l’aider à enjamber un chêne abattu. Elle portait la même robe de lin que
la veille, mais la jupe blanchie était maintenant tachée de boue et de mousse. « Puis
j’ai été fiancée à Caelgyn de Rheged, reprit-elle, et je cessai d’être tout à
fait aussi sûre de jouer de bonheur. C’était une triste brute, mais il avait
promis à mon père une centaine de lanciers et le prix de la mariée en or, si
bien que je tâchai de me convaincre que je serais tout de même heureuse, même
si je devais vivre à Rheged, mais Caelgyn a été emporté par la fièvre. Puis il
y a eu Gundleus, dit-elle en se rembrunissant. J’ai compris alors que je n’étais
qu’un pion dans un jeu de guerre. Mon père m’adorait, mais il était tout prêt à
me donner même à Gundleus si cela lui procurait plus de lances à porter contre
Arthur. Pour la première fois, je compris que je ne serais jamais heureuse à
moins de faire moi-même mon bonheur, et c’est alors que tu es venu nous voir
avec Galahad. Tu te souviens ?
    — Je me
souviens. »
    J’avais
accompagné Galahad dans sa mission de paix avortée et Gorfyddyd, en guise d’affront,
nous avait fait dîner dans la salle des femmes. C’est là, à la lueur des
chandelles, tandis que la harpiste jouait, que j’avais parlé à Ceinwyn et lui
avais fait le serment de la protéger.
    « Et tu t’es
inquiété de savoir si j’étais heureuse.
    — J’étais
amoureux de toi, avouai-je. Comme un ver de terre amoureux d’une étoile. »
    Elle sourit. « Puis
est venu Lancelot. Le charmant Lancelot. Le beau Lancelot, et tout le monde m’a
seriné que j’étais la plus heureuse des femmes de Bretagne, mais sais-tu ce que
j’ai ressenti ? Que je ne serais pour Lancelot qu’une conquête de plus, et
il semble qu’il en ait déjà beaucoup. Mais je n’étais pas encore bien sûre de
ce que j’allais faire. C’est alors que Merlin est venu me parler, et il a
laissé Nimue, qui n’en finissait pas de parler. Mais je savais déjà que je ne
voulais appartenir à aucun homme. Toute ma vie, j’ai été la propriété des
hommes. Comme Nimue. J’ai fait un serment à Don, je Lui ai juré que si Elle me
donnait la force de prendre ma liberté, jamais je ne me marierais. Je t’aimerai,
me promit-elle en me regardant droit dans les yeux, mais je ne serai le bien d’aucun
homme. »
    Peut-être, me
dis-je, mais elle était encore, comme moi, le jouet de Merlin. Ils n’avaient
pas perdu leur temps, lui et Nimue, mais je ne dis mot de tout cela, ni de la
Route de Ténèbre. Je préférai prévenir Ceinwyn :
    « Tu
seras l’ennemie de Guenièvre, désormais.
    — Oui,
fit-elle. Au demeurant je l’ai toujours été, dès l’instant où elle a décidé de
me prendre Arthur, mais je n’étais alors qu’une enfant et je ne savais comment
la combattre. La nuit

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