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L'ennemi de Dieu

L'ennemi de Dieu

Titel: L'ennemi de Dieu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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dernière, j’ai pris ma revanche, mais dorénavant je
devrai vivre cachée. » Elle sourit. « Et toi, tu devais épouser
Gwenhwyvach ?
    — Oui,
avouai-je.
    — Pauvre
Gwenhwyvach. Elle a toujours été très gentille avec moi quand ils habitaient
ici, mais je me souviens que, chaque fois que sa sœur entrait, elle filait. On
aurait dit une grosse souris bien dodue, et sa sœur était le chat. »
    Cet
après-midi-là, Arthur descendit dans la vallée. La colle fixant les bris d’os
était encore en train de sécher sur la garde d’Hywelbane quand ses guerriers
firent leur apparition au milieu des arbres de la pente sud de Cwm Isaf, face à
notre maisonnette. Les lanciers n’étaient pas venus nous menacer : ils
étaient simplement venus prendre un peu de bon temps dans la longue marche qui
devait les ramener dans leur confortable Dumnonie. Aucun signe de Lancelot ni
de Guenièvre : Arthur traversa seul le ruisseau. Il ne portait ni épée ni
bouclier.
    Nous l’accueillîmes
à la porte. Il s’inclina devant Ceinwyn puis lui adressa un sourire.
    « Chère
Dame, fit-il simplement.
    — Vous m’en
voulez. Seigneur ? » lui demandai-je avec inquiétude.
    Son visage s’épanouit
en un large sourire : « Ma femme croit que oui, mais ce n’est pas vrai.
Comment serais-je fâché ? Tu as simplement fait ce que j’ai fait
autrefois, et tu as eu l’élégance de le faire avant que le serment ne soit
scellé. » Il lui adressa un nouveau sourire. « Sans doute m’as-tu mis
dans l’embarras, mais je le méritais bien. Puis-je faire quelques pas avec
Derfel ? »
    Nous suivîmes
le même chemin que j’avais emprunté ce matin-là avec Ceinwyn, et Arthur, sitôt
qu’il fut hors de portée de vue de ses lanciers, passa le bras autour de mes
épaules. « Bien joué, Derfel, dit-il d’une voix calme.
    — Je suis
navré si cela vous a blessé, Seigneur.
    — Ne sois
pas sot. Tu as fait ce que j’ai fait autrefois. Et je t’envie seulement la
fraîcheur de ton expérience. Ça change les choses, c’est tout. Comme je l’ai
dit, c’est gênant.
    — Je ne
serai pas le champion de Mordred.
    — Non.
Mais quelqu’un te remplacera. Si ça ne tenait qu’à moi, mon ami, je vous
ramènerais tous les deux au pays, je ferais de toi le champion et te donnerais
tout ce que je devais te donner, mais les choses ne se passent pas toujours
comme nous le souhaitons.
    — Vous
voulez dire, fis-je sans détour, que la princesse Guenièvre ne me pardonnera
pas ?
    — Non,
confirma Arthur d’un air morne. Ni Lancelot. Et que vais-je faire de lui ?
ajouta-t-il dans un soupir.
    — Mariez-le
à Gwenhwyvach, et enterrez-les tous les deux en Silurie. »
    Il rit. « Si
seulement je le pouvais. Je l’enverrai en Silurie, certainement, mais je doute
que la Silurie le retienne. Il ambitionne autre chose que ce petit royaume,
Derfel. J’avais espéré que Ceinwyn et une famille le garderaient là-bas, mais
maintenant ? » Il haussa les épaules. « J’aurais mieux fait de
te donner le royaume. » Il retira son bras de mes épaules et me regarda en
face. « Je ne te libère pas de tes serments, Seigneur Derfel Cadarn,
dit-il solennellement, tu es encore mon homme et lorsque je te manderai, tu
viendras à moi.
    — Oui,
Seigneur.
    — Ce sera
au printemps. J’ai promis une trêve de trois mois aux Saxons, et je tiendrai ma
promesse, et quand les trois mois seront écoulés l’hiver nous empêchera de
sortir nos lances. Mais au printemps, nous marcherons, et je compte sur tes
hommes dans mon mur de boucliers.
    — Ils
seront là, Seigneur. »
    Il leva les
deux mains et les posa sur mes épaules. « As-tu aussi prêté serment à
Merlin ? demanda-t-il, en me regardant droit dans les yeux.
    — Oui,
Seigneur, avouai-je.
    — Alors
tu vas donner la chasse à un Chaudron qui n’existe pas ?
    — Je chercherai
le Chaudron, en effet. »
    Il ferma les
yeux. « Quelle sottise ! » Il laissa tomber les mains et rouvrit
les yeux. « Je crois aux Dieux, Derfel, mais les Dieux croient-ils en la
Bretagne ? Ce n’est pas la Bretagne d’antan, dit-il avec véhémence.
Peut-être étions-nous autrefois un peuple d’un seul sang, mais aujourd’hui ?
Les Romains ont fait venir des hommes de tous les coins du monde ! Des
Sarmates, des Libyens, des Gaulois, des Numides et des Grecs ! Leur sang s’est
mêlé au nôtre, de même que ce sang grouille de sang romain et que s’y mêle du
sang saxon.

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