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L'ennemi de Dieu

L'ennemi de Dieu

Titel: L'ennemi de Dieu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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puis, tout doucement,
tendit son bras enveloppé de sa manche blanche. Nimue lui prit la main et
plongea ses yeux dans ceux de la princesse d’un air interrogateur. Ceinwyn se figea
l’espace d’une demi-seconde puis consentit d’un infime mouvement de tête.
Soudain, ce fut un brouhaha général : Ceinwyn se détourna du dais et,
suivant Nimue, plongea dans la foule.
    Mais le
brouhaha s’éteignit car nul ne trouvait la moindre explication à ce qui se
passait maintenant. Debout sur l’estrade, Lancelot ne pouvait que regarder.
Arthur en était resté bouche bée tandis que Cuneglas, s’arrachant à demi à son
siège, observait d’un air incrédule sa sœur fendre la foule qui s’écartait devant
le visage farouche, balafré et railleur de Nimue. Guenièvre semblait prête à
tuer.
    C’est alors
que Nimue croisa mon regard et sourit. Je sentis mon cœur battre comme un
animal sauvage pris au piège. Puis Ceinwyn me sourit, et je ne vis plus Nimue :
je n’avais plus d’yeux que pour Ceinwyn, la douce Ceinwyn, qui se dirigeait
vers moi en portant le joug. Les guerriers s’écartèrent, mais on aurait dit que
j’étais taillé dans la pierre, incapable de bouger ou de parler, tandis que
Ceinwyn, les yeux inondés de larmes, s’approcha. Elle ne dit mot, mais se
contenta de m’offrir le licol. Un murmure de stupeur parcourut la foule qui se
pressait autour de nous, mais je ne prêtai aucune attention aux voix. Je tombai
à genoux et pris le licol, puis saisis les mains de Ceinwyn et les pressai
contre mon visage qui, comme le sien, était inondé de larmes.
    La salle
explosa, partagée entre la fureur, la protestation et la stupeur. Mais Issa se
plaça devant moi, brandissant son bouclier. Nul homme ne portait d’arme
tranchante dans la salle d’un roi, mais Issa tenait son bouclier étoilé comme s’il
était prêt à assommer quiconque ferait mine de s’interposer. Sur mon autre
flanc, Nimue sifflait des malédictions, défiant quiconque de contester le choix
de la princesse.
    Ceinwyn s’agenouilla,
rapprochant ainsi son visage du mien. « Tu as fait le serment de me
protéger, Seigneur, dit-elle dans un murmure.
    — J’en ai
fait le serment, Dame.
    — Je te
délivre de ton serment, si tel est ton désir.
    — Jamais »,
promis-je.
    Elle s’écarta
légèrement. « Je n’épouserai aucun homme, Derfel, me prévint-elle
doucement. Je te donnerai tout, sauf le mariage.
    — Alors
vous me donnez tout ce que je pourrais jamais désirer, Dame »,
répondis-je, la gorge serrée les yeux noyés de larmes de bonheur. Je souris et
lui rendis le licol : « Il est à vous. »
    Elle sourit de
ce geste, puis laissa choir le licol dans la paille et m’embrassa tendrement
sur la joue. « Je crois, me susurra-t-elle malicieusement à l’oreille, que
ce banquet se déroulera mieux sans nous. » Sur quoi, nous nous relevâmes
et, main dans la main, feignant d’ignorer les questions, les protestations et
même quelques acclamations, nous sortîmes au clair de lune. Derrière nous, tout
n’était que colère et confusion : devant nous, la foule ébahie s’écartait
pour nous laisser avancer côte à côte. « La maison sous le Dolforwyn nous
attend, dit Ceinwyn.
    — La
maison avec les pommiers ? demandai-je, me souvenant de la maisonnette
dont elle avait rêvé enfant.
    — Celle-là
même. »
    Nous avions
quitté la foule attroupée autour des portes et nous dirigions vers la porte de
Caer Sws éclairée par des torches. Issa m’avait rejoint après avoir récupéré
nos épées et nos lances. Nimue marchait de l’autre côté. Trois des servantes de
Ceinwyn se préparaient à la hâte à nous suivre, de même qu’une vingtaine de mes
hommes.
    « En
êtes-vous certaine ? demandai-je à Ceinwyn, comme si, d’une manière ou d’une
autre, elle pouvait revenir sur les toutes dernières minutes et rendre le joug
à Lancelot.
    — J’en
suis plus certaine que d’aucune autre chose que j’aie jamais faite »,
répondit Ceinwyn calmement. Elle me lança un regard amusé. « As-tu jamais
douté de moi, Derfel ?
    — C’est
de moi que j’ai douté. »
    Elle me serra
la main. « Je ne suis la femme d’aucun homme. Je n’appartiens qu’à moi »,
dit-elle en partant d’un rire de pur plaisir. Puis elle me lâcha la main et se
lança dans une course folle. Les violettes tombaient de ses cheveux tandis qu’elle
courait de joie dans l’herbe. Je courus derrière elle

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