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L'ennemi de Dieu

L'ennemi de Dieu

Titel: L'ennemi de Dieu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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Nous sommes ce que nous sommes, Derfel, non ce que nous étions jadis.
Nous avons une centaine de dieux, maintenant, pas simplement nos anciens dieux,
et nous ne pouvons revenir en arrière, pas même avec le Chaudron et tous les
Trésors de la Bretagne.
    — Merlin
n’est pas d’accord.
    — Et
Merlin voudrait me voir combattre les chrétiens à seule fin de rendre le
pouvoir à ses dieux ? Non, je ne le ferai pas, Derfel, affirma-t-il avec
colère. Tu peux bien partir en quête de ton Chaudron imaginaire, mais ne va pas
croire que je vais jouer le jeu de Merlin en persécutant les chrétiens.
    — Merlin,
protestai-je, abandonnera aux Dieux le sort des chrétiens.
    — Et que
sommes-nous d’autre que les instruments des Dieux ? Mais je ne vais pas
combattre d’autres Bretons pour la simple raison qu’ils adorent un autre Dieu.
Ni toi, Derfel, tant que tu seras lié par ton serment.
    — Non,
Seigneur. »
    Il soupira. « Je
déteste toute cette rancœur au sujet des Dieux. Mais Guenièvre ne cesse de me
répéter que je suis aveugle. Que tout est de ma faute. » Il sourit. « Si
tu as prêté serment à Merlin, Derfel, tu dois l’accompagner. Où va-t-il te
conduire ?
    — A Ynys
Mon, Seigneur. »
    Il me
dévisagea quelques instants en silence, puis frémit.
    « Tu vas
à Lleyn ? demanda-t-il incrédule. Personne n’en revient vivant.
    — J’en
reviendrai, dis-je par vantardise.
    — Veilles-y,
Derfel, veilles-y, répondit-il d’un air lugubre. J’ai besoin de toi pour battre
les Saxons. Et après cela, sans doute, tu pourras retourner en Dumnonie.
Guenièvre n’est pas femme à garder rancune. » J’en doutais, mais ne dis
mot. « Alors je t’appellerai au printemps, poursuivit Arthur, et je te
prie de survivre à Lleyn. » Il passa son bras sous le mien et me raccompagna
jusqu’à la maison. « Et si on te pose la question, Derfel, je t’ai
simplement accablé de reproches. Je t’ai maudit, ou même frappé.
    — Je vous
pardonne les coups, Seigneur, fis-je en riant.
    — Tiens-toi
pour réprouvé, conclut-il, et le deuxième homme le plus heureux de la Bretagne. »
    Le plus
heureux du monde, pensai-je, car le désir de mon âme était exaucé.
    Ou il le
serait, les Dieux nous gardent, le jour où celui de Merlin le serait.
    Je regardai
les lanciers se retirer. L’ours d’Arthur apparut un court instant entre les
arbres, il agita la main, grimpa sur son cheval et disparut.
    De nouveau,
nous étions seuls.
     
    *
     
    Je n’étais
donc pas en Dumnonie pour voir le retour d’Arthur. J’aurais bien aimé,
pourtant, car il rentra en héros dans un pays qui avait fait peu de cas de ses
chances de survie et avait comploté de le remplacer par des créatures de
moindre envergure.
    Les vivres
furent rares cet automne, car le soudain embrasement de la guerre avait épuisé
la dernière récolte, mais il n’y eut point de famine, et les hommes d’Arthur
firent rentrer équitablement les impôts. Le progrès paraît mince, mais après
les dernières années cela suscita quelque émoi dans le pays. Seuls les riches
payaient des impôts au Trésor Royal. Certains les payaient en or, mais la
plupart le faisaient en grains, en cuir, en draps, en sel, en laine et en
poisson séché qu’ils avaient exigés de leurs tenanciers. Dans les toutes
dernières années, les riches n’avaient pas versé grand-chose au roi, et les
pauvres beaucoup donné aux riches, si bien que les lanciers commencèrent par
demander aux pauvres ce qu’ils avaient payé pour faire ensuite payer les
riches. Puis ils restituèrent un tiers de la collecte aux églises et aux
magistrats afin qu’ils distribuent des vivres pendant l’hiver. Cette seule
mesure fit comprendre à la Dumnonie qu’un nouveau pouvoir était né et, si les
riches grommelèrent, personne n’osa lever un mur de boucliers pour combattre Arthur.
Il était le seigneur de la guerre du royaume de Mordred, le vainqueur de Lugg
Vale, le massacreur des rois. Désormais, ses adversaires le craignaient.
    Mordred fut
confié à la garde de Culhwch, un cousin d’Arthur : guerrier honnête et
rustre, qui ne se souciait probablement guère du sort d’un petit enfant
difficile. Il était bien trop occupé à réprimer la révolte fomentée par Cadwy d’Isca,
dans l’ouest de la Dumnonie, et je me suis laissé dire que dans une campagne
éclair il porta ses lances dans les grandes landes, puis au sud sur la côte
sauvage. Il ravagea le cœur

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