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L'ennemi de Dieu

L'ennemi de Dieu

Titel: L'ennemi de Dieu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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approcher mon oreille de sa figure pour entendre l’infime raclement
de sa respiration laborieuse. Je posai la main sur son front et le trouvai
froid. Je l’embrassai sur la joue. « Vivez, Seigneur, Vivez », dis-je
dans un murmure.
    Nimue demanda
à l’un de mes hommes de planter une lance dans le sol. Il enfonça la pointe
dans la terre ferme, puis Nimue prit une demi-douzaine de manteaux qu’elle
accrocha à l’extrémité de la hampe pour en faire une sorte de tente en plaçant
des pierres sur les ourlets. Les cavaliers nous encerclaient, mais se tenaient
assez loin pour ne pas nous déranger, ni être dérangés par nous.
    Nimue tâtonna
sous ses peaux de loutre et en ressortit la coupe d’argent dans laquelle j’avais
bu sur le Dolforwyn ainsi qu’un petit flacon d’argile fermé à la cire. Elle se
glissa sous la tente et fit signe à Ceinwyn de la suivre.
    J’attendis en
observant le vent dessiner des rides noires sur le lac. Soudain, Ceinwyn hurla.
Elle poussa de nouveau un terrible hurlement. Je m’approchai de la tente quand
Issa me barra le chemin de sa lance. Galahad, qui en tant que chrétien n’était
pas censé croire à tout ceci, se tenait à côté d’Issa. « Nous sommes venus
jusqu’ici, fit-il d’un air résigné. Autant aller jusqu’au bout. »
    Ceinwyn hurla
une fois encore et, cette fois, Merlin lui fit écho en poussant un gémissement
faible et pathétique. Je m’agenouillai à côté de lui et passai la main sur son
front, tâchant de ne pas penser aux horreurs que rêvait Ceinwyn dans la tente
noire.
    « Seigneur ? »
appela Issa.
    Me retournant,
je vis qu’il portait ses regards vers le sud, où un nouveau groupe de cavaliers
avait rejoint le cercle des Bloodshields. La plupart des nouveaux venus étaient
montés sur des poneys, mais l’un des hommes trônait sur un immense cheval noir.
Et cet homme, je le savais, ce devait être Diwrnach. Son étendard flottait
derrière lui : une hampe pourvue d’une traverse à laquelle étaient
accrochés deux crânes et une poignée de rubans noirs. Le roi était tout de noir
vêtu et son cheval noir était couvert d’un tapis de selle noir. Il tenait à la
main une grande lance noire qu’il leva en l’air à la verticale avant d’approcher
lentement. Il vint seul. Quand il fut à cinquante pas de nous, il détacha son
bouclier rond et le retourna ostensiblement pour bien montrer qu’il ne voulait
pas la bagarre.
    J’allai à sa
rencontre. Derrière moi, Ceinwyn hoquetait et geignait sous la tente autour de
laquelle mes hommes formaient un cercle de protection.
    Le roi portait
une armure de cuir noir sous son manteau mais n’avait pas de casque. Son
bouclier avait l’air couvert d’écailles et j’imaginai que ce devaient être les
couches de sang séché, de même que le cuir qui le recouvrait était sans doute
la peau d’une jeune esclave écorchée. Son sinistre bouclier noir était suspendu
à côté de son long fourreau noir. Il arrêta son cheval et posa à terre le talon
de sa grande lance.
    « Je suis
Diwrnach.
    — Je suis
Derfel, Seigneur Roi, fis-je en m’inclinant.
    — Bienvenue
à Ynys Mon, Seigneur Derfel Cadarn », fit-il en souriant. Sans doute
voulait-il me surprendre en montrant qu’il savait mon nom et mon titre, mais il
m’étonna davantage par ses airs de brave homme. Je m’étais attendu à une goule
au nez crochu, à une créature de cauchemar, mais Diwrnach était un homme d’âge
mur, avec un grand front, une grosse bouche et une petite barbe noire qui
accentuait sa puissante mâchoire. Il n’y avait aucune trace de démence en lui,
même s’il avait en effet un œil rouge, ce qui était bien suffisant pour lui
donner un air effrayant. Il appuya sa lance sur le flanc de son cheval et
sortit d’une poche une galette d’avoine. « Tu as l’air affamé, Seigneur
Derfel.
    — L’hiver
est la saison de la faim, Seigneur Roi.
    — Mais tu
ne refuseras certainement pas mon cadeau ? » Il coupa la galette en
deux et m’en lança une moitié. « Mange. »
    Je pris la
galette, puis hésitai. « J’ai fait le serment de ne rien manger, Seigneur
Roi, avant d’avoir accompli ma mission.
    — Ta
mission ! répondit-il d’un ton railleur, avant d’avaler lentement sa
moitié de galette. Elle n’était pas empoisonnée, Seigneur Derfel, dit-il quand
il eut fini.
    — Pourquoi
le serait-elle, Seigneur Roi ?
    — Parce
que je suis Diwrnach et que je trucide mes ennemis

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