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L'ennemi de Dieu

L'ennemi de Dieu

Titel: L'ennemi de Dieu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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qu’ils
pointaient leur nez. Quelques-uns essayèrent de grimper jusqu’à nous. Un
hurlement s’élevait à chaque fois que nos lames leur entaillaient le visage.
Ils lancèrent une pluie de javelines, mais nous tenions nos boucliers au-dessus
de nos têtes, et les armes se brisèrent sans nous atteindre. Je postai six
hommes dans le creux central. De leurs boucliers, ils firent un rempart pour
protéger Merlin, Nimue et Ceinwyn tandis que d’autres lanciers gardaient le
bord extérieur du sommet. Abandonnant leurs poneys, les Bloodshields tentèrent
une nouvelle attaque. L’espace de quelques instants, nous fûmes tous occupés à
donner des coups de poignard et de lance. Au cours de cette brève échauffourée,
l’un de mes hommes eut le bras entaillé par une lance. Mais nous n’avions à
déplorer aucun autre blessé, tandis que les cavaliers noirs se retiraient au
pied du tertre avec quatre morts et six blessés. « Autant pour les
boucliers en peau de vierges », dis-je à mes hommes.
    Nous nous
attendions à une nouvelle attaque. Mais rien ne vint. Diwrnach s’aventura seul
avec son cheval sur la pente. « Seigneur Derfel ? » lança-t-il
de sa voix trompeusement agréable. Quand il aperçut mon visage entre deux
rochers, il m’adressa un sourire placide. « Mon prix a augmenté, fit le
roi. Maintenant, en échange de ta mort rapide, j’exige la princesse Ceinwyn et
le Chaudron. C’est le Chaudron que vous êtes venus chercher, n’est-ce pas ?
    — Le
Chaudron de toute la Bretagne, Seigneur Roi.
    — Ah !
Et vous croyez que j’en serais un gardien indigne ? demanda-t-il en
hochant tristement la tête. Seigneur Derfel, tu as l’insulte trop facile. De
quoi s’agissait-il ? Ma tête dans une fosse pleine de la merde d’esclave ?
Quel manque d’imagination. La mienne, je le crains, paraît parfois excessive,
même à mes yeux. » Il s’arrêta et scruta le ciel comme pour s’assurer de l’heure.
« J’ai assez peu de guerriers, Seigneur Derfel, reprit-il de sa voix
raisonnable, et je ne tiens pas à en perdre davantage sous vos lances. Mais tôt
ou tard il vous faudra quitter ces rochers, et je vous attendrai. Et, d’ici là,
je laisserai mon imagination se hisser à de nouvelles hauteurs. Salue la
princesse Ceinwyn pour moi et dis-lui que je suis impatient de la connaître de
plus près. » Il leva sa lance en une parodie de salut et s’en alla
rejoindre le cercle des cavaliers noirs maintenant refermé autour du tertre.
    Je me laissai
glisser dans la cuvette au centre du tertre. Et je dus me rendre à l’évidence.
Quoique nous découvrions ici, c’était trop tard pour Merlin. La mort se lisait
sur son visage. Sa mâchoire pendait, ses yeux étaient aussi vides que l’espace
entre les mondes. Il claqua des dents une fois pour montrer qu’il vivait
encore, mais cette vie ne tenait plus qu’à un fil maintenant, et il s’effilochait
à vue d’œil. Nimue avait pris le couteau de Ceinwyn et continuait à gratter la
caillasse, tandis que Ceinwyn, visiblement épuisée, s’était affalée contre le
rocher et la regardait creuser. La transe était passée. Je l’aidai à se
débarbouiller les mains et retrouvai sa pelisse pour l’emmailloter.
    Elle enfila
ses gants. « J’ai eu un rêve, me dit-elle en chuchotant, et j’ai vu la
fin.
    — Notre
fin ? » demandai-je, alarmé.
    Elle secoua la
tête. « La fin d’Ynys Mon. Il y avait des rangées de soldats romains,
Derfel, avec leurs jupes, leurs plastrons et leurs casques de bronze. De
grandes files de soldats qui traquaient l’ennemi, le bras ensanglanté jusqu’à l’épaule,
parce qu’ils n’en finissaient pas de tuer. Ils traversèrent la forêt à seule
fin de tuer. Les bras se levaient et s’abaissaient, les femmes et les enfants s’enfuyaient,
mais ils n’avaient nulle part où aller. Les soldats se replièrent sur eux et
les taillèrent en pièces. Des petits enfants, Derfel !
    — Et les
druides ?
    — Tous
morts. Tous les trois, et ils ont porté le Chaudron ici. Ils avaient déjà
préparé une fosse, tu comprends, avant même que les Romains ne traversent la
mer, et ils l’ont enterré ici, puis ils l’ont recouvert de pierres du lac et,
de leurs mains nues, ont répandu des cendres sur les cailloux afin de faire
croire aux Romains que rien ne pouvait être enterré ici. Puis ils se sont enfoncés
dans les bois en chantant, allant au-devant d’une mort certaine. »
    Nimue

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