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L'ennemi de Dieu

L'ennemi de Dieu

Titel: L'ennemi de Dieu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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lune au-dessus de
la mer. C’était une lune chargée de mauvais présages, une grande balle d’argent
gonflée embrumée par le chatoiement d’un lointain nuage au-dessus d’un océan
grouillant de vagues noir et argent. Les étoiles n’avaient jamais paru aussi
lumineuses. La grande forme du chariot de Bel brillait au-dessus de nous,
pourchassant éternellement la constellation que nous appelions la truite. Les
Dieux vivaient parmi les étoiles et je leur adressai une prière dans l’air
glacé, espérant qu’elle parviendrait à ces feux qui brillaient au loin.
    Certains d’entre
nous somnolèrent, mais c’était du sommeil léger d’hommes fatigués, transis de
froid et effrayés. Encerclant le tertre de leurs lances, nos ennemis avaient
allumé des feux. Des poneys apportèrent du bois aux Bloodshields, et de grandes
flammes s’élevèrent dans la nuit, crachant leurs étincelles dans le ciel
dégagé.
    Rien ne
bougeait dans la fosse au Chaudron où reposait le corps emmailloté de Merlin à
l’ombre du grand rocher où nous montions la garde à tour de rôle pour observer
les silhouettes des cavaliers auprès des feux. De temps à autre, une longue lance
traversait la nuit, sa tête scintillait au clair de lune, puis l’arme venait se
briser sur les rochers sans dommage.
    « Maintenant,
que vas-tu faire du Chaudron ? demandai-je à Nimue.
    — Rien
jusqu’à Samain », fit-elle d’une voix faible. Elle était recroquevillée
près du monceau de rebuts qui avaient été jetés dans le creux du sommet, ses
pieds reposant dans les gravats que nous avions mis tant d’acharnement à
extraire de la fosse. « Tout doit être en règle, Derfel. La lune doit être
pleine, le temps propice et les treize Trésors de la Bretagne réunis.
    — Parle-moi
des Trésors », demanda Galahad de l’autre extrémité de la cuvette.
    Nimue cracha. « Ainsi,
tu veux nous narguer, chrétien ? » le défia Nimue.
    Galahad
sourit. « Il y a des milliers de gens, Nimue, qui se moquent de vous. Ils
disent que les Dieux sont morts et que nous devrions placer notre foi dans les
hommes. Que nous devrions suivre Arthur. Et ils croient que toute votre quête
de chaudrons, de manteaux, de couteaux et de cornes n’est que sottise morte
avec Ynys Mon. Combien de rois de Bretagne vous dépêcheraient des hommes dans
cette quête ? » Il remua, tâchant de trouver une position plus
confortable dans cette nuit glaciale. « Aucun, Nimue, aucun, parce qu’ils
se moquent de vous. Il est beaucoup trop tard, assurent-ils. Les Romains ont
tout changé et des hommes sensés disent que votre Chaudron est aussi mort qu’Ynys
Trebes. Les chrétiens prétendent que vous faites l’œuvre du démon, mais ce
chrétien-ci, chère Nimue, a porté son épée jusqu’ici et rien que pour cela,
chère Dame, tu me dois au moins quelque civilité. »
    Nimue n’avait
pas l’habitude de se faire réprimander, sauf peut-être par Merlin, et elle se
raidit en entendant les légers reproches de Galahad, puis elle finit par se
radoucir. Elle tira la peau d’ours de Merlin sur ses épaules et se pencha en
avant :
    « Les
Trésors nous ont été laissés par les Dieux. C’était il y a bien longtemps,
quand la Bretagne était seule au monde. Il n’y avait point d’autres terres.
Juste la Bretagne et un vaste océan recouvert d’une grande brume. Il y avait
alors douze tribus de Bretons, douze rois, douze salles de banquet et juste
douze dieux. Ces dieux marchaient sur terre, comme nous faisons, et l’un d’eux,
Bel, a même épousé une humaine ; notre Dame que voici, fit-elle en
indiquant Ceinwyn, qui écoutait aussi avidement que les lanciers, descend de ce
mariage. »
    Elle s’arrêta
en entendant un grand cri depuis le cercle de feux. Mais le cri ne présageait
aucune menace et le silence se fit à nouveau.
    « Mais d’autres
dieux jaloux des douze qui gouvernaient la Bretagne sont venus des étoiles et
ont essayé de prendre la Bretagne aux douze dieux. Les douze tribus ont
souffert des batailles. D’un coup de lance, un dieu pouvait occire une centaine
d’hommes, et aucun bouclier humain ne pouvait arrêter l’épée d’un dieu. Alors,
comme ils aimaient la Bretagne, les douze dieux ont donné aux douze tribus
douze Trésors. Chacun de ces Trésors devait être gardé dans une salle royale,
et la présence du Trésor empêcherait les lances des Dieux de tomber sur la
salle ou sur aucun de ses habitants. Ce

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