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L'ennemi de Dieu

L'ennemi de Dieu

Titel: L'ennemi de Dieu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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n’étaient pas de grandes choses. Si les
douze dieux nous avaient donné des objets magnifiques, les autres dieux les
auraient vus, en auraient deviné la fin et nous les auraient subtilisés pour se
protéger. Ainsi, les douze présents étaient tout ce qu’il y a de plus ordinaire :
une épée, une corbeille, une corne, un chariot, un licol, un couteau, une
pierre à aiguiser, une casaque, un manteau, un plat, une planche de lancer et
un anneau de guerrier. Douze objets ordinaires, et tous les dieux nous prièrent
de chérir les douze Trésors, de les mettre en lieu sûr et de les honorer, et en
retour, outre la protection des Trésors, chaque tribu pourrait se servir de son
présent pour appeler son dieu. Elles n’étaient autorisées qu’à un appel par an,
un seul, mais cela donnait aux tribus quelque pouvoir dans la terrible guerre
des Dieux. »
    Elle s’arrêta
le temps de resserrer les fourrures autour de ses frêles épaules. « Les
tribus avaient donc leurs Trésors, mais Bel aimait tant sa fille terrestre qu’il
lui donna un treizième Trésor. Il lui donna le Chaudron et lui dit que, dès qu’elle
commencerait à vieillir, elle n’avait qu’à remplir le Chaudron d’eau et s’y
plonger pour retrouver sa jeunesse. Ainsi, dans toute sa beauté, elle pourrait
marcher à jamais aux côtés de Bel. Et le Chaudron, comme vous l’avez vu, est
splendide ; il est d’or et d’argent, magnifique au-delà de tout ce que les
hommes ont jamais su faire. Les autres tribus l’ont vu et en ont été jalouses.
C’est ainsi que les guerres de Bretagne ont commencé. Les Dieux ont guerroyé
dans les airs, et les douze tribus sur la terre. L’un après l’autre, les
Trésors ont été capturés ou martelés pour les lanciers, et dans leur colère les
Dieux ont retiré leur protection. Le Chaudron a été volé, la maîtresse de Bel a
vieilli et s’est éteinte, et Bel nous a jeté une malédiction. Cette
malédiction, ce fut l’existence d’autres terres et d’autres peuples. Mais Bel
nous a promis que si, à Samain, nous réunissions de nouveau les douze Trésors
des douze tribus et accomplissions les rites requis, si nous remplissions le
treizième Trésor de l’eau qu’aucun homme ne boit mais sans laquelle il ne
saurait vivre, les douze dieux viendraient bientôt à notre secours. » Elle
s’arrêta, haussa les épaules et regarda Galahad. « Voilà, chrétien, voilà
pourquoi ton épée est venue. »
    Il y eut alors
un long silence. Le clair de lune glissait le long des rochers, s’approchant
toujours plus près de la fosse où gisait Merlin sous la mince protection d’un
manteau.
    « Et vous
avez les douze Trésors ? demanda Ceinwyn.
    — La
plupart, fit Nimue d’une manière évasive. Mais même sans les douze, le Chaudron
a un immense pouvoir. Un pouvoir considérable. Plus de pouvoir que tous les
autres Trésors réunis. » Par-delà la fosse, elle lança un regard agressif
en direction de Galahad. « Et toi, chrétien, que feras-tu lorsque tu
verras ce pouvoir ? »
    Galahad
sourit. « Je te rappellerai que j’ai porté mon épée dans ta quête, fit-il
à voix basse.
    — Nous l’avons
tous fait. Nous sommes les guerriers du Chaudron », dit Issa, faisant
montre d’une sensibilité poétique que je ne lui avais pas soupçonnée et qui fit
sourire les autres lanciers. Leurs barbes étaient blanchies par le gel, leurs
mains emmitouflées dans des linges et des fourrures, leurs yeux caves, mais ils
avaient trouvé le Chaudron, et cet exploit les remplissait tous d’orgueil, même
si, aux premières lueurs de l’aube, ils devraient affronter les Bloodshields en
sachant que nous étions tous condamnés.
    Ceinwyn se
serra contre moi, partageant mon manteau de loup. Elle attendit que Nimue fût
endormie puis elle leva son visage vers le mien. « Merlin est mort,
fit-elle d’une petite voix triste.
    — Je
sais, fis-je, car il n’y avait pas eu le moindre bruit ni le moindre mouvement
dans la fosse.
    — J’ai
touché son visage et ses mains, et ils étaient froids comme la glace,
murmura-t-elle. J’ai approché la lame de mon couteau de sa bouche, et il n’y
avait point de buée. Il est mort. »
    Je ne dis
rien. J’aimais Merlin qui avait été pour moi un vrai père, et je n’arrivais pas
à croire qu’il était mort à l’heure même de son triomphe, mais je ne trouvais
non plus l’espoir de voir son âme revivre. « Nous devrions l’enterrer ici,
fit

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