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L'ennemi de Dieu

L'ennemi de Dieu

Titel: L'ennemi de Dieu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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à affiler,
des épées à aiguiser et des boucliers à repeindre, à revernir et à renforcer.
Nous étions de nouveau en guerre.
     
    *
     
    Nous partîmes
deux jours avant Cuneglas, qui attendait l’arrivée de ses chefs de l’ouest avec
leurs rudes guerriers des forteresses de montagne. Il me dit avoir promis à
Arthur que les hommes du Powys seraient à Corinium avant une semaine, puis il m’embrassa
et me jura sur sa vie que Ceinwyn était en sécurité. Elle retournerait à Caer
Sws, où un petit détachement protégerait la famille de Cuneglas pendant qu’il
serait à la guerre. C’est à contrecœur que Ceinwyn avait quitté Cwm Isaf pour rejoindre
la salle des femmes où Helledd et ses tantes faisaient la loi, mais je n’avais
pas oublié l’histoire que nous avait rapportée Merlin : ce chien que l’on avait
tué avant d’envelopper de sa dépouille une chienne estropiée dans le temple d’Isis.
Je suppliai donc Ceinwyn de se mettre en lieu sûr pour moi, et elle finit par
se laisser fléchir.
    J’ajoutai six
de mes hommes à la garde du palais de Cuneglas. Quant aux autres, les Guerriers
du Chaudron, ils marchèrent tous dans le sud avec moi. Nous avions tous sur nos
boucliers l’étoile à cinq branches de Ceinwyn et nous portions chacun deux
lances, nos épées et, sanglés sur le dos, d’énormes balluchons de pain cuit et
recuit, de viande salée, de fromage dur et de poisson séché. C’était bon de
marcher à nouveau, quand bien même notre route passait par Lugg Vale où des
sangliers avaient déterré les morts si bien que les champs de la vallée ressemblaient
à un ossuaire. Je craignais que la vue des ossements ne rappelât aux hommes de
Cuneglas leur défaite et j’insistai donc pour que nous passions une
demi-journée pour enterrer de nouveau les cadavres auxquels on avait tranché un
pied avant de les ensevelir une première fois. N’ayant pu brûler tous les cadavres
comme nous l’aurions voulu, nous avions donc enterré la plupart de nos morts,
en prenant soin de leur couper un pied pour empêcher l’âme de marcher. Après
une demi-journée de labeur, c’est comme si nous n’avions rien fait : le
carnage restait tout aussi visible. Je m’interrompis pour rendre visite au sanctuaire
romain où mon épée avait tué le druide Tanaburs et où Nimue avait éteint l’âme
de Gundleus. Là, entre des monceaux de crânes couverts de toiles d’araignées,
je m’allongeai sur le sol encore souillé de leur sang et priai de rentrer sain
et sauf auprès de ma Ceinwyn.
    Nous passâmes
la nuit suivante à Magnis : une ville qui était à mille lieues des
chaudrons enveloppés de brouillard et des légendes nocturnes des Trésors de
Bretagne. Nous étions au royaume du Gwent, en territoire chrétien, et chacun s’affairait
ici à sa triste besogne. Les forgerons martelaient des points de lance, les
tanneurs faisaient des protections de boucliers, des fourreaux, des ceintures
et des bottes, tandis que les femmes de la ville cuisaient des miches de pain
dur peu épaisses qui permettraient aux troupes de tenir jusqu’à la fin de la
campagne. Les hommes de Tewdric portaient leurs uniformes romains :
plastrons de bronze, jupes de cuir et manteaux longs. Une centaine avaient déjà
pris la route de Corinium ; deux cents autres suivraient, mais pas sous le
commandement de leur roi, car Tewdric était malade. Son fils Meurig, l’Edling du
Gwent, serait leur chef en titre, mais en vérité c’est Agricola qui les commanderait.
Agricola était un vieil homme maintenant, mais son dos raide et son bras
couvert de cicatrices pouvaient encore manier une épée. On le disait plus
romain que les Romains et il m’avait toujours un peu effrayé avec son air
sévère, mais en cette journée printanière il m’accueillit à la sortie de Magnis
comme un égal. Il pointa sa tête aux cheveux gris coupés court sous le linteau
de sa tente puis se redressa dans son uniforme romain pour se diriger vers moi.
À mon grand étonnement, il m’accueillit les bras tendus.
    Il passa en
revue mes trente-quatre lanciers. Ils avaient l’air dépenaillés et négligés en
comparaison de ses hommes rasés de près, mais il approuva leurs armes et plus
encore la quantité de provisions qu’ils avaient emportées. « J’ai passé
des années à enseigner, grommela-t-il, qu’il ne sert à rien d’envoyer un
lancier au combat sans un plein sac de vivres, mais que fait Lancelot de
Silurie ? Il

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