Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
L'ennemi de Dieu

L'ennemi de Dieu

Titel: L'ennemi de Dieu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
Vom Netzwerk:
d’Arthur qui ne put se retenir de s’associer à la provocation, tu
es l’ennemi de notre roi. »
    Je considérai
les jumeaux : des blancs-becs mal dégourdis, qui péchaient par excès d’orgueil
et manque de sagesse. Tous deux avaient le long visage osseux de leur père,
mais en l’occurrence voilé d’un masque de susceptibilité et de rancœur.
    « En quoi
suis-je l’ennemi de ton roi, Loholt ? » lui demandai-je.
    Il ne sut que
dire et aucun des autres ne répondit à sa place. Dinas et Lavaine étaient trop
avisés pour déclencher la bagarre ici, même en sachant tous les lanciers de
Lancelot à proximité. Car Culhwch et Galahad étaient à mes côtés, et mes
partisans se comptaient par vingtaines de l’autre côté de la rivière, à
quelques pas à peine. Loholt rougit, mais ne dit mot.
    Je frappai son
épée avec Hywelbane, puis me rapprochai de lui.
    « Laisse-moi
te donner un conseil, Loholt, commençai-je à voix basse. Mets plus de soin à
choisir tes ennemis que tu n’en mets à choisir tes amis. Je n’ai rien contre
toi, et je ne veux pas de querelle avec toi, mais si tu me cherches, sache que
mon affection pour ton père et mon amitié avec ta mère ne me retiendront pas de
plonger Hywelbane dans tes entrailles et d’ensevelir ton âme sous un tas de
fumier. » Je rengainai mon épée. « File, maintenant. »
    Il me regarda
en papillotant des yeux, sans avoir assez de cran pour se battre. Il alla
chercher son cheval, et Amhar le suivit. Dinas et Lavaine riaient. Et Dinas m’adressa
même un signe de tête :
    « Une
victoire !
    — Nous
sommes en déroute, mais pouvait-on espérer autre chose face à un Guerrier du
Chaudron ? lança Divaine en prononçant ce titre d’un ton moqueur.
    — Et d’un
tueur de druides, ajoutai-je sans la moindre trace de raillerie.
    — Notre
grand-père Tanaburs », dit Lavaine, et je me souvins que Galahad m’avait
prévenu sur la Route de Ténèbre de l’inimitié de ces deux druides.
    « Il est
notoirement imprudent de trucider un druide, commenta Lavaine de sa voix rude.
    — Surtout
notre grand-père, ajouta Dinas, qui a été comme un père pour nous.
    — Lorsque
notre père est mort, précisa Lavaine.
    — Quand
nous étions jeunes.
    — D’une
affreuse maladie.
    — Il
était druide, lui aussi, reprit Dinas, et il nous a appris à jeter des sorts.
Nous savons faire nieller les blés.
    — Nous
savons faire gémir les femmes.
    — Et
aigrir le lait.
    — Quand
il est encore au sein », conclut Lavaine. Tournant brusquement les talons,
il se remit en selle avec une surprenante agilité.
    Son frère
monta à son tour sur son cheval et prit les rênes en main. « Mais nous
savons faire bien plus que tourner le lait », prévint Dinas, tout en me
regardant d’un air sinistre du haut de son cheval. Une fois de plus, il tendit
la main, la referma, la retourna et la rouvrit à nouveau : dans sa paume,
se trouvait une étoile en parchemin à cinq pointes. Il sourit puis déchira le
parchemin en petits morceaux qu’il éparpilla sur l’herbe. « Nous savons
faire disparaître les étoiles », lança-t-il en guise d’adieu, puis il
éperonna sa monture.
    Ils s’éloignèrent
au galop. Je crachai. Culhwch récupéra ma lance et me la tendit.
    « Qui
diable sont-ils ? demanda-t-il.
    — Les
petits-fils de Tanaburs  – je crachai une seconde fois pour conjurer le
mal  –, les petits-fils d’un mauvais druide.
    — Et ils
peuvent faire disparaître les étoiles ?
    — Une
étoile. »
    Il avait l’air
dubitatif. Je regardai les deux cavaliers. Ceinwyn, je le savais, était en lieu
sûr dans la salle de son frère. Mais je savais aussi qu’il me faudrait tuer les
jumeaux siluriens si je voulais assurer sa sécurité. La malédiction de Tanaburs
était sur moi, et cette malédiction avait un nom : Dinas et Lavaine. Je crachai
une troisième fois et portai la main à la garde d’Hywelbane.
    « Nous
aurions dû tuer ton frère en Benoïc, grogna Culhwch à l’adresse de Galahad.
    — Dieu me
pardonne, fit Galahad, mais tu as raison. »
    Cuneglas
arriva deux jours plus tard. Ce soir-là se tint le Conseil de guerre et, après
le Conseil, sous la lune à son décours et à la lueur des torches, nous
consacrâmes nos lances à la guerre contre les Saxons. Nous autres, les
guerriers de Mithra, nous plongeâmes nos lames dans du sang de taureau, mais
nous n’eûmes pas de réunion pour élire de nouveaux

Weitere Kostenlose Bücher