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L'envol du faucon

L'envol du faucon

Titel: L'envol du faucon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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mystérieusement empoisonnés.
    Si seulement la Compagnie n'était pas venue fouiner maintenant ! Le moment qu'elle avait choisi était inquiétant. Le Curtana ne pouvait tout de même pas avoir repéré le Sancta Cruz ... Son cœur chavira à cette idée. Il s'en était fallu de peu. Le grand navire n'avait quitté les îles au large que ce matin à l'aube. Cela dépendrait beaucoup de l'itinéraire suivi par le Curtana la veille au soir.
    Il dirait à ces visiteurs importuns qu'il s'apprêtait à traverser le golfe pour apporter la compensation à Yale. Ils ne pouvaient avoir manqué de repérer le Résolution, chargé comme il l'était de ses affaires personnelles et de son trésor, prêt à appareiller au large, et ce serait son excuse. La frégate de la Compagnie, lui avaient dit ses espions, était puissamment armée. Il ne pouvait guère se permettre un affrontement désormais. Quelle maudite poisse !
    Quoi qu'il arrivât, il n'avait pas d'autre choix que de les recevoir. Il enverrait immédiatement Davenport dans une barque pour les accueillir à Mergui et s'enquérir de leur mission. Il lui dirait de les faire attendre afin de gagner du temps pour faire le ménage : certains documents devaient être détruits.
    A part cela, il s'avisa qu'il serait sage de s'occuper des fortifications de la ville, qu'il avait gravement négligées en utilisant pour autre chose les fonds du Trésor affectés à leur entretien. Les risques d'affrontement seraient diminués si la frégate de la Compagnie pouvait constater que la ville était bien défendue. Il donnerait l'ordre à ses hommes de se rendre sur-le-champ en ville pour annoncer que des emplois bien payés étaient immédiatement disponibles pour tous les hommes robustes. Le Shahbandar avait la réputation d'être généreux quand il était pressé, et les paysans ne manqueraient pas d'accourir en grand nombre. Il ordonnerait que l'on plantât de gros pieux dans l'embouchure du fleuve pour empêcher les navires d'y pénétrer et que l'on érigeât, à flanc de coteau, des palanques d'où sortiraient vingt bouches à feu. On nettoierait et huilerait la demi-douzaine de canons qui se trouvaient déjà au sommet de la colline et l'on en dorerait les tubes à la feuille pour s'assurer qu'ils étincellent au soleil. Ils seraient très visibles de la mer. On leur adjoindrait rapidement une rangée de faux canons en bois, également dorés à la feuille, qui ceindraient le sommet de la colline afin de donner l'impression d'une artillerie beaucoup plus puissante qu'en réalité. La ville ne paraîtrait peut-être pas imprenable à un œil clairvoyant mais offrirait un spectacle capable de décourager un seul navire de guerre, si puissamment armé fût-il.
    Il était essentiel que Davenport empêchât tout groupe de mettre pied à terre avant qu'il ne fût prêt à le recevoir et en mesure d'identifier ses intentions. Il sonna.
    A trente-sept milles en amont du Tenasserim, dans le comptoir ancien qui portait le nom du fleuve, le maigre et nerveux Selim Yussuf ruminait, les jambes en tailleur et le dos courbé, dans sa salle de réception. Cela faisait quelques semaines qu'il avait reçu le premier appel à l'action de ses frères musulmans qui siégeaient au conseil secret à Ayuthia, mais il n'avait pas réussi jusqu'ici à pousser ses collègues à prendre une initiative quelconque : ils avaient bien trop peur du puissant et impitoyable Shahbandar. Cette fois-ci, ils devraient l'écouter.
    Les yeux noirs de Selim brillaient d'un feu contenu. Il lissa la pointe de son abondante barbe noire, ce qui était un signe certain d'agitation, et considéra son ennemi. Le Shahbandar était un homme dangereux. Il avait des espions partout, des espions prêts à vendre leur âme au diable vu les récompenses qu'il leur versait. Mais lui, Selim, avait aussi ses espions, et ce qu'ils venaient de lui rapporter était fort intéressant. Il en parlerait bientôt au conseil des Cinq. Il avait fixé la rencontre par l'intermédiaire de son frère Hassan qui siégeait au conseil. Bien sûr, seuls trois de ses membres avaient été invités. Les deux autres étaient le Shahbandar et le gouverneur farang. Ils n'avaient pas leur place dans la réunion d'aujourd'hui.
    Selim fixa du regard, sur le mur opposé, les peintures encadrées représentant Chiraz au clair de lune et la place du marché à Ispahan. Ses pensées se tournèrent vers ses ancêtres qui avaient été exécutés. Etaient-ils tous

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