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L'envol du faucon

L'envol du faucon

Titel: L'envol du faucon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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il était temps de partir pour Mergui. Le plus fort de la famine était passé et il avait réglé une foule de problèmes qui le tracassaient. Il avait ordonné à tous les esclaves employés par la Compagnie de faire inscrire leur nom et de consigner leurs antécédents dans un livret officiel sans lequel ils se verraient désormais interdire de travailler. Il mettrait bientôt fin à la pratique honteuse qui consistait à voler des enfants à leurs parents pour les vendre comme esclaves au fort. Au risque de susciter l'ire de ces pingres de directeurs à Londres, il avait préparé des cadeaux de Nouvel An pour tous les potentats et tous les marchands qui commerçaient avec le fort. Il avait récompensé les officiers, tout comme les esclaves, de leurs bons et loyaux ser-vices envers la couronne, et avait laissé les indigènes satisfaits de savoir qu'il respectait et continuerait à respecter leurs coutumes.
    Enfin, et là était le plus important, il avait montré l'impartialité de la justice britannique. Quand Fraser, un Ecossais irascible, avait tranché l'oreille d'un garçon indigène, il l'avait fait arrêter en dépit de ses liens de famille avec sir Joshua Childe. Et lorsque six marins anglais du Royal James s'étaient absentés sans permission pour piller des villages le long de la côte, il les avait fait juger et condamner. L'un d'entre eux avait été pendu à une vergue et un autre au gibet le jour suivant. Le lendemain, un troisième avait été abattu par un peloton d'exécution à la porte du fort. Les trois marins restants, des subalternes qui avaient allégué qu'ils n'avaient fait que suivre des ordres, avaient été punis devant une foule immense qui s'était rassemblée à la porte de la Mer. Des centaines d'indigènes étaient accourus des alentours pour voir la lettre P, comme « pirate », marquée au fer rouge sur le front des accusés qui s'étaient vu ensuite renvoyer ignominieusement. La justice britannique, dont les indigènes avaient vu l'inoubliable spectacle, était apparue à la fois ferme et miséricordieuse. Les indigènes sauraient qu'ils pouvaient se tourner vers la Compagnie et que leur cause serait entendue.
    Il y eut un coup à la porte. On annonça le capitaine Perriman. C'était un grand marin bien charpenté dont le corps était couvert de tatouages si nombreux que même son uniforme de marin n'arrivait pas à les cacher.
    « Ah ! capitaine. Tout est en ordre ?
    — Oui, Votre Excellence. Les deux bateaux sont prêts à lever l'ancre. Les hommes aussi.
    — Bien. Nous partons pour Mergui dans la matinée.
    — Oui, mon commandant », répondit le marin avec un plaisir évident. Ce serait une bonne occasion de récompense et de promotion.
    Ce fut au milieu de l'après-midi que la barque officielle du Shahbandar, ayant à son bord Davenport, arriva en vue de l'élégante frégate. Elle était encore à une certaine distance. En plissant les yeux, le secrétaire remarqua une chaloupe qui se dirigeait vers lui. Elle devait avoir quitté le bateau avant que sa propre barque ne fût en vue, et elle se rendait probablement à terre.
    Les deux embarcations convergeaient lentement l'une vers l'autre : quatre rameurs actionnaient la chaloupe et six hommes tiraient sur les rames de la barque du Shahbandar. A l'arrière de la chaloupe, dans la posture très raide propre aux officiers, était assis un homme qui regardait fixement dans la direction de Davenport.
    Ce dernier ôta son chapeau usagé qui révéla une tignasse hirsute.
    « Je vous apporte les salutations du seigneur White, maître du port de Mergui. Il vous présente ses compliments et demande en quoi il peut vous être utile.
    — Je me rends auprès du seigneur White », déclara l'officier d'un ton autoritaire et guindé. Davenport vit qu'il portait un uniforme de lieutenant. Ses boutons de laiton étincelaient, et Davenport fut frappé par la sévérité de son allure générale. « Je suis le lieutenant Mason. Et vous êtes... monsieur ?
    — Francis Davenport, secrétaire du seigneur White. Je crois, lieutenant, que nous ferions mieux de retourner voir votre capitaine. » Davenport regardait Mason d'un air résolu. Les ordres de White étaient très clairs. Il devait s'assurer des intentions du bateau. Si elles étaient amicales, il devait inviter le capitaine à terre ; si elles ne l'étaient pas, il devait revenir à la hâte rendre compte de la situation. Mais, ces instructions mises à part, Davenport

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