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L'envol du faucon

L'envol du faucon

Titel: L'envol du faucon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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était de revenir au bateau au plus vite. Je soupçonne quelque chose de louche.
    — Et que devrions-nous faire, à votre avis ? » poursuivit Cébéret.
    Desfarges fit un effort pour se tenir droit sur sa chaise. « Nous sommes venus ici avec un mandat de notre grand souverain — puisse-t-il régner longtemps ! — pour imposer certaines conditions, n'est ce pas ? Si ces conditions ne sont pas satisfaites, s nous rencontrons une résistance, je suis d'avis qu< nous devrions faire en sorte qu'elles soient respectées.
    — Très juste, mon général, approuva de bon cœur La Loubère.
    — Mais les Siamois n'ont pas encore résisté, fit remarquer Cébéret. Ils se sont contentés de ne pas donner signe de vie.
    — Eh bien ! Je trouve intolérable, dit Desfarges, la voix cassée, qu'après sept mois passés en mer et la mort par le scorbut de cent cinquante de mes hommes, on nous laisse ici à portée de voix du rivage sans qu'aucun Siamois ne vienne nous accueillir. Je ne peux qu'en conclure qu'ils se préparent à quelque trahison.
    — Mais, mon général, votre armée est-elle en état d'y faire face ? » demanda Cébéret en le regardant droit dans les yeux.
    Desfarges baissa un instant le regard. « Mes hommes ne sont peut-être pas au meilleur de leur forme, mais je suis sûr qu'il n'y aurait rien de tel qu'une petite escarmouche pour les remettre sur pied.
    — Même si nous ne bénéficions plus de l'effet de surprise ? continua Cébéret.
    — Ah ! Mais nous avons toujours nos canons et les soldats français, leur cœur de lion ! Chaque homme sait qu'il doit exécuter les ordres du roi Louis. » Il fit une pause et plissa le front pour se concentrer. « Nous pourrions peut-être envoyer un autre émissaire à terre pour exiger qu'on nous remette les ports de Bangkok et de Mergui. Si notre demande est repoussée, nous pourrons fixer aux Siamois un ultimatum, et si cet ultimatum n'était pas respecté, nous pourrions ouvrir les hostilités. D'ici à ce que toutes ces possibilités aient été épuisées, mes hommes auront eu au moins quelques jours pour récupérer.
    — Mais si les Siamois nous refusent la permission de débarquer et que nos bateaux ne parviennent pas à traverser la barre ? insista Cébéret.
    — Il n'est pas encore prouvé qu'il en soit ainsi », lança La Loubère.
    Desfarges réfléchit un instant.
    « Si nous ne pouvons pas passer la barre, dit-il, nous serons dans une situation critique, messieurs. Nos vivres se font rares et, à la vérité, mes hommes s'impatientent de devoir rester à bord. Il nous faudrait tenter de débarquer dans des canots, ce qui nous exposerait à de grands risques. Nos troupes se trouveraient en butte à toutes sortes de tracasseries en terrain mal connu, et nous ne connaissons pas encore les effectifs des forces ennemies.
    — De sorte que la seule ligne de conduite raisonnable à adopter pour le moment serait d'essayer de passer la barre ? suggéra La Loubère.
    — Il semblerait, monsieur, qu'il n'y ait guère d'autre choix si tout le reste échoue. Nous ne pouvons tout de même pas laisser les Siamois nous affamer sur nos bateaux. »
    Entendant des pas descendre précipitamment l'escalier des cabines, les trois hommes tournèrent leur regard vers la porte. C'était un escalier privé qui ne conduisait qu'à la cabine principale. On frappa à coups redoublés à la porte.
    « Entrez ! cria La Loubère.
    — Pardonnez-moi de vous déranger, dit un jeune officier, mais le révérend père est revenu. Son bateau est en train d'accoster. »
    Les trois hommes se levèrent et gagnèrent rapidement la porte.
    5
    En approchant de la porte du palais, Sunida sourit au garde à l'élégante tunique rouge. Il lui fit signe de la main, toujours content de voir l'honorable deuxième épouse du grand Pra Klang. Elle jouissait d'une grande popularité auprès des gardes du palais. Non seulement elle était ravissante, mais elle avait des manières douces et ouvertes. Rien en elle de cette arrogance si répandue chez tant de mandarins : elle adressait toujours un radieux sourire de reconnaissance même au plus humble des serviteurs. Elle était la seule femme autorisée à sortir de l'enceinte du palais, car aucune des épouses du roi ne reverrait jamais le monde extérieur.
    Bientôt Sunida se mêlait joyeusement à la foule, marchant pieds nus comme les autres. Seuls les mandarins portaient, à la manière musulmane, des babouches à bout relevé comme la

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