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L'envol du faucon

L'envol du faucon

Titel: L'envol du faucon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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taille. Et si nous nous échouions ?
    — Au diable Duquesne ! Vaudricourt m'a dit que nous pourrions y arriver. Il lit le portugais et a étudié soigneusement leurs cartes.
    — Pourquoi ne pas envoyer plutôt un autre émissaire pour enquêter ? » suggéra Cébéret, très désireux de présenter tout autre plan susceptible de retarder un affrontement.
    La Loubère fronça le nez avec mépris. « Un autre émissaire ? Ils ne feront que le retarder, comme Tachard, si telle est leur tactique. Non, les cartes portugaises montrent clairement qu'à la saison de la mousson, les vaisseaux peuvent traverser la barre pour ensuite remonter jusqu'à Ayuthia. Nous prendrons L'Oiseau et Le Gaillard. Quelle démonstration de force nous pourrions faire avec nos canons pointés sur le cœur de leur capitale ! Nous n'aurions probablement même pas besoin de faire tirer un seul coup. » La Loubère surprit une expression de doute sur le visage de Cébéret. « Ne vous méprenez pas, Claude. Je ne cherche pas plus la guerre que vous. Au contraire, je crois que, maintenant que la vérité a éclaté au grand jour, la meilleure façon d'éviter un conflit consiste à parler en position de force. Les finesses diplomatiques seraient superflues à ce stade.
    — Kosa soupçonne peut-être l'objectif de notre mission, Simon, mais il n'en a pas de preuve tangible. Il n'est guère au courant du plan français dans le détail. Il ne peut qu'affirmer avoir vu un grand nombre d'hommes dont nous avons de toute façon expliqué la présence à bord. Ce sont des artisans, des dessinateurs, des ingénieurs, des médecins, des jésuites — tous des non-combattants — offerts en présents au roi de Siam.
    — Je crois que vous sous-estimez ce rusé petit ambassadeur, Claude. Il se débrouille en français, et je l'ai vu plusieurs fois s'adresser à nos officiers et même à certains matelots. Qui sait ce qu'ils ont pu laisser échapper ? Tous jusqu'au dernier savaient qu'il y avait des bataillons à bord.
    — Peut-être, concéda Cébéret. Mais je maintiens que nous ne pouvons pas en être sûrs. » Un instant, il eut l'air découragé. La Loubère avait bien entendu raison. L'ambassadeur siamois n'était pas un imbécile. Son séjour à Paris l'avait clairement démontré. La grande ambassade siamoise à la cour de Versailles, conduite par Kosa Pan à l'été 1686, avait rencontré un éclatant succès. Il avait beaucoup été question des splendides présents envoyés par le roi de Siam : les bébés éléphants jumeaux, le rhinocéros neutralisé par l'opium, les flasques et les coffres en or, les tapis chinois et indiens, les paravents japonais, les cornes d'animaux qui, réduites en poudre, fournissaient de puissants aphrodisiaques, sans parler des quinze mille pièces de porcelaine exquise. Tous les dignitaires de France avaient fait des pieds et des mains pour fêter les Siamois le plus somptueusement possible. Les histoires sur leur galanterie envers les dames françaises abondaient et, vu qu'ils n'étaient pas français, on les avait jugés remarquablement spirituels ! La noblesse avait été émoustillée par les anecdotes que racontait Kosa sur ses vingt-quatre femmes. Les Siamois s'étaient fait peindre leur portrait dans un des salons de Versailles, et leur entrée solennelle dans Paris s'était déroulée en un cortège de soixante carrosses à six chevaux, pas moins, qui transportaient la fine fleur de l'aristocratie. A Paris, ils étaient allés au théâtre, au bal, à l'opéra. Louis XIV en personne, revêtu de brocart, les avait reçus en audience solennelle dans le salon de la Paix, tandis que l'ambassadeur Kosa, prosterné pendant toute la cérémonie, lui avait présenté une lettre du roi Narai avant de sortir en rampant à reculons pour éviter de lui tourner le dos.
    Mais si cette splendide réception avait à l'époque impressionné Kosa, elle ne compterait plus guère désormais, songeait amèrement Cébéret.
    La Loubère se remit à tripoter le col de sa veste. « Je n'insinue pas que Kosa était au courant des ordres exacts de notre souverain, Claude. J'attire seulement l'attention sur le fait que, par principe, il mettra son souverain fortement en garde contre les conditions françaises. Et si les autorités siamoises doivent être prévenues, nous ferions aussi bien d'abattre nos cartes avant que l'ennemi ait eu le temps de se préparer complètement.
    — Le Siam n'est pas encore un ennemi. Ce n'est qu'une

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