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L'envol du faucon

L'envol du faucon

Titel: L'envol du faucon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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nation que nous essayons d'assujettir, dit Cébéret avec une ironie désabusée.
    — Une nation que nous essayons de civiliser en l'amenant à la vraie foi. Il y a une différence, corrigea La Loubère.
    — Très légère, si je puis me permettre. Et le résultat final revient au même. Il serait plus pratique et plus bénéfique pour les deux parties concernées de se contenter d'une série d'accords commerciaux. Surtout lorsque nous savons que les Siamois sont prêts à faire de précieuses concessions.
    — Voilà que de nouveau vous ignorez l'objectif principal de notre mission ! Nous sommes ici pour convertir le roi.
    — Mais ne voyez-vous pas que nous dépendons de Phaulkon pour cela ? S'il est de notre côté, pourquoi n'a-t-il pas encore relâché Tachard ?
    — Le roi est sans doute intervenu après avoir été averti de nos intentions par son ambassadeur. Sa décision aura prévalu contre celle de Phaulkon. » La Loubère renonça à lutter contre son col trempé de sueur et se débarrassa de sa veste.
    « Phaulkon est marchand de profession, Simon. Et les marchands sont en général pragmatiques. C'est pourquoi nous devrions plutôt nous concentrer sur nos exigences commerciales ; elles seront beaucoup plus faciles à obtenir que la conversion du roi. Le roi de Siam n'est pas susceptible d'embrasser une nouvelle foi dans le seul but d'éviter une guerre, mais il pourrait bien céder deux comptoirs à cet effet.
    — Bangkok et Mergui, comme je ne cesse de vous le répéter, ne sont que des objectifs secondaires. »
    Cébéret contint sa frustration. Pourquoi La Loubère était-il si obstiné ? Ne pouvait-il comprendre que la politique devait s'adapter aux circonstances ? « Je me demande vraiment comment vous pouvez continuer à croire que Phaulkon, qui détient déjà le pouvoir suprême au Siam, s'expose au mécontentement de son maître en essayant de le convertir contre son gré.
    — Parce qu'il est catholique, Claude, et que les vrais catholiques n'ont qu'un désir, un désir qu'il a clairement indiqué dans ses lettres à notre roi souverain.
    — Des lettres écrites sous la contrainte alors que les Hollandais frappaient à la porte à coups redoublés. Il lui fallait trouver quelque chose en vitesse.
    — Vous n'êtes pas un vrai croyant, Claude, ce qui ne vous fait pas bon juge de la situation.
    — Phaulkon était protestant quand il travaillait pour les Anglais, et le voici catholique. Pratique, vous ne trouvez pas, quand il a besoin des Français ? »
    La Loubère frappa très fort du poing sur la table. « Votre manque de foi permanent m'exaspère. La sincérité des intentions de Phaulkon sera mise à l'épreuve bien assez tôt. En attendant, je ne me laisserai pas abattre par votre pessimisme invétéré ! » Il éleva la voix. « Pas plus que je ne me laisserai détourner de ma mission. Je donne à Tachard encore une journée pour rentrer. Après quoi, nous passerons à l'action. C'est mon dernier mot ! »
    Il y eut un lourd silence que des coups frappés à la porte finirent par interrompre.
    « Qui est-ce ? », demanda La Loubère avec brusquerie.
    La porte s'entrouvrit. « C'est moi, Desfarges, messieurs. Je vous cherchais. »
    La silhouette corpulente du général s'inscrivit dans l'embrasure de la porte et boucha la lumière. Sa poitrine se soulevait par spasmes et des mèches de cheveux gris clairsemés adhéraient à son front en sueur. Ses yeux bleu clair brillaient de fièvre ; il avait l'air épuisé et affaibli.
    « Entrez, mon général, dit La Loubère. Comment vous sentez-vous ?
    — Pas très bien, je le crains. J'ai fait des cauchemars à propos du père Tachard. Il n'est pas encore revenu, n'est-ce pas ?
    — J'ai bien peur que non, répondit La Loubère. Nous étions justement en train de discuter de la situation. Voulez-vous vous joindre à nous ? Nous hésitions à vous déranger.
    — Il m'est difficile de me reposer par les temps qui courent, messieurs. » Desfarges prit dans un coin une chaise sur laquelle il s'affala en y étalant ses rotondités. « J'ai appris que le petit ambassadeur s'était échappé. » Il s'épongea la front avec un mouchoir et se sécha le coin des yeux. Sa chemise était tachée de sueur. « Qui aurait cru qu'il plongerait pardessus bord en grande tenue de cérémonie ?
    — Général, que pensez-vous de l'absence prolongée de Tachard ? demanda Cébéret.
    — Je ne peux croire qu'il ait désobéi aux ordres. Son devoir

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