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L'épopée d'amour

Titel: L'épopée d'amour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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trouver les paroles qui doivent convaincre le roi de France ! Puissé-je être dévorée par les chiens avant de voir l’affreux spectacle de l’hérésie triomphante grâce à la faiblesse de mon fils !…
    – Assez ! Assez, madame !… Que voulez-vous ?…
    – La mort de l’Antéchrist.
    – La mort de Coligny ! murmura Charles.
    – Ah ! cria Catherine d’une voix éclatante, vous voyez bien que vous le nommez !… Oui, sire, vous le savez comme nous tous, l’Antéchrist, c’est l’hypocrite qui nous a tué plus de six mille braves en tant de batailles, qui nous fait une guerre acharnée, qui, dans Paris même, exalte l’orgueil de ses démons et fomente la destruction de la sainte Eglise !
    – C’est mon hôte, madame !… Messieurs, songez-y… c’est mon hôte !… C’est le déshonneur pour moi si je le tue !
    – C’est l’enfer qui nous attend tous s’il vit ! rugit Catherine.
    – Moi, je retourne en Italie, dit Gondi. Le salut de mon âme avant tout !
    – Sire, fit le chancelier de Birague, daigne Votre Majesté me permettre de me retirer sur mes terres…
    – Par le tonnerre du ciel ! vociféra Tavannes, comme s’il n’y eut plus eu de respect possible, je vais offrir mon épée au duc d’Albe !
    – Partez ! gronda Catherine. Partez donc tous ! que l’exode des fils de France commence donc ! Malheur ! malheur sur nous !… Charles, ta mère demeurera seule avec toi, et mourra sous tes yeux, te couvrant de son corps avant que les hérétiques ne te frappent !…
    Et se rapprochant de lui, elle lui glissa dans l’oreille :
    – Avant qu’Henri de Guise ne soit proclamé roi de France pour avoir arraché le royaume aux huguenots !…
    – Vous le voulez ! haleta Charles IX, vous le voulez tous !… Eh bien, tuez-le ! Tuez l’amiral ! Tuez mon hôte ! Tuez celui que j’appelle mon père ! Mais, par l’enfer, tuez aussi tous les huguenots de France afin qu’il n’en reste pas un pour me reprocher ma félonie ! Tuez ! Tuez tout ! Tuez !… Ah !…
    Son visage se convulsa.
    Et ce rire funèbre, fantastique et terrible, qui parfois éclatait sur ses lèvres, le secoua de frissons convulsifs.
    – Enfin, avait hurlé Catherine avec un accent de joie furieuse.
    – Enfin ! répéta le maréchal de Tavannes avec une sorte de contrariété.
    D’un geste, Catherine les entraîna tous dans son cabinet proche de l’oratoire, tandis que le roi tombait sur un fauteuil, luttant désespérément contre la crise qui se déchaînait.
    – Monsieur le maréchal, dit alors Catherine, en regardant Tavannes en face, je vous charge d’avertir M. de Guise que le roi est décidé à sauver l’Eglise et le royaume. Nous comptons sur lui…
    Tavannes s’inclina.
    – Allez messieurs, reprit la reine, voici trois heures qui sonnent ; soyez ici demain matin à huit heures ; amenez-moi, M. de Guise, M. d’Aumale et M. de Montpensier, et M. de Damville ; n’oubliez pas le prévôt Le Charron. Que dès huit heures, nous soyons tous assemblés ici… nous n’aurons pas trop d’une journée pour préparer la suprême bataille qui doit sauver la religion. Allez, messieurs, que Dieu vous assiste !…
    – Dieu protège la reine ! firent-ils en se retirant.
    Le duc d’Anjou demeura seul avec sa mère.
    Catherine lui prit les deux mains, le regarda longuement avec une profonde tendresse, et d’une voix très douce murmura :
    – Tu seras roi, mon fils ! Va te reposer…
    – Ma foi, dit le futur Henri III en bâillant, j’en ai grand besoin, madame.
    Et il se retira sans répondre au baiser de sa mère, dont les bras retombèrent lentement, et dont les yeux s’embuèrent d’humidité.
    Cette indifférence du fils préféré, adoré… c’était le tourment, la plaie secrète de ce cœur de granit… c’était peut-être le châtiment.
    Après quelques minutes de rêverie, Catherine alla ouvrir une porte.
    Ruggieri parut. Il avait, depuis trois jours, vieilli de dix ans. Ses épaules se voûtaient. Ses tempes avaient grisonné.
    – Il est temps, dit la reine. Préviens Crucé, Kervier, Pezou…
    – Oui, madame, dit Ruggieri d’une voix blanche.
    – C’est pour la nuit prochaine. Charge-toi du signal. A trois heures après minuit. L’heure est bonne. C’est le moment du profond sommeil. Tu placeras quelqu’un aux cloches de Saint-Germain-l’Auxerrois…
    Ruggieri tressaillit et eut un geste d’horreur.
    – Es-tu fou ? gronda Catherine en haussant

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