L'épopée d'amour
passée, l’officier s’approcha de la porte et frappa rudement en criant :
– Au nom du roi !
Le bruit du marteau résonna sourdement dans la maison, et une fenêtre du premier étage s’ouvrit. Le vieux Pardaillan apparut. Une clameur s’éleva dans la rue.
– Les voilà ! Les voilà ! Ils se rendent !…
Pardaillan salua gravement, se pencha et demanda :
– Monsieur, prétendez-vous donc nous attaquer ?
– A l’instant même, dit l’officier, si vous ne vous rendez.
– Faites bien attention que vous violez vous-même la caution accordée.
– Je le sais, monsieur. Et vous devez vous rendre à discrétion.
– Nous rendre, c’est autre chose. Je voulais simplement vous faire dire que vous faussez la parole donnée. Maintenant, attaquez si bon vous semble.
Là-dessus, le vieux Pardaillan referma tranquillement sa fenêtre, tandis que l’officier criait encore une fois :
– Au nom du roi !
Comme aucune réponse ne lui parvenait, l’officier fit un signe et le madrier disposé en façon de catapulte commença à fonctionner. Au cinquième coup, la porte tomba.
– Attention ! fit l’officier s’attendant à une sortie.
Les arquebusiers dirigèrent leurs canons sur la porte et se tinrent prêts.
Mais personne ne s’étant montré, il fallut se résoudre à entrer dans la maison. Là, on constata que l’escalier était hérissé de barricades diverses.
– C’est en haut qu’il faudra faire le siège, gronda l’officier énervé de cette besogne.
Il fallut deux heures pour déblayer l’escalier.
Lorsque le passage fut enfin libre, toute la troupe monta avec précaution, suivie par le cavalier, qui avait mis pied à terre, mais qui continuait à se cacher le visage dans son manteau.
A la satisfaction de l’officier, on trouva toutes les portes ouvertes en haut.
– Attention, dit la voix du cavalier au manteau, c’est un piège.
On pénétra dans les pièces qu’on visita l’une après l’autre, avec toutes les précautions nécessaires.
Le premier étage ayant été ainsi fouillé, il devint évident que les assiégés s’étaient retirés dans le grenier.
Mais lorsqu’après bien des hésitations et des sommations réitérées on se décida enfin à pénétrer dans ce grenier, on n’y trouva que du foin.
Le cavalier au manteau poussa alors un cri de rage, et apercevant la porte de communication par laquelle on entrait dans la maison voisine, renfonça d’un violent coup de pied.
– Ils ont fui par là ! rugit-il. Oh ! les démons !… Ils m’échappent !
Alors ce cavalier laissa retomber son manteau et les soldats étonnés reconnurent l’illustre maréchal de Damville.
– Qu’ordonnez-vous, monseigneur ? demanda l’officier.
– Fouillez cette maison ! grinça Damville.
La maison fut fouillée ; on n’y trouva personne.
Le maréchal de Damville sortit par la ruelle aux Fossoyeurs. Il était pâle de fureur. Il monta aussitôt à cheval et s’élança dans la direction du Louvre.
Arrivé là, il demanda aussitôt à être introduit auprès du roi.
Pendant ce temps, les fugitifs arrivaient à l’hôtel de Montmorency, et, les deux femmes installées, tinrent conseil de guerre.
– Ici, dit le maréchal aux Pardaillan, vous êtes en sûreté. Nul ne se doute, je pense, que vous avez trouvé un refuge dans cet hôtel.
Le chevalier hocha la tête.
– Monseigneur, dit-il, si vous m’en croyez, vous devez fuir. Si vous étiez seul, je ne vous donnerais pas ce conseil…
– Vous avez raison, chevalier, dit le maréchal. Aussi bien, mon intention n’est-elle pas d’exposer ma fille et sa mère. Dès ce soir, je partirai avec elles pour le château de Montmorency. Je compte sur vous pour nous escorter jusque-là. Une fois à Montmorency, nul, pas même le roi, n’osera nous y chercher. Il faudrait une armée pour prendre le manoir.
Il fut donc convenu que le soir, à la nuit tombante, on quitterait Paris.
Dans cette journée, Pardaillan père eut avec le maréchal une mémorable conversation. Le chevalier s’était retiré dans la chambre qu’il occupait à l’hôtel. Loïse venait de se retirer auprès de sa mère. Le vieux Pardaillan demeura seul avec le maréchal, et voyant sortir Loïse, entama héroïquement la question qui lui tenait au cœur.
– Charmante enfant, dit-il, et que vous devez être bien heureux d’avoir retrouvée, monseigneur.
– Oui, monsieur. Heureux au-delà de toute expression.
– Puisse-t-elle,
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