L'épopée des Gaulois
n’étaient pas éloignés d’elles par ces contrastes physiques qui séparent parfois ceux qui sont originaires d’Europe et ceux qui sont nés dans la lointaine et profonde Afrique.
Cette alliance se rompit quand le fils de Nann, qui avait nom Gomanos, devint roi à la mort de son père. Il supportait difficilement l’influence qu’avaient les Phocéens et, surtout, il enviait leurs prodigieuses richesses, dues à leur activité débordante dans la navigation et le commerce. Il résolut de les éliminer et, dans ce projet, il réunit autour de lui les principaux chefs des Salyens et des Ségobriges. Après de nombreuses discussions, on convint qu’on profiterait d’un jour de fête pour entrer dans la ville par surprise et qu’après en avoir massacré tous ceux qui résisteraient, on s’emparerait par la force des armes, de toutes les maisons et de tout ce qu’elles contenaient. Une fois maîtres de la ville, ils la peupleraient avec des gens de leurs nations et reprendraient à leur compte les activités qui avaient fait en très peu de temps la richesse de ces Grecs venus d’Orient sur la terre gauloise. On fixa donc le jour et l’on se prépara avec minutie à cette prise de possession d’une ville qu’on savait promise à un brillant destin.
Mais une jeune Gauloise, qui avait une relation amoureuse avec un Phocéen, ayant été mise au courant du complot, alla trouver son amant et lui révéla toute l’affaire. Aussi, avant que les Gaulois se fussent rassemblés en vue de mettre leur projet à exécution, ce furent les Phocéens qui sortirent de Massalia en armes, attaquèrent leurs adversaires à l’improviste et en firent un copieux massacre. Depuis ce temps, les habitants de Massalia décidèrent de ne plus jamais laisser leurs portes ouvertes, de surveiller tous les étrangers sans exception et de maintenir continuellement la ville en état de résister à toute attaque venue de l’extérieur, soit de la terre, soit de la mer 50 .
Cependant, le fils de Garganos, Galatès, était devenu adulte. Il possédait la force et la sagesse de son père et de sa mère et, ayant hérité de leur royaume, il se comporta en souverain éclairé, ce qui ne l’empêcha pas de continuer la conquête des pays voisins. Car il pensait que, pour assurer la paix dans son royaume, il fallait pacifier les nations les plus proches et les obliger à suivre des lois protégeant les biens et les personnes. Il accomplit ainsi de nombreux exploits et son souvenir se perpétua dans les chants que composaient les bardes et qu’ils déclamaient au cours des festins. Certains affirmèrent même que c’est de son nom, Galatès, qu’on appela les habitants de son royaume les Galates ou les Gaulois 51 . Mais d’autres prétendirent que le fils de Garganos s’appelait en réalité Celtos et que c’est à cause de lui qu’une partie de la Gaule fut nommée Celtique 52 . Ce sont des fables qui furent répandues après la mort du héros et qui témoignent seulement du grand renom qu’eurent ces hommes mystérieux, venus on ne sait d’où, qui conquirent et organisèrent les immenses territoires qui constituèrent la Gaule.
Ses descendants régnèrent dans la paix et la prospérité et ils construisirent un peu partout sur les hauteurs d’immenses forteresses pour se défendre en cas d’agression. Aussi braves que généreux, les rois de ce temps-là s’entouraient d’artistes, des musiciens et des chanteurs, et aussi de bardes. Ces bardes, qui étaient chargés de la mémoire des hauts faits accomplis par les héros, déclamaient leurs chants au cours des festins, faisant l’éloge des ancêtres des convives et rappelant les grandes traditions de leur nation. Mais ils intervenaient également très souvent au cours d’une bataille, dans le but de soutenir le courage des combattants par le rappel des faits héroïques d’autrefois. Il leur arrivait même, quand deux armées étaient sur le point de se jeter l’une contre l’autre, de se précipiter entre les adversaires et de les apaiser, comme on le fait des bêtes sauvages, par des chants qui calmaient leur ardeur et parfois les endormaient par magie 53 .
L’un des successeurs de Galatès fut le roi Luern. C’était un homme pacifique et généreux qui faisait tout son possible pour s’attirer l’amour de son peuple. Quand il passait en char dans une campagne reculée, traversant le plus petit village, il jetait de l’or et de l’argent aux hommes et
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