L'épopée des Gaulois
conquérir la Gaule tout entière et de profiter de ce triomphe pour accéder aux plus hautes dignités. Or, comme il avait été nommé proconsul pour la Provincia Romana , il était à la meilleure place pour observer ce qui se passait en Gaule. D’ailleurs, il ne lésinait pas sur les moyens et entretenait à grands frais des espions qui lui rendaient compte fidèlement des affaires politiques des peuples gaulois ainsi que des différends qui les opposaient fréquemment. Et il attendait patiemment l’occasion d’intervenir dans ce qu’on appelait encore la Gallia Comata , cette « Gaule Chevelue » qui était toujours indépendante.
Cette occasion était enfin arrivée. Dès qu’il fut prévenu de ce qui se passait, avec une rapidité incroyable, César se précipita à Genève et fit détruire tous les ponts qui franchissaient le Rhône tout en levant le plus de troupes possibles dans la Province. Les Helvètes tentèrent alors de discuter avec lui, demandant le passage parce qu’ils n’avaient pas d’autre chemin. Mais le proconsul tergiversa pour gagner du temps et en profita pour faire construire un mur depuis le lac Léman jusqu’aux premières hauteurs du Jura. Au jour qu’il avait fixé pour donner sa réponse, il refusa tout net le passage des Helvètes à travers le territoire de la Province.
Les Helvètes, dépités, se tournèrent vers l’ancien complice d’Orgétorix, Dumnorix, et lui demandèrent d’engager des pourparlers avec les Séquanes pour que ceux-ci lui permissent le passage à travers leur pays. Les Séquanes acceptèrent, à condition que ce passage s’effectue sans dommage ni violence. Alors, les Helvètes se lancèrent vers l’ouest et se retrouvèrent dans le pays des Éduens qu’ils commencèrent à ravager parce qu’ils n’avaient pas conclu de traité avec ceux-ci, et cela sous l’œil bienveillant des Séquanes, leurs éternels rivaux.
Mais par contre, les Éduens avaient un traité d’alliance avec les Romains et demandèrent immédiatement des secours à César. Le proconsul, qui n’attendait que cela, lança les troupes qu’il avait rassemblées et repoussa les Helvètes qui durent se replier vers les forêts du voisinage. Les Helvètes envoyèrent alors un de leurs alliés, le Tigurin Divico, pour négocier avec César. Ce dernier réclama immédiatement des otages, mais Divico lui répondit fièrement que les Helvètes et les Tigurins n’avaient pas l’habitude de se considérer comme des vassaux, ni comme des esclaves. Et les choses en restèrent là.
Cependant, les Éduens, pourtant alliés et obligés de César, manifestaient une évidente mauvaise volonté à fournir du ravitaillement aux Romains. Le proconsul convoqua donc le druide Diviciacos et le vergobret (c’est ainsi que les Éduens nommaient leur magistrat suprême, qui faisait fonction de roi) qui avait nom Liscos, et se plaignit de leur défaillance contraire aux engagements pris. Les deux chefs éduens rejetèrent toute la responsabilité de l’affaire sur Dumnorix, le frère de Diviciacos, qui était marié à une Helvète, fille d’Orgétorix, et qui avait fait épouser à sa mère un des plus grands personnages du peuple des Bituriges. Le proconsul, sachant qu’il lui faudrait un jour éliminer Dumnorix, qu’il considérait comme un ennemi, le convoqua à son tour en présence de son frère et lui fit de violents reproches. Mais, tout en faisant semblant de lui pardonner son comportement, il lui fournit des gardes qui, en réalité, étaient chargés de le surveiller très étroitement. Alors, aidé par son lieutenant Labiénus, il rassembla ses troupes et attaqua vigoureusement les Helvètes. Ceux-ci furent vaincus et les rescapés durent se réfugier chez les Lingons. Mais, dépourvus eux-mêmes de ravitaillement, ils durent capituler. César leur demanda leurs armes, se fit fournir des otages, et leur ordonna de rentrer dans leur pays. C’était donc le proconsul romain qui sortait vainqueur de tous ces affrontements, car à présent, il se trouvait solidement implanté au cœur de la Gaule et pouvait à tout moment intervenir, sous le prétexte de maintenir l’ordre, et en profiter pour imposer l’autorité de Rome aux peuples qui ne la subissaient pas encore.
Mais un autre chef ambitieux et sans scrupules guettait lui aussi le moment propice pour envahir la Gaule et la soumettre à ses caprices : c’était Arioviste, le roi des Suèves, qui maintenait toujours sa
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