L'épopée des Gaulois
d’ailleurs demandé du secours, profitant de ces événements pour s’implanter en quelques points stratégiques et s’efforçant de conclure des traités d’alliance avec certaines tribus qui se sentaient la cible d’éventuels ennemis. Tel avait été le cas des Éduens qui occupaient les terres situées entre la Loire et la Saône et avaient pour forteresse principale l’enclos connu sous le nom de Bibracte, sur une des hauteurs du Morvan, dominant à l’est une grande plaine fertile.
Car, tout en étant conscients de leur origine, de leur langue, de leur culture et de leur religion qui étaient communes, les peuples gaulois vivaient tous à l’écart, refusant de se regrouper et toujours prêts à engager les uns contre les autres des guerres meurtrières afin de prouver leur supériorité et d’assurer leur hégémonie tant économique que politique sur les nations voisines. Dans cet état d’esprit, il y eut, chez le peuple des Arvernes, qui tenait les montagnes du centre, en particulier autour de la Loire et de l’Allier, une tentative pour constituer une sorte de confédération sous la direction d’un grand chef du nom de Celtillos. Mais Celtillos, qui avait manifesté le désir de devenir roi, avait été victime d’un complot ourdi par ses propres compatriotes et il avait été assassiné, emportant avec lui tout espoir d’unification des peuples de la Gaule.
L’idée pourtant faisait son chemin. À l’époque du consulat de Messala et de Pison, c’est-à-dire en 61 avant notre ère, il y eut, chez le peuple des Helvètes, qui occupait les montagnes et les vallées du Jura et des Alpes, un homme d’une grande ambition nommé Orgétorix. Comme il sentait son peuple menacé par celui des Suèves, des Germains placés sous l’autorité d’un certain Arioviste, qui ne cachait pas sa volonté d’étendre son royaume au détriment de tous ses voisins, Orgétorix imagina un plan pour protéger les Helvètes : ceux-ci devraient émigrer à l’ouest et gagner les rivages du grand océan. Là, ils se sentiraient vraiment en sécurité et Orgétorix pourrait devenir le chef d’une grande confédération de tribus, confédération qui pouvait déboucher sur la constitution d’un grand royaume indépendant mais conquérant.
Mais Orgétorix avait conscience des dangers qui l’attendaient. Il s’empressa de conclure un pacte secret avec certains de ses voisins, notamment avec Casticos, qui était un homme influent chez les Séquanes, riverains de la Saône, et avec l’Éduen Dumnorix, frère du druide Diviciacos qui était l’ami du grand Cicéron et très empressé envers les Romains. En vertu de ce pacte, les trois hommes décidaient d’unir leurs efforts pour s’emparer de la Gaule tout entière et de s’en partager la domination. Malheureusement, ce pacte ne resta pas longtemps secret et fut désavoué à la fois par les Helvètes, les Séquanes et les Éduens. Orgétorix fut mis en accusation par ses compatriotes et, rejeté par son peuple, il choisit de se donner la mort plutôt que de mener une existence d’exilé errant.
Cependant et bien que les Helvètes eussent rejeté en un premier temps les projets d’Orgétorix, ceux-ci furent bientôt remis à l’honneur du fait que les Suèves d’Arioviste devenaient de plus en plus menaçants. Mais, pour quitter leur pays, les Helvètes devaient franchir des points névralgiques. Il leur fallait passer par le pays de Gex, occupé par les Séquanes, ou par le sud du Rhône : mais ce territoire auquel appartenait la forteresse de Genève dépendait du peuple des Allobroges qui était placé sous le protectorat de Rome. Cela n’empêcha pas les Helvètes de préparer soigneusement leur migration et de se rassembler sur les bords du Rhône, en compagnie de quelques peuples dispersés ou chassés par les Germains, comme les Boiens de Bohême.
Et ce fut alors qu’intervint un personnage très influent à Rome, un certain Caius Julius Caesar, dont la famille prétendait descendre du Troyen Énée, ancêtre des Romains, et donc de la mère de celui-ci, la déesse Vénus que les Grecs appelaient Aphrodite. Ambitieux et démagogue, chef du parti populaire à Rome, ne cachant pas qu’il voulait conquérir le pouvoir sur tous les territoires soumis à Rome ou qui étaient en passe de l’être. Depuis plusieurs années, afin de se présenter devant le Sénat en triomphateur dans le but de mériter leurs suffrages, il rêvait de
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