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L'épopée des Gaulois

L'épopée des Gaulois

Titel: L'épopée des Gaulois Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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retournèrent dans la demeure du roi avec les génisses.
    Quand il reçut la demande du grand guerrier, le roi fut très flatté et très heureux. On maria donc Garganos et la fille devant une grande assemblée. Et, de cette union, leur naquit un fils qu’ils nommèrent Galatès qui, en grandissant, allait surpasser de beaucoup tous les enfants de sa nation par la vaillance de son âme et la force remarquable de son corps 42 .
    Cependant, Garganos n’oubliait pas la mission que les rescapés de la catastrophe lui avaient confiée. Il lui fallait penser à établir définitivement ses compagnons d’exil dans un lieu où ils pourraient vivre dans la paix et la prospérité. Il choisit donc une hauteur qu’il fit fortifier et c’est là que les membres de sa tribu bâtirent leurs maisons. Et Garganos donna à cette ville le nom d’Alésia 43 . Bientôt, de nombreux Gaulois, appartenant à différentes nations, vinrent s’établir dans cette ville et se mêlèrent aux émigrés, ne formant plus qu’un seul peuple avec eux. La ville grandit et ses habitants prospérèrent au cours des années. Depuis ce temps-là, ils y vécurent en pleine sécurité, et jamais la ville ne fut mise à sac.
    Quand tout fut terminé et que de sages lois eurent été édictées pour les habitants d’Alésia, Garganos, qui voulait renforcer la sécurité de ses compatriotes et les garantir contre tout risque d’invasion, rassembla ses meilleurs guerriers et les conduisit dans les régions les plus montagneuses qui se dressaient du côté de l’orient. Il s’efforça d’en faciliter les accès. Il fit donc aménager les chemins les plus rudes et les passages les plus périlleux de ces pays par une route assez bonne qui put permettre une traversée facile pour des troupes avec leurs bêtes de somme et leurs bagages. De plus, les habitants de ces montagnes vivaient à l’écart de tout dans une grande sauvagerie : ils avaient coutume de harceler les voyageurs, surtout dans les passages les plus étroits et les plus retirés, afin de les dépouiller de leurs biens, et ils massacraient tous ceux qui osaient leur résister. Garganos décida de lutter contre ces féroces montagnards. Il les dompta au cours de multiples combats, punit sévèrement les criminels qu’il capturait, imposa ses propres lois au reste de la population et rendit ainsi très sûres les routes de ce pays 44 . Ensuite, il voulut aller plus loin et, toujours avec ses meilleurs guerriers, il s’engagea dans la direction du sud et, après avoir franchi avec beaucoup de difficultés des cols fort élevés, il se retrouva dans la grande plaine qui s’étend sous ces montagnes et au milieu de laquelle coule un fleuve qu’on appelle le Pô. Ayant infligé aux Étrusques qui voulaient s’opposer à son passage une lourde défaite non loin du Tessin, il voulut établir en cet endroit une forteresse sûre qui pourrait surveiller les allées et venues d’éventuels agresseurs. Il choisit un emplacement au milieu de la grande plaine, le fortifia et lui donna le nom de Mediolanum , c’est-à-dire « milieu de la plaine 45  ». Quant au pays lui-même, ayant entendu dire que les habitants l’appelaient Insubrium , et ayant constaté que c’était presque le nom du canton des Insubres, chez le peuple gaulois des Éduens 46 et considérant que c’était un heureux présage, il adopta ce terme pour désigner les régions qu’il venait de conquérir 47 .
    Pendant que Garganos organisait l’établissement des Gaulois dans la grande plaine du Pô et dans les régions montagneuses voisines, des navigateurs venus d’Orient débarquaient sur les rivages du sud de la Gaule. C’étaient des Grecs, venus de Phocée, en Asie, qui à la suite des révélations d’un oracle de la déesse Artémis, s’étaient lancés à l’aventure afin de fonder une nouvelle ville dans la direction du soleil couchant. Ils étaient partis sous la direction de deux chefs, Simos et Protis : ce dernier était un des plus riches marchands de Phocée et chacun le considérait comme un habile meneur d’hommes. Ils avaient emmené avec eux une prêtresse d’Artémis du nom d’Aristarché, car la déesse avait exigé qu’une femme prophétesse pût accompagner les navigateurs dans leur errance aventureuse.
    Ils avaient longé de nombreuses côtes. Ils avaient commencé par vouloir s’installer aux environs de Tartessos, dans le sud de ce qu’on appelait l’Ibérie. Ils y avaient été

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