Les 186 marches
choisirent trente malades et les firent monter dedans… vers la fin de 1942. »
– Particulièrement important est le témoignage recueilli par Marsalek, le 27 mai 1965 (2), de Franz Porawka, en tant qu’ancien Zentralschreiber du Revier de Mauthausen :
– « Il y avait un camion qui fut souvent conduit par Ziereis personnellement. Je reçus l’ordre d’amener à l’auto trente malades gravement atteints, je les amenai sur l’appelplatz : là-bas, entre les blocks 11 et 16, attendait l’auto dans laquelle furent mis les malades, les portes furent fermées et l’auto partit, conduite par le commandant (Ziereis). Déjà le jour suivant, après le premier voyage, nous apprîmes que l’auto était allée à Gusen, au four crématoire, duquel avaient été déchargés les détenus montés à Mauthausen. A Gusen, de nouveau, trente malades y furent aussi placés et on déchargea trente cadavres au crématoire de Mauthausen. Ainsi, nous avions supposé que les détenus avaient été asphyxiés par les gaz d’échappement et qu’à cet effet, le tuyau d’échappement aboutissait à l’intérieur du camion. Après les troisième et quatrième tours, alors que j’amenais à nouveau les malades à l’auto, j’entrai moi-même dans le camion et examinai l’intérieur. Au fond, une paroi libre, au travers de laquelle une boîte de gaz Zyklon pouvait être jetée de la cabine du conducteur et de cette manière, les malades étaient gazés. Il n’y avait pas de tuyau d’échappement. L’auto fut conduite peut-être vingt fois, peut-être davantage. Lorsque cette activité fut connue, elle aurait été rapidement arrêtée. »
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Chambre à gaz fixe de Mauthausen, installation mobile (camion Saurer) ne furent en réalité que des compléments, le château de Harteim, à une quinzaine de kilomètres de Linz, haut-lieu de l’euthanasie des malades mentaux du Reich, avait été prévu pour absorber les « inutiles » ou les « cas spéciaux » de Mauthausen. On sait que cette volonté de Hitler de se débarrasser des malades mentaux allemands qu’il était difficile de nourrir en économie de guerre et qui mobilisaient auprès d’eux du personnel médical « plus utile » sur les théâtres d’opérations militaires, se brisa contre l’opposition, les déclarations publiques des Églises allemandes. Mais lorsque le 24 août 1941, Hitler ordonna de suspendre le programme d’euthanasie : 72424 citoyens allemands (soi-disant incurables) avaient été assassinés dans les asiles. Cette « suspension » ne s’appliquait pas à « certains cas particuliers » et l’euthanasie sauvage se poursuivit.
En réalité, l’asile de Harteim dépendait directement de l’administration de Mauthausen et Ziereis avoua qu’il avait reçu l’ordre du S. S. Gruppenführer Glucks…
– « De considérer les détenus affaiblis en tant que malades mentaux, et de les gazer dans une installation située dans le château de Harteim, près de Linz. »
Ce « détournement de la loi » était habituel dans les états-majors de la direction et de l’administration des camps de concentration.
Les témoignages sur Harteim sont relativement rares, mais ils permettent de comprendre le fonctionnement de cette usine à « ne pas laisser de traces ».
– Tout d’abord celle du pompier S. S. de Harteim, Vinzenz Nohel :
– « En 1940, mon frère, le Brigadeführer Gustav Nohel, obtint avec l’aide du Gauleiter (de l’Oberdo-nau) Eigruber, un poste pour moi au château de Harteim qui était un camp de concentration. J’y travaillai de 1942 à 1945. Le but de Harteim était, entre autres, de gazer et de tuer les détenus qui ne pouvaient être exterminés au camp de Mauthausen. De 1942 à 1945, j’ai vu mourir gazés environ huit mille détenus de Mauthausen, et par ailleurs, vingt mille malades mentaux. Quand arrivait un groupe destiné à être gazé, nous le faisions descendre de l’autocar et se déshabiller. Mon rôle était de surveiller que personne ne puisse s’échapper. Les condamnés étaient photographiés, puis conduits à la chambre à gaz dans laquelle ils étaient enfermés. Le docteur Lohnauer faisait introduire le gaz dans la chambre. Puis nous emmenions les corps afin de les brûler dans le four crématoire. Avant la crémation, divers dentistes récupéraient les dents en or. De 1942 à 1945, le château et ses installations d’extermination furent l’objet
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