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Les 186 marches

Titel: Les 186 marches Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christian Bernadac
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qualité de fidéi-commis, fin février 1945, et fit en sorte, comme convenu, que la presse fût avisée, tandis que le président von Steiger, de Berne, publiait un article et qu’un autre paraissait dans le New York Times.
    –  Malheureusement, un message déchiffré, provenant d’un centre gaulliste d’Espagne et ayant trait à ces accords, fut communiqué à Hitler. Ce message prétendait que Himmler avait, par l’entremise de son représentant Schellenberg, négocié avec Musy pour qu’un asile soit donné en Suisse à « deux cent cinquante chefs nazis ». Cette évidente stupidité, traîtreusement propagée par Kaltenbrunner, eut les conséquences les plus fâcheuses pour moi. Hitler donna immédiatement deux ordres impératifs : tout Allemand qui aiderait un prisonnier juif, anglais ou américain à s’évader, serait aussitôt exécuté et toute tentative de cet ordre devait lui être personnellement signalée.
    – Musy fut amèrement déçu. Au cours de sa dernière visite à Berlin, nous décidâmes tous deux de faire une ultime tentative pour essayer d’aboutir à quelque chose. Je suggérai à Himmler l’idée de demander aux Alliés une trêve de quatre jours, sur terre et dans les airs, à l’Ouest, afin que pendant cette période, tous les Juifs et internés étrangers puissent franchir les lignes en convois organisés – preuve éclatante de la bonne volonté de l’Allemagne. Je gagnai à ce projet le chef de l’administration des prisonniers de guerre, l’Obergruppenführer Berger. Il suivit mon conseil de passer outre à certains ordres de Hitler, sauvant ainsi la vie de centaines de gens.
    – Nous avions, M. Musy et moi, l’impression que, si cette proposition de trêve parvenait aux Alliés, par voies officielles et autorisées, elle serait acceptée. Des négociations ultérieures pourraient ensuite amener à une paix de compromis, au bénéfice non seulement des pays intéressés, mais de toute l’humanité. Mais Himmler n’eut pas le courage d’en parler à Hitler. Favorable quant à lui au projet, il s’adressa au chef du groupe qui entourait Hitler, Kaltenbrunner, qui me donna lui-même sa réponse : « Avez-vous perdu la tête ? » Ceci se passait le 3 avril 1945.
    – Musy et moi tombâmes d’accord, après cela, pour estimer qu’il ne restait plus qu’une chose à faire. En raison de la situation militaire qui s’aggravait de jour en jour, il fallait obtenir de Himmler un ordre qui, éviterait l’évacuation de tous les camps de concentration susceptibles d’être atteints par l’avance alliée. Après une longue discussion, Himmler finit par y consentir. Le docteur Kersten, alors à Stockholm, exerça à ce sujet une forte pression sur Himmler et m’aida cordialement. Le 7 avril 1945, je pus faire savoir à Musy que Himmler avait accepté de ne faire évacuer aucun camp de concentration et demandait que le général Eisenhower fût informé aussi rapidement que possible de sa décision.
    Dans ces dernières semaines de guerre, Himmler est totalement discrédité aux yeux de Hitler et de son entourage. Kaltenbrunner envoie des « contrordres » et c’est à Kaltenbrunner que certains chefs de camp obéissent. Attitude incompréhensive du successeur de Heydrich qui, le 12 mars, avait accepté de rencontrer le docteur Burckhart – peut-être lui aussi pensait-il enfin à l’« autre solution » – et donné des ordres pour que les délégués de la Croix-Rouge puissent s’installer dans les camps de concentration « à condition qu’il n’en sortent plus jusqu’à la Libération ».
    Le 19 février 1945, le comte Folk-Bernadotte rencontre Himmler à Hohenlychen et arrache l’autorisation de transférer tous les déportés scandinaves dans un seul camp où la Croix-Rouge les prendrait en charge (Neuengamme).
    – Lorsqu’il m’apparut brusquement, avec ses lunettes de corne, portant l’uniforme vert des Waffen-S. S., sans aucune décoration, il me fit l’impression d’un fonctionnaire insignifiant. Si je l’avais croisé dans la rue, je n’aurais jamais pris garde à lui. Il avait de petites mains, fines, sensibles et fort bien soignées. Pourtant la manucure était interdite chez les S. S. Il se montra extrêmement affable, fit preuve d’humour avec une certaine tendance aux facéties macabres ; il lançait volontiers une plaisanterie pour alléger l’atmosphère. En vérité, son aspect n’avait rien de diabolique et je

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