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Les 186 marches

Titel: Les 186 marches Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christian Bernadac
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appareils à rayons X ou rayons ultraviolets réservés aux S. S. : la séance avait lieu pendant l’heure du repas, quand ceux-ci étaient à leur cantine.
    Walter Schellenberg ne pardonnera pas à Ribbentrop cette note comminatoire lui interdisant des ouvertures de paix, mais il n’en tiendra pas compte : n’est-ce pas le rôle d’un responsable des services secrets d’entretenir des agents et des contacts chez tous les partenaires d’une même partie, de jouer même le jeu avec certains dans l’éventualité d’« une autre solution » ? L’histoire des services secrets allemands reste à écrire et ce ne sera pas une entreprise aisée car chaque dirigeant élevé a su se constituer son propre réseau d’informateurs parallèles… qui travaillent, bien souvent, pour plusieurs clans. Schellenberg, mettant à profit les embarras de l’amiral Canaris, grand maître de l’espionnage militaire, remplace les honorables correspondants de la Wehrmacht compromis ou grillés par ses propres pions… en particulier à Budapest où « quelque chose de bizarre » se prépare en ces premiers mois de 1944. L’affaire est embrouillée, énorme, explosive, ignoble : Himmler, par l’intermédiaire d’envoyés spéciaux, négocie avec les représentations d’organisations juives nationales et internationales, l’échange d’un million de Juifs contre dix mille camions (qui pourraient être fournis par les Britanniques et, en aucun cas, ne seraient utilisés sur le front de l’Ouest). Schellenberg apparemment est étranger aux contacts et à la négociation (c’est Eichmann qui assumera la responsabilité du premier entretien direct le 25 avril 1944) et il glisse avec habileté sur cet épisode, dans ses Mémoires ; mais comment peut-on imaginer Schellenberg absent d’une telle « touche de paix », ne serait-ce que parce que Budapest est la ville où il a le plus d’« agents frais ». Schellenberg a voulu nous laisser une certaine image de son personnage : « un homme aux mains propres », et il a gommé dans tous ses récits et souvenirs, les « actes douteux », qui auraient pu ternir son honnêteté et son humanité.
    Himmler, de plus, ne se serait pas lancé dans une telle aventure sans lui demander conseil. C’est peut-être, tout simplement, parce que ce « douloureux marché », révélé par plusieurs quotidiens britanniques et américains alors qu’il était en cours, précipitera la disgrâce de Himmler, que Schellenberg voudra l’oublier. Il se contentera de dire qu’il avait des informateurs sur place qui le tenaient au courant. Mais ces conversations de Budapest joueront un rôle primordial dans l’histoire de la déportation : d’abord un convoi important de Juifs, en signe de bonne volonté, au lieu de prendre la direction des chambres à gaz d’Auschwitz fut envoyé sur le camp de Bergen-Belsen, ensuite les déportations de Juifs d’Europe furent ralenties et dans certains secteurs abandonnées. Enfin, au mois de novembre 1944, Himmler envoyait, au chef du service central de l’intendance Obergruppenführer S. S. Pohl, et au chef du service central de sécurité du Reich, Obergruppenführer S. S. Kaltenbrunner, le télégramme suivant :
    – J’interdis, avec effet immédiat, toute extermination de Juifs et ordonne, au contraire, que l’on prenne soin des sujets faibles ou malades. Je vous en tiens personnellement responsables, même pour le cas où cet ordre ne serait pas strictement appliqué par les instances subalternes.
    Cette tardive miséricorde explique le retournement de situation que connaîtront les déportés juifs, en particulier à Mauthausen, à l’étonnement des autres catégories de détenus.
    Ces « ouvertures » de Budapest allaient déboucher sur d’autres « approches » où, cette fois, Schellenberg, ouvertement, jouerait le premier rôle aux côtés de trois neutres : Jean-Marie Musy, ancien président de la Confédération helvétique, Karl Burckhardt, président du Comité international de la Croix-Rouge et le comte Folk-Bernadotte. En ce dernier trimestre 1944,
    Himmler, mis en condition par Schellenberg,. est persuadé du triomphe militaire des Alliés : « l’autre solution » devient la première solution. Himmler, naïvement, croit qu’il succédera à Hitler et que pour sauver ce qui peut encore être sauvé, des négociations avec les seuls Américains – un véritable traité de paix – lui laisseront « les

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