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Les 186 marches

Titel: Les 186 marches Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christian Bernadac
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parterres de fleurs devant les blocks.
    – Allons ! plus vite !
    Le capitaine aviateur Mordoucev venait d’être condamné au « block 20 » et ce soir-là, le bureau politique dt Mauthausen venait de commettre une grave erreur. Mordoucev, en effet, ancien « monteur », connaissait parfaitement tout le système de protection électrique du camp et, en particulier, du block 20. Il avait travaillé plusieurs fois en compagnie de Willy et de Gauss à l’extérieur de la forteresse, tout contre la muraille.
    ★ ★
    Le block 20, vert sapin comme toutes les autres constructions en bois de Mauthausen, était divisé en trois parties égales. Stube A, stube B et entre les deux : les « commodités » et les « services ».
    – L’une  de ces pièces était destinée aux malades qui n’avaient plus que quelques jours à vivre, incapables de marcher, ne pouvant plus que se traîner à terre. Mais même ceux-ci étaient obligés de quitter la baraque le jour et de se traîner dehors par n’importe quel temps. L’autre pièce servait de dortoir pour tous les autres prisonniers : de cinq cents à six cents hommes. Le local était nu. Pas la moindre trace d’ameublement, ni lits, ni châlits, ni paille sur le sol en ciment. Aucune literie ne fut distribuée, ni aucune couverture dans ce local non chauffé en hiver. Les hommes dormaient à même le sol, les uns sur les autres. Très peu trouvaient place sur le ciment ; les autres ne pouvaient que se coucher sur leurs compagnons ou dormir debout. En été, les S. S. bouclaient les fenêtres. Dans cette pièce étroite où s’entassaient tant d’hommes, l’air devenait vite irrespirable. Souvent des détenus mouraient étouffés. En hiver, c’était pire. Le soir, avant de pousser les prisonniers dans la baraque, on inondait le local à l’aide d’un tuyau d’arrosage. Il y avait toujours quelques centimètres d’eau sur le sol. Les hommes étaient obligés de se coucher dans cette mare. Au milieu de la nuit, les geôliers faisaient irruption et ouvraient les fenêtres. Chaque matin, on enlevait les cadavres gelés qui gisaient sur le sol glacé…
    – Dans la pièce du milieu, réservée aux services, se trouvait le soi-disant local de douches. On y voyait des lavabos en ciment, des douches à eau froide et une baignoire, munie d’un couvercle. Dans les murs de cette salle de propreté étaient fixés des crochets de boucherie. Cette pièce servait aussi de chambre de tortures. Des prisonniers étaient maintenus des heures durant sous une douche glacée. D’autres étaient jetés dans la baignoire pleine d’eau, on mettait le couvercle et on noyait le « baigneur ».
    – D’autres encore étaient pendus aux crocs de boucher. On incitait les malheureux au suicide en leur offrant des ceintures de cuir et des prisonniers préféraient mettre fin aux tortures et aux exactions quotidiennes en se pendant aux crochets ainsi offerts.
    – Dans une petite chambre attenante à cette salle de douches vivait le chef du block, le « Gorille ». C’était un Allemand à large stature et au visage bestial. Condamné de droit commun pour assassinats, on lui promit la grâce à condition de la mériter par « sa conduite » dans le block de la mort. Ce bourreau nageait littéralement dans le sang de ses victimes : des centaines d’hommes ont succombé sous les coups de son gourdin ou furent étranglés de ses mains.
    – La chambre de ce chef de block était la seule pièce chauffée. Il y avait une caisse pleine d’ersatz de savon qu’il était censé distribuer aux prisonniers mais qu’il s’appropriait et des couvertures, soi-disant destinées aux malades, étaient stockées dans sa chambre. Le chef de block avait sa garde : deux Hollandais forts et taciturnes qui le suivaient partout. Ils ne comprenaient personne et personne ne les comprenait. Ils ne tuaient pas mais exécutaient silencieusement tous les ordres de leur chef. Les Allemands créèrent aussi un kommando d’hommes de service composé de prisonniers. Ils exécutaient divers travaux dans le block, travaux d’entretien, ramassage des cadavres, distribution de la nourriture, etc. Leur récompense était constituée par une ration supplémentaire de soupe ou par un morceau de pain-ersatz. Parmi ces hommes se trouvaient des zélateurs qui cherchaient à gagner les bonnes grâces du chef de block et des S. S. Trois d’entre eux sont devenus rapidement des tueurs auxiliaires du

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