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Les 186 marches

Titel: Les 186 marches Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christian Bernadac
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un jeune homme, Sacha, qui paraissait tout connaître du camp. Un dimanche, Sacha attira l’aviateur dans un coin.
    – « Qu’est-ce qui se passe ?
    – « Un Russe vous demande d’aller le voir. Il vous envoie ce morceau de pain.
    – « Qui est-il ? -D’où tient-il ce pain ? »
    Sacha éclata de rire.
    – « C’est un brave type. Il est officier. »
    – Le jeune homme sortit le pain et entreprit de le partager en utilisant une balance ingénieuse, bricolée avec un crayon, un bout de ficelle et des morceaux de bois taillés en allumettes. Cet « instrument » avait une précision remarquable.
    – « Allons, Sacha, prends un peu plus pour toi.
    – « Non ! Il faut être juste. »
    – Mordoucev partit sans enthousiasme faire la connaissance de l’officier. En pénétrant dans le block, Sacha lui désigna un homme encore jeune, en tenue concentrationnaire très soignée.
    – « Je me présente, dit-il en tendant la main, je m’appelle Alex Tatarnikov. Il y a longtemps que les Allemands vous ont pris ?
    – « Un mois.
    – « Oh ! moi, il y a longtemps que je suis ici… Vous voulez savoir comment je trouve du pain ? Le pain c’est de l’or. J’ai tout simplement un ami qui est employé à l’étable. Il engraisse les cochons des S. S. et soigne le poulain de Bachmayer. »
    – Mordoucev remarqua alors un personnage voûté qui tournait autour d’eux et qui, la veille déjà, semblait suivre le moindre de ses déplacements.
    – « Cet homme nous espionne ! »
    L’homme avait disparu.
    – « Qu’allons-nous faire ? Attendre qu’on nous assassine ? Regardez la cheminée, elle fume bien, hein ? Venez me voir demain. Il faut entreprendre quelque chose. »
    – Le lendemain Mordoucev chercha vainement son nouvel ami. Alex avait disparu. Quelques jours après, l’aviateur apprit que Tatarnikov avait été transféré au block de la mort.
    – Mordoucev, toujours sous le nom de Guennady, fut affecté à un kommando de « monteurs ». Il devait accompagner dans ses tournées le S. S. Gauss, responsable de l’ensemble des clôtures barbelées de Mauthausen. Un jour, Mordoucev chargé du sac à outils, et Willy le kapo « droit commun » du kommando, longeaient une barrière électrifiée. Gauss, à demi ivre, titubait derrière eux. Il frôla à plusieurs reprises les fils électrifiés. Mordoucev retenait sa respiration. Soudain, Gauss sortit de sa torpeur : « Là-bas, ça semble pas en place, Willy… » Willy vérifie : « Tout est en ordre. » Le S. S. se mit à hurler, à taper du pied. « Vieux salaud ! Il y a longtemps que j’ai envie de trouer ta sale carcasse ! » Puis, en s’adressant à Mordoucev : « Dis-moi le Ruski, je la troue sa carcasse ?… » Mordoucev baissa la tête. « Alors, tu réponds ? » Gauss dégaina : « Je la troue sa carcasse ?… » Willy, lentement, glissait hors du champ du S. S. « Ce salaud ne répondra pas… Je t’ordonne de répondre sinon… » Gauss appuya le canon de son revolver contre la poitrine de l’aviateur. « Cochon de Russe ! » Mordoucev se taisait. Il songeait à ce qu’il devait faire, ce qu’il pourrait faire en cet instant, probablement le dernier de sa vie : se précipiter sur le S. S., le bousculer contre le fil électrique, s’emparer de son arme, abattre cette brute de Willy, et se suicider. Gauss secoua son arme : « Alors, tu trembles ! » Mordoucev redressa la tête. « Tu peux me tuer. Je ne tremble pas. Je suis un soldat russe. » Gauss baissa son arme, hésita une seconde, se retourna vers Willy qui, prudemment, suivait la scène dans le dos du S. S., puis fixa Mordoucev : « Toi tu me plais le Russe. Oui, tu me plais ! Tu vas voir. » Et brusquement il fit un pas en direction de Willy. « Poltron, lavette. Tu croyais que je t’avais oublié. Allons ! recule. Encore… » Willy, blême, reculait. Il n’était plus qu’à quelques centimètres du fil. Gauss ajusta son arme. Willy cria : « Non… » Gauss éclata de rire. La, tête de Willy venait de se coller au fil électrique.
    – Le lendemain Mordoucev était arrêté et interrogé au bureau politique.
    – « Pourquoi as-tu tué le kapo ?
    – « Mais je ne l’ai pas tué, c’est le responsable du kommando qui l’a poussé dans… »
    En quittant le bureau politique, Mordoucev regarda une dernière fois la place d’appel, la porte fortifiée, de l’entrée, les

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