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Les 186 marches

Titel: Les 186 marches Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christian Bernadac
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construction de nouvelles pistes et de hangars, tandis que les femmes déportées asséchaient les marécages des alentours pour l’agrandissement de notre camp
    – Cracovie fut évacué, et je me retrouvai à Mauthausen. En quarantaine, j’appris que nous allions à Melk. Un jour je fus appelé à l’entrée où le camarade espagnol Climent, qui travaillait à la Criminal Abteilung, me demanda si j’étais venu à Mauthausen et il avait, à la main, ma première fiche d’immatriculation n° 5661. Devant ma réponse affirmative, il me pria de ne rien dire et de me mettre en contact avec André Pichon à Melk. J’ai appris, plus tard, que Climent et un autre déporté espagnol ont détruit les papiers de mon premier passage à Mauthausen. A Melk, grand fut l’étonnement de Pichon et des déportés français d’apprendre qu’il y avait un Juif français, parmi le convoi des Hongrois, Polonais et Grecs nouvellement arrivés pour travailler à Scharbau, au percement de tunnels dans la montagne et de salles pour l’installation de machines et d’ateliers pour le matériel de guerre du Troisième Reich. Le soir même, notre camarade Combanert et ses cuistots du block 14 m’offrirent la soupe  d’amitié. Le kommando des électriciens, attenant au block 17, m’aida beaucoup  et c’est grâce  à la solidarité de tous les Français de Melk que j’ai pu  revenir à Paris ou la joie de retrouver mes parents et la liberté fut grande.

EL BOXE
    Sinistre.
    Colosse d’environ 1,80 mètre, épaules de débardeur, cou de taureau. Portrait parfait du S. S. traditionnel : force, brutalité, froideur, inhumanité, instincts sanguinaires… ses yeux bridés, toujours à moitié fermés, rendaient encore plus terrifiante sa « figure ».
    Les Espagnols l’avaient baptisé « El Boxe », tout simplement à cause de ses poings. El Boxe se servait uniquement de ses poings pour assener des coups aux prisonniers. Des coups mortels. Il n’était pas rare qu’un homme succombe après être passé entre ses mains. Il tenait toujours à la main droite des gants de peau soigneusement pliés. Fouettant tantôt le dos de sa main gauche, tantôt sa cuisse droite, « El Boxe » avançait lentement, avec sa démarche élégante de bœuf de labour. Puis, ayant repéré sa victime, lentement, il enfilait les gants. Jamais « El Boxe » ne frappait à poings nus. Sans doute pour mieux appuyer ses coups en évitant de se faire trop mal. Un de ses passe-temps favoris était aussi de faire des crocs-en-jambe aux
    Il était chargé d’administrer les « 25 coups » sur les fesses des punis. Il enlevait sa vareuse et retroussait ses manches pour pouvoir frapper « à l’aise » et avec plus de vigueur. Ses coups étaient aussi meurtriers que ceux qu’il administrait avec ses mains, et rares étaient les hommes qui pouvaient compter à haute voix le nombre de coups de nerf de bœuf reçus sur le postérieur… Il était fier lorsque le prisonnier, « laissé pour compte », ne pouvait plus parler, et plus encore lorsque les autres S. S. lui faisaient remarquer qu’il avait enlevé la chair des fesses des déportés « corrigés ».
    Les Espagnols étaient pris de terreur en le voyant arriver dans un block ou un kommando, car avec lui, bien souvent, c’était la mort qui s’avançait. Il avait une haine implacable pour les Républicains espagnols parce que, d’après ses dires, un des membres de sa famille était mort en Espagne dans les rangs de la Légion Condor.
    Il aimait surprendre ses victimes. Au travail, il se cachait, attendait l’occasion de bondir sur un groupe de déportés. Il ne rentrait que rarement par la porte des blocks, préférant la fenêtre… Un jour de 1941, il sauta par la fenêtre du block 13. A l’époque, le block 13 servait de block quarantaine. Manuel, le « blockfriseur » espagnol, avait « camouflé » deux Yougoslaves malades. « El Boxe » enfila ses gants et roua de coups les deux malheureux qui succombèrent, puis il s’approcha de Manuel et d’un direct à la face le souleva de plus d’un mètre, lui fracturant la mâchoire. Ceci se passait sous les yeux terrifiés des autres prisonniers.

MATUCHER ET LA CITÉ JARDIN
    LE kapo allemand Matucher, droit commun triangle vert, avait conquis ses « galons » en se faisant remarquer pour son efficacité et sa brutalité, d’abord à la carrière, ensuite au Baukommando, chargé de construire le camp. S’il

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