Les 186 marches
o.
« Un acte de décès peut être obtenu au bureau de l’état civil de Mauthausen II contre paiement d’une somme de 0,72 RM.
« Par délégation, (s) Schulz. S. S. Obersturmführer. »
– Ensuite, un formulaire était envoyé au service II de l’état civil à Mauthausen qui dressait l’acte de décès, c’est-à-dire l’inscrivait dans le registre de l’état civil. Les Russes et les Polonais ne figuraient pas dans ce registre. Ainsi, le travail administratif était terminé et le crématoire incinérait le cadavre.
– D’après le paragraphe 4 de la loi relative à l’incinération, un document était nécessaire, document sur lequel l’autorité chargée des poursuites attestait qu’il n’y avait aucune trace de mort violente. Ce document fut établi, dans chaque cas, par le bureau de la section politique. Il portait la signature de l’Obersturmführer Schulz qui n’avait jamais eu le document en main. La signature était apposée par un sceau, soit par l’expert ou par un détenu ou par un membre des S. S.
– Au cours des années qui précédèrent l’année 1943, et pendant cette année, un nombre non déterminé de détenus du camp sanitaire (camp des malades) fut tué par injections… On envoya la lettre de condoléances à leurs parents.
– Cette méthode qui consistait à tuer par la violence les malades graves et les inaptes au travail fut perfectionnée au cours de l’année 1944 et fut étendue. Une section spéciale de la « section politique » composée par les Unterscharführer Lee, Klemer et Muschik, travaillait les cas de décès. Les détenus gravement malades et inaptes au travail de Mauthausen, du camp auxiliaire de Gusen et des autres camps extérieurs, furent transférés dans un soi-disant camp de « guérison ». L’emplacement de ce camp et le travail qui s’y faisait restèrent secrets. On excluait toute collaboration des détenus. Je ne recevais que les dossiers terminés pour le classement. A l’examen du dossier, aucun profane n’aurait pu remarquer que le détenu avait été assassiné. Seule une personne initiée pouvait voir que l’avis de décès écrit manquait. Par contre, le certificat d’autopsie, l’avis adressé au service de l’état civil, le certificat de décès pour le crématoire existaient tout comme dans chaque autre dossier. Les papiers n’étaient pas dressés par des détenus, mais par les S. S.
Par contre, contrairement aux habitudes, le médecin S. S. se rendait dans une pièce de la section politique, qui était séparée des autres pièces ; il établissait la cause du décès sans se baser sur un document. En général, il indiquait : faiblesse, circulatoire ou cardiaque, etc. Les médecins S. S. étaient : PObersturmführer Dr Böhmichen, l’Obersturmführer Dr Endres, Pobersturmführer Dr Kurz, le Sturmbannführer Dr Wolter et l’Hauptsturmführer Dr Vetter.
Parmi ces détenus, qui furent inscrits dans la liste des morts, on s’aperçut que certains jours il n’y avait pas de décès et que, par contre, d’autres jours, il y avait vingt à cinquante décès, et ce après consultation de la liste. On put constater clairement que la liste journalière des décédés du camp de « guérison » avait été établie par ordre alphabétique, c’est-à-dire, en ce sens, qu’un jour les détenus dont les noms commençaient par B et F mouraient. Il est évident qu’ils avaient été tués en série et que l’inscription était faite après… Comme chacun des dossiers arrivait de la section spéciale dans mon bureau pour le classement, on peut donner des Indications précises quant au nombre des détenus qui furent tués. Il n’y en a pas eu plus de cinq mille. Dans ces cas, les parents reçurent la lettre de condoléances. Les services qui avaient envoyé les détenus, reçurent l’avis mentionnant « mort naturelle ». En l’occurrence, le service d’envoi du détenu ne peut être considéré comme partageant la responsabilité. Le service responsable est le S. S. Wirtschafts-verwaltungshauptamt (service principal administratif et économique des S. S.) d’Oranienburg, lequel donna les ordres. D’autre part, dans les derniers moments qui précédèrent la débâcle, on envisagea de laisser mourir de faim les détenus du camp des malades qui étaient plus de mille. Pendant un et même deux jours, les malades ne reçurent plus à manger. On ignore pourquoi cette mesure fut rapportée.
– Au
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