Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

Les 186 marches

Titel: Les 186 marches Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christian Bernadac
Vom Netzwerk:
sensation.
    – L’agent chargé de dresser les rapports devait, entre autres, s’occuper des dossiers de tous les décédés, exécutés, fusillés, etc. et de ceux des libérés. Ces dossiers remplissaient une pièce entière. Ils étaient placés par rayons qui s’étageaient jusqu’au plafond, en cinq ou six cases superposées. De nombreux décédés et exécutés n’avaient pas de dossier personnel. Il y avait des dossiers collectifs de tous ceux qui étaient morts le même jour ou qui avaient la même nationalité, par exemple : les Russes, les Juifs. En principe, tous les détenus libérés avaient un dossier personnel muni d’une couverture en papier fort. On comptait également comme « libérés » les détenus cédés aux autorités de la Justice pour exécution de peine, lesquels étaient rayés de l’effectif des détenus. Depuis la création du camp jusqu’au moment où les dossiers furent détruits, en avril 1945, les dossiers des libérés ne remplissaient que trois rayons de la largeur d’une armoire normale. Tous les autres dossiers étaient ceux des décédés. Par ces données, on peut établir clairement le rapport existant entre le nombre des libérations ou sorties et celui des décès. Tous les cas de décès avaient un point commun : aucun médecin S. S. ne voyait le malade ou le décédé. Toutefois, ces médecins S. S. rédigeaient et signaient un certificat officiel d’autopsie. Ainsi, journellement, plus de cent fois par jour, les médecins S. S. se rendaient coupables de faux en écritures en dressant les certificats d’autopsie. Les documents étaient rédigés par le détenu tchèque Ellrich, directeur de banque à Prague, et par le détenu autrichien Martin, directeur d’une usine à gaz à Innsbruck. Il est évident que ces deux hommes n’ont jamais vu les cadavres car ils n’étaient que de simples préposés aux écritures à l’infirmerie, laquelle était dirigée par un Sturmscharführer nommé Metzler. Au camp des malades ou aux autres endroits où mouraient des détenus, il n’y avait que des médecins détenus qui voyaient les cadavres. Ce n’est que lors des exécutions que l’on faisait appel à un médecin S. S. Mais le procès-verbal et les certificats d’autopsie étaient falsifiés.
    – Le bureau des écritures du camp transmettait à la section politique un avis de décès écrit, signé par le Rapportführer de l’administration. En vertu de cet avis de décès, le dossier personnel du décédé était enlevé de l’endroit où il se trouvait classé et l’inscription se faisait dans la liste des morts. Le service qui avait envoyé le détenu, l’Office principal de la Sûreté du Reich à Berlin et, pour les affaires criminelles, l’Office criminel du Reich recevaient par télégramme et également par écrit (par lettre express) notification de chaque décès. Les causes de décès n’étaient guère variées : mauvaise circulation ou empoisonnement général du sang, faiblesse cardiaque, etc.
    – A la fin de chaque mois, l’Office principal de la Sûreté du Reich recevait une liste de tous les Juifs décédés au cours du mois. Tous ces services sont, par conséquent, pleinement responsables des massacres en
    masse. Ils ne peuvent alléguer n’avoir pas su ce qui se passait à Mauthausen. Ils ne peuvent pas nier avoir su que tout rapport de la direction relatif à un détenu, rapport qui leur avait été demandé en vue d’une libération éventuelle, était dressé en principe négativement et en des termes sévères pour l’intéressé.
    – Le service qui avait procédé à l’envoi, c’est-à-dire la Staatspolizei ou Kriminalpolizeistelle du ressort de laquelle dépendait le détenu, était prié d’aviser la famille, pour autant qu’il ne s’agisse pas d’un détenu de l’action « Nacht und Nebel ». Pour tous les Allemands du Reich et les détenus des autres nations à l’exception des Russes (au cours des dernières semaines, cela s’applique uniquement aux Allemands du Reich et aux Tchèques), la section politique envoyait directement aux parents une lettre de condoléances conçue en ces termes :
    – « Votre (père, fils, époux, etc.) a été admis dans notre infirmerie lorsqu’il se déclara malade. Malgré le meilleur traitement médical et les plus grands soins, il n’a pu résister à la maladie. Il est mort le… sans avoir exprimé ses dernières volontés. Je vous adresse mes condoléance

Weitere Kostenlose Bücher