Les 186 marches
section politique, je cachai les dossiers des « quarante-neuf ». Je voulais les transmettre aux autorités. Quelque temps après, le tribunal des S. S. de Vienne prit la fuite et s’installa dans les locaux de la section politique à Mauthausen où on lui réserva des pièces. Parmi ces pièces se trouvait celle où étaient déposés les dossiers ainsi que certains relevés provisoires que j’avais établis au sujet des décès journaliers, au sujet des victimes, de leur nationalité, au sujet de la nature des décès, au sujet des personnes tuées par le gaz au camp de « guérison ». Tous ces documents étaient cachés sous de vieilles caisses. Comme la pièce devait être totalement vidée, les documents furent trouvés et brûlés.
LES ADMINISTRATEURS DU CRIME
U n camp de concentration est une lourde machine administrative qui croule sous le poids des dossiers, des fiches, des rapports, des organigrammes. Le Brigadeführer Glucks, responsable de la totalité des camps, après en avoir été l’inspecteur général, lancera commission d’enquête sur commission d’enquête pour tenter de briser cette frénésie poussiéreuse, sans obtenir d’autre résultat que la création de nouveaux intermédiaires. Quatre « sections » se partagent le pouvoir à Mauthausen : kommandantur, administration, camp de détention et section politique. Franz Ziereis, Lagerkommandant, est la plus haute autorité du camp. Il est secondé par l’adjudant, commandant en chef de la garnison (1) et l’administrateur général – Hauptsturmführer Xaver Strauss, chargé de tous les services économiques. Mais il est évident que Franz Ziereis, mis en place pour « transmettre » et « couvrir » laisse la bride sur le cou aux véritables « places fortes » de Mauthausen : section politique et camp de détention.
– Le crématoire était annexé à la section politique .
– L’office de l’état civil (Standesamt) était également annexé à la section politique, mais il dépendait du conseiller de Perg. Le S. S. Hauptscharführer Burckmann était chef de l’office de l’état civil et y travaillait avec son épouse, originaire du pays des Sudètes. Le juge (Gerichtsführer), le S. S. Untersturmführer Go vers, haut fonctionnaire des postes de Hambourg, lequel avait une formation universitaire, appartenait indirectement à la section politique. En outre, au cours des derniers mois, la section politique avait été renforcée par douze femmes employées dans le secteur civil des environs immédiats de Mauthausen. Ces femmes devaient remplacer les membres des S. S. appelés au front. Au moment où les femmes furent considérées comme initiées à leur travail, on ordonna, tout à coup, de remplacer les détenus occupés dans la section car on ne pouvait exiger des femmes qu’elles travaillent avec des détenus.
– En réalité, les détenus ne furent pas remplacés car, comme le dirent les membres des S. S., quelqu’un devait quand même faire le travail. Dès l’instant où les femmes entrèrent dans la section, les membres des S. S. travaillèrent très peu, ils se préoccupaient plutôt de faire la cour aux femmes. Il faut noter que, dès l’arrivée des femmes, les volées de coups que recevaient les détenus de la « section politique », cessèrent presque totalement, ou du moins furent administrées à l’insu des femmes.
– Ce changement doit être attribué indirectement à l’une des nouvelles arrivantes. Il s’agissait d’une jeune fille, au physique avantageux, bien habillée et attrayante. Dès le premier jour commença une véritable course pour se disputer ses faveurs. L’Obersturmführer Schulz essaya de l’inviter à prendre le vin, le café, des gâteaux, mais ses espoirs furent déçus. Tous les autres membres des S. S. tentèrent de l’inviter, ceux de la section politique et ceux des autres sections qui, dans l’après-midi et surtout le soir, à la fin du service, vinrent dans les locaux de la section politique pour voir la jeune fille :
– Tout au début, après l’arrivée des femmes, un détenu reçut des coups. Ses cris de douleur retentirent dans les locaux. Les autres femmes devinrent pâles, certaines quittèrent les lieux ou manifestèrent leur indignation. La jeune fille mentionnée ci-dessus eut une violente crise de larmes. Comme un des S. S. voulait la tranquilliser et la consoler, elle le gifla. Plus tard, lorsque les soupirants se furent
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