Les 4 vies de Steve Jobs
grande valeur. En 2006, un article du Wall Street Journal a dénoncé l’usage de cette pratique dans plusieurs sociétés renommées. Une enquête gouvernementale a révélé qu’elle s’était produite chez Apple entre 1997 et 2001. La déposition de Steve Jobsa lieu le 18 mars 2008 et révèle des préoccupations étonnantes de la part du chef d’Apple…
SEC : Pour revenir dans le temps, j’aimerais comprendre quelque chose. Vous êtes d’abord entré chez Apple comme consultant et non pas comme président ?
Jobs : Lorsqu’Apple a acheté NeXT, la société était dans un sale état. J’essayais d’aider Apple en procurant des emplois à certains salariés de NeXT en mesure d’apporter leur contribution, c’est essentiellement ce que je faisais.
SEC : Est-ce que le Conseil d’administration a renvoyé GilbertAmelio ?
Jobs : Oui.
SEC : Avez-vous alors assumé la présidence ?
Jobs : Non. J’étais préoccupé par le fait que Pixar venait d’entrer en Bourse. À ma connaissance, il n’y avait pas eu auparavant de cas d’une même personne présidant deux sociétés. J’avais l’impression que si je prenais ce poste chez Apple, les actionnaires et les employés de Pixar pourraient avoir l’impression que je les abandonnais.
SEC : Hmm…
Jobs : J’ai donc décidé que je ne pouvais pas faire cela. J’ai pris le titre de président d’Apple par intérim. Il était entendu que durant 90 jours je devais aider à recruter un président à plein temps.
SEC : Comment s’est passé ce recrutement ?
Jobs : J’ai échoué.
SEC : Vous voulez dire que nous n’avez pas trouvé personne qui soit qualifié pour le job ?
Jobs : Oui. Apple allait mal et tout le monde le savait. Les candidats que nous proposaient les chasseurs de têtes n’étaient pas très talentueux.
SEC : Ils n’étaient pas de nature à transformer Apple ?
Jobs : C’est cela.
SEC : Et après 90 jours, que s’est-il passé ?
Jobs : Je suis resté. J’ai conservé le titre de président par intérim pendant plusieurs années.
La SEC s’interroge alors sur les 4,8 millions d’actions Apple qui ont été distribuées à des hauts cadres d’Apple en octobre 2000. Comme Jobsl’explique, il espérait que ces dons de titres feraient office, pour reprendre son expression, de « menottes dorées ».
Jobs : Apple se trouvait dans une situation précaire. La bulle Internet avait explosé. Il me semblait que l’équipe dirigeante d’Apple et sa stabilité constituaient nos forces de base. J’étais préoccupé parce que Michael Dell, l’un de nos principaux concurrents, avait fait venir FredAnderson, notre directeur financier, au Texas avec sa femme pour essayer de le recruter. Deux responsables techniques très importants étaient également vulnérables. J’avais donc peur qu’Apple perde son équipe dirigeante en raison de l’environnement économique et des concurrents qui essayaient de les recruter. Comme je considère que ces talents sont la clé d’Apple, j’en ai parlé au Conseil d’administration…
SEC : Qui étaient ces personnes clés ?
Jobs : Timothy Cookqui était alors VP des Opérations, FredAnderson, notre directeur financier, JohnRubinstein, le responsable du matériel, Avi Tevanian, le responsable du logiciel. Est-ce que j’en oublie ? Je crois que c’était ces quatre-là.
Le souci se trouve pourtant ailleurs. Le conseil légal d’Apple n’a pas été en mesure de distribuer ces titres en temps voulu. Or, entre-temps, le cours a monté, ce qui pose problème. Il a alors été décidé de les antidater – du 7 février au 17 janvier – ce à quoi Steve Jobsaurait donné son accord. De cette façon, les intéressés ont réalisé un bénéfice conséquent : une simple augmentation de 1 dollar sur un million d’actions se transforme en 1 million de dollars de gains ! Sur cette question de l’antidatage des titres alloués aux cadres, Jobs ne minimise nullement son rôle.
Jobs : Pour que ces titres aient une valeur, l’action se doit de monter quelque peu… Il fallait que ces gars réalisent qu’ils gagneraient des dizaines de millions de dollars en demeurant chez Apple. Ce sont vraiment des gens d’exception. Plusieurs d’entre eux pourraient diriger de grandes sociétés.
L’autre partie du dossier concerne une manipulation intervenue en octobre 2000. De 1997 à 2000, Jobsn’a pas souhaité toucher de salaire d’Apple, à
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