Les 4 vies de Steve Jobs
paranoïaque sur l’iPhone, confirme Bertrand Guiheneuf. Plus que sur tout autre projet apparu auparavant. Les gens opéraient dans les locaux séparés, hermétiquement fermés où seuls entraient ceux qui y étaient habilités. »
En octobre 2005, les ingénieurs reçoivent pour mission d’accélérer le rythme et ne savent pas encore qu’ils vont faire face à des défis technologiques cauchemardesques. Selon une source citée par le magazine Wired , le développement va coûter 150 millions de dollars.
L’un des points de la stratégie liée à l’iPhone se déroule en négociations avec les opérateurs de télécoms. Pour ce qui est du territoire américain, l’accord officiel avec Cingular est signé au printemps 2006. Toutefois, Jobsimpose des conditions qui relèvent du jamais-vu. Jusqu’à présent, les opérateurs ont dicté leur loi, imposant des appareils aux consommateurs à des prix plancher, pour mieux les enchaîner sur une ou deux années. À présent, Jobs renverse les rôles. Il réclame 10 dollars par mois sur la facture de l’opérateur, ce qui ne s’est jamais produit jusqu’alors. En échange, il fait miroiter une carotte : cinq années d’exclusivité de l’iPhone.
Le lancement de l’iPhone est alors prévu pour une date clé : le Macworld de janvier 2007…
Durant l’été 2006, l’image dorée d’Apple subit une belle égratignure de la part d’une association plus que respectée. En août, Greenpeace secoue le landernau de l’informatique en publiant un classement des entreprises « éco-responsables ». Apple y est fort mal placée dans tous les domaines sauf le recyclage.
Pour mieux justifier sa décision, Greenpeace publie une lettre ouverte sur son site officiel :
« On adore Apple. La marque à la pomme crée des ordinateurs au design épuré. Mais à l’intérieur, c’est autre chose… Mac, iPod, iBook, tous les produits Apple contiennent des substances chimiques (phtalates, plomb, mercure…) que d’autres fabricants sont en train d’abandonner. Pourquoi ? Parce qu’elles sont dangereuses : une fois obsolètes, ordinateurs, lecteurs MP3 et téléphones mobiles échouent dans des pays en voie de développement, où des travailleurs pauvres les recyclent, les désossent et s’intoxiquent. À la pointe du progrès technologique, Apple refuse pourtant d’utiliser des substances alternatives moins dangereuses pour la santé pour fabriquer ses produits. La pomme reste empoisonnée… »
Une pétition adressée à Steve Jobsest même placée en ligne afin d’aider à faire passer le message. Apple va essuyer plusieurs autres jugements péjoratifs de Greenpeace avant de rectifier le tir.
Un matin de l’automne 2006, une réunion est organisée avec les douze principaux cadres affectés au projet iPhone. Jobsopère alors un constat dramatique : l’iPhone n’est pas à la hauteur des espérances. L’énoncé des problèmes paraît ne jamais devoir s’arrêter. Il est fréquent qu’une communication soit coupée. La batterie cesse de se recharger avant de l’être totalement. Les applications rencontrent des soucis qui les rendent inexploitables… Le verdict tombe :
« Nous n’avons pas encore quelque chose que je puisse appeler un produit ! »
Jobsa parlé calmement mais, en réalité, un frisson parcourt l’échine des participants. L’effet est plus terrifiant encore que lorsqu’il pique une de ses colères légendaires.
« C’est l’une des rares fois chez Apple où j’ai eu froid dans le dos », a raconté l’un des participants à la réunion 141 .
L’enjeu est pourtant clair : l’annonce de l’iPhone doit tomber le 8 janvier 2007 et ils ne disposent donc que de quelques mois pour redresser la situation vite et bien. Si Apple rate le coche, les critiques pleuvront, suscitées en partie par les partenaires de téléphonie qui ont cédé à ses exigences.
À partir de ce moment, les mois qui suivent s’apparentent à un cauchemar pour les équipes dédiées à l’iPhone. Les nuits blanches deviennent la norme, tout comme les engueulades et prises de bec. Comme à l’accoutumée, Jobss’implique dans les moindres détails, allant jusqu’à influer sur la courbure du dos du téléphone.
À la mi-décembre 2006, le pari est gagné. À Las Vegas, Steve Jobsdispose d’un prototype qu’il peut exhiber au Texan Stan Sigman, de Cingular – devenu AT&T Wireless. Tout est là : l’écran tactile, le
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