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Les Amants De Venise

Titel: Les Amants De Venise Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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atmosphère de tristesse et
de mystère.
    « Je dois vous prévenir que j’ai résigné mes fonctions…
cependant…
    – Monseigneur, fit l’Arétin, je regrette pour Venise que
vous ne soyez plus grand inquisiteur. D’ailleurs, c’est
personnellement au seigneur Dandolo que je voulais parler.
    – Ah ! dit faiblement Dandolo, il s’agit donc d’une
affaire qui me serait… personnelle ?
    – Votre Excellence pourra en juger… Je la supplie d’abord
de me pardonner si je me suis trompé. En venant ici, je crois
réellement vous être agréable…
    – Parlez donc sans crainte en ce cas.
    – Voici : je ne sais trop pourquoi, mais j’ai dans
l’idée que vous ou quelqu’un des vôtres… devez avoir gardé un
profond souvenir d’un homme dont j’ai l’honneur d’être l’ami
intime : Roland Candiano. »
    À peine l’Arétin eut-il prononcé ces mots dans toute la
simplicité de son ignorance, qu’il en fut comme épouvanté.
    « Je viens de dire une terrible bêtise »,
songea-t-il.
    En effet, Dandolo s’était brusquement levé, tout blême.
    « Qui vous permet de supposer cela ? gronda-t-il à
voix basse. Que venez-vous me dire ?… Venez-vous de sa
part ?… Est-ce lui qui vous envoie ?… Mais parlez
donc !
    – Nullement, s’écria Pierre tout effaré, je viens de mon
propre mouvement… mais puisque ce nom vous produit une telle
impression… c’est que je me suis trompé ! Je me retire donc,
je me retire…
    – Demeurez, monsieur ! »
    Dandolo fixait sur l’Arétin un ardent regard. Des gouttes de
sueur perlaient à son front. Il put enfin se dominer, et ce fut
d’une voix calme qu’il reprit :
    « Asseyez-vous, monsieur, et parlez franchement.
Qu’avez-vous à me dire au sujet de… Roland
Candiano ? »
    Il prononça ce nom avec un effort visible.
    « Monseigneur, dit l’Arétin, je crois que Roland Candiano a
dû autrefois faire partie de votre famille ? »
    Dandolo frissonna, et un instant l’Arétin put redouter d’avoir
ajouté une bêtise plus terrible encore à la première. Mais le père
de Léonore, agité de sentiments où dominait la terreur, voulait
tout savoir, maintenant. Il se contint donc, et essuyant la sueur
qui coulait sur son visage, demanda d’une voix presque
paisible :
    « Comment le savez-vous ?
    – Eh ! monseigneur, s’écria l’Arétin rassuré,
l’histoire court les rues de Venise. Savez-vous qu’on appelle
encore sur le port Léonore Dandolo et Roland Candiano : les
Amants de Venise ?…
    – Non, monsieur, fit sourdement Dandolo, je ne sais
pas…
    – Enfin, et ceci est pour expliquer ma démarche, le bruit
public veut que vous ayez gardé une profonde affection à Roland
Candiano… Et que vous l’aimiez encore comme un fils quand des
circonstances tragiques vous ont séparé malgré vous…
    – On dit cela ? reprit Dandolo en devenant plus
pâle.
    – On le dit, monseigneur. Mais peut-être se
trompe-t-on ? »
    Et comme Dandolo gardait le silence :
    « En tout cas, ce sont ces bruits que j’ai recueillis, qui
m’ont donné l’idée de faire ce que j’ai fait. Quoi qu’il advienne,
je ne m’en repens pas.
    – Qu’avez-vous donc fait ? râla Dandolo.
    – Je me suis promené dans le palais Imperia », dit
l’Arétin avec un sourire.
    Dandolo fut dès lors convaincu qu’il avait devant lui un
émissaire de Roland, et que cet homme jouait avec d’effroyables
souvenirs pour le frapper d’épouvante.
    Mais déjà l’Arétin, tout entier à son idée,
poursuivait :
    « J’ai visité le palais Imperia au moment où l’on vendait
ses meubles et objets d’art… Or, parmi ces objets, j’en ai vu un
que des gens se disputaient à prix d’or. Il en valait la peine, car
c’est un merveilleux chef-d’œuvre de notre admirable Titien. Vous
comprendrez que j’aie été ému, que j’aie voulu arracher ce tableau
aux indifférents qui l’entouraient, vous comprendrez que j’aie tout
de suite pensé à vous l’apporter, quand vous saurez que ce tableau
n’est autre que le portrait de Roland Candiano… un portrait
sublime, monseigneur, une œuvre où Titien a mis toute sa grâce
généreuse, toute sa magnificence de couleur, toute sa délicatesse
de dessin… Quel regret, me disais-je, qu’un pareil tableau doive
passer à des mains inconnues et indifférentes ! Non,
non ! Et dussé-je y perdre les deux cents doubles ducats d’or
que je le paie, je tenterai de remettre ce

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