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Les Amants De Venise

Titel: Les Amants De Venise Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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Altieri. Il vit les principaux
des conjurés qui s’avançaient vers lui.
    Un instant, ses yeux lancèrent des éclairs, et il regarda son
capitaine des gardes, prêt peut-être à lui donner un ordre.
    Mais la vision de Gennaro, debout dans un coin, les yeux fixés
sur lui, le rappela au sang-froid. Ses traits se détendirent.
    Et il se mit à sourire aux compliments empressés.
    « Monseigneur, disait Altieri, le jour du mariage du doge
avec l’Adriatique est proche. Tous les détails de la cérémonie sont
réglés, excepté un point : nous ne savons pas quel vaisseau
montera Votre Excellence…
    – Mais le vaisseau amiral, cher ami… n’est-ce point
l’usage ?… »
    Altieri s’inclina avec un sourire de triomphe.
    « Je crois maintenant que je puis m’en aller », se dit
Gennaro qui, effectivement, disparut en se frottant les mains.
    « À propos de cette cérémonie, reprit le doge, je désire,
mon cher Altieri, que vous vous teniez près de moi, non que je
craigne la moindre émotion populaire, mais je désire vous faire
honneur… ainsi qu’à vous tous, messieurs ; je compte que vous
serez près de moi… »
    Et le doge, souriant regagna ses appartements, en passant,
impassible, dans la double haie des conjurés inclinés…

Chapitre 19 UNE SPÉCULATION DE L’ARÉTIN
    Plaise à nos lecteurs de se reporter maintenant à cette nuit
tragique où Bianca se tua dans le palais Arétin, où Bembo s’enfuit
de Venise pour courir à Rome, où Roland et Scalabrino se mirent à
sa poursuite. On se souvient sans doute que quelques heures avant
ces divers événements, Imperia elle-même avait quitté Venise, et on
n’a pas oublié que la courtisane était partie en ordonnant à son
intendant de vendre tout ce qu’elle possédait, excepté le grand
portrait encadré d’or qui se trouvait dans le mystérieux réduit où
nous avons pénétré au début de ce récit.
    Pierre Arétin avait assisté, avec un effroi facile à concevoir,
à la scène émouvante qui venait de se dérouler dans son
palais : Roland et Scalabrino survenant en tempête, la porte
de la chambre de Perina enfoncée par le colosse, Bianca étendue
morte, la fuite de Bembo, le désespoir de Scalabrino…
    Lorsque Roland eut entraîné son compagnon, Pierre Arétin vit que
la chambre de Bianca avait été envahie par ses domestiques et ses
servantes accourus.
    Il jeta un regard de compassion sur le corps de la pauvre
Bianca, puis la terreur reprenant ses droits, il se tourna vers ses
domestiques, leur ordonna de tout barricader, de s’armer de
pistolets et d’arquebuses, et de faire bonne garde, ajoutant qu’il
tuerait de sa propre main quiconque aurait l’audace d’ouvrir une
seule porte avant le grand jour venu.
    Pendant ce temps, Perina, aidée de ses compagnes, transportait
sur un lit le corps de Bianca, puis, faisant le tour des
appartements, elle s’emparait de toutes les fleurs qui y étaient
toujours à profusion et venait en couvrir la pauvre petite
morte.
    L’Arétin approuva d’un signe de tête ; puis il ordonna à
tout le monde de se retirer et rentra lui-même dans sa chambre,
fort agité.
    Au lieu de se coucher et de tempêter selon son habitude, il se
mit à arpenter sa chambre à pas précipités, tantôt essuyant une
larme, tantôt pestant à demi-voix.
    « Ce Bembo est un brutal, grommelait-il. Je ne voudrais pas
être dans sa peau. Je crois qu’il va passer un mauvais moment. Mais
quel démon l’a poussé à choisir ma maison pour y frapper cette
enfant ! Me voilà avec ce cadavre sur les bras… Que vais-je en
faire ?… Cette petite Bianca ne pouvait-elle aller mourir plus
loin ! Tout cela m’apprendra, dans l’avenir, à être moins
bon… »
    Maître Arétin raisonnait, comme dit l’autre, en subtil
personnage.
    Il finit par se coucher et ne laissa pas que de dormir le reste
de la nuit, quoique d’un sommeil un peu agité de rêves.
    Le lendemain matin, de bonne heure, il manda l’un de ses valets,
et lui ordonna de s’occuper des funérailles de Bianca :
funérailles qui consistaient à placer le corps dans un cercueil, le
cercueil sur la gondole des morts, et à conduire la gondole
jusqu’au canal Orfano où l’on jetait les corps des criminels et des
pauvres.
    L’Arétin achevait de prendre ces dispositions lorsqu’il reçut la
visite du gondolier que lui envoyait Roland avec une lettre.
    On a vu que le poète se conformait scrupuleusement aux
instructions que lui donnait

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