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Les Amants De Venise

Titel: Les Amants De Venise Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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désespéré sa dernière carte.
    Et cela lui donnait la même intrépidité qu’à Foscari.
    Il faisait maintenant tout à fait jour.
    Conjurés et amis du doge s’étudiaient, s’examinaient du coin de
l’œil tout en causant de choses indifférentes.
    Il se faisait de brusques silences, pareils à ces inquiétants
silences de la nature au moment où l’orage va éclater.
    Puis, soudain, les conversations reprenaient, plus vives, plus
fiévreuses, avec des rires qui décelaient des angoisses.
    Et c’était le même aspect de foule qu’au soir des fiançailles de
Léonore et de Roland.
    Sous les mêmes étincelants costumes brillaient les mêmes
cuirasses entrevues ; sous les soies aux couleurs vives, les
mêmes cottes de mailles ; sous le même air de fête, les mêmes
sourdes menaces.
    Seulement, au-dehors, le peuple se taisait.
    Mais ce silence ajoutait encore à l’angoisse générale.
    Soudain, une grande porte, celle qui menait à la salle du
conseil, s’ouvrit.
    C’est par cette porte même que Roland Candiano avait disparu
jadis en jetant à Léonore un dernier sourire confiant.
    Le doge Foscari apparut, en grand costume, couronne en tête,
manteau ducal sur les épaules, et au côté la lourde épée à la
poignée si étincelante de pierreries qu’on l’eût dite taillée dans
un seul diamant.
    Deux valets de cérémonie portaient la queue de l’immense
manteau.
    Le maître des cérémonies marchait en tête.
    Derrière lui, six huissiers.
    Et immédiatement derrière Foscari, six autres huissiers. Les
dignitaires de la maison du doge, encadrés eux-mêmes d’huissiers,
venaient ensuite.
    Et enfin, quarante hallebardiers gigantesques fermaient la
marche.
    Ce fut dans cet ordre que ce groupe entra dans l’immense salle
des Doges, sous le regard des anciens doges de Venise fixés dans
leurs cadres, sous les mille regards aussi des dignitaires,
patriciens, fonctionnaires et officiers réunis.
    Foscari s’avança d’un pas majestueux.
    Aussitôt douze hérauts sonnèrent une courte fanfare.
    L’entrée de Foscari ainsi encadré de costumes d’une richesse
inouïe, la main rudement appuyée à la garde de son épée, la tête
haute, les yeux étincelants, produisit un effet indescriptible.
    Les amis du doge poussèrent d’enthousiastes acclamations.
    Les conjurés se turent.
    Mais Altieri, d’une voix forte, cria :
    « Vive le doge ! »
    Et la masse des conjurés comprenant que leur chef évitait ainsi
de donner une marque de sympathie à Foscari, tout en feignant de
l’acclamer, poussèrent un immense cri de : Vive le
doge !…
    Foscari comprit.
    Car les yeux de tous ces hommes qui criaient ainsi étaient
tournés vers le capitaine général.
    Les hérauts sonnèrent encore, le coude levé, la trompette
haute.
    Puis le maître des cérémonies fit un geste solennel, et un lourd
silence plana sur cette assemblée.
    Les membres du Conseil des Dix s’avancèrent alors vers le doge
et le saluèrent.
    « Salut à vous, répondit Foscari, gardiens vigilants de nos
lois, vous, espoir des fidèles, terreur des traîtres… »
    Il avait prononcé ces mots d’une voix si vibrante qu’Altieri,
qui s’avançait à son tour, eut une hésitation et pâlit légèrement,
tandis que, dans le groupe compact des conjurés, les mains
cherchaient la garde des poignards.
    Peu s’en fallut que la collision n’éclatât dès ce moment.
    Mais déjà Altieri, se remettant, parlait à voix haute et
distincte.
    « Mes officiers et moi, disait-il, nous sommes heureux
d’assister Votre Magnanime Excellence dans la belle cérémonie qui
se prépare…
    – La cérémonie, dit Foscari, sera aussi belle qu’on pouvait
la souhaiter puisque vous en serez. Je vous remercie, monsieur le
capitaine général, vous et vos officiers… »
    Les membres du clergé se présentant aussitôt firent oublier un
instant ce que les paroles échangées pouvaient avoir de
sous-entendus menaçants.
    Après le clergé, les différentes institutions d’État,
représentées par leurs membres les plus éminents, saluèrent tour à
tour Foscari.
    À mesure que ces formalités s’accomplissaient, le maître des
cérémonies composait le cortège et plaçait chacun à son rang.
    Mais pour Altieri, il y eut une exception. Le doge indiqua
formellement sa volonté de l’avoir près de lui.
    Au moment où ces préparatifs se terminaient, les cloches de
Saint-Marc se mirent à sonner à toute volée.
    C’était le signal du

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