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Les Amants De Venise

Titel: Les Amants De Venise Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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par groupes, les uns écoutant la
musique, d’autres formant des cours d’amour.
    Imperia, accompagnée de l’homme masqué, promena sa triomphale
beauté, tandis qu’un entretien à voix basse commençait.
    « Où est Bianca ? demandait l’homme d’une voix
sourde ?
    – Elle ne paraîtra pas.
    – Vous n’oubliez pas ce qui est convenu ? reprit-il,
plus menaçant. Après le mariage, Bianca est à moi…
    – Le mariage n’aura pas lieu… du moins
après-demain. »
    Cette fois l’homme tressaillit. Sous son masque il devint très
pâle.
    « Que voulez-vous dire ?… Elle refuse ?…
    – Écoutez, Bembo, je vais vous apprendre une chose que je
vais tenir secrète pour tous, même pour l’homme qui nous dévore des
yeux, là-bas, se demandant ce que nous complotons. »
    Bembo jeta un regard du côté de Sandrigo. Et, à travers les
trous du masque, ce regard darda une telle flamme que Sandrigo, les
dents serrées, se leva, et chercha à rejoindre le couple.
    « Hâtez-vous donc, alors, dit Bembo, car il
vient !
    – Bianca a disparu, il y a moins de deux heures, dit
Imperia. Ne frémissez donc pas ainsi… Je soupçonne qu’elle a dû
chercher à rejoindre Roland Candiano dans la maison de Mestre.
Voilà. Maintenant, agissez selon votre inspiration. »
    Bembo porta la main à son front comme s’il eût été menacé d’un
afflux de sang. Mais il se remit aussitôt, s’inclina profondément
devant la courtisane, un peu pâle de ce qu’elle venait de faire, et
s’éloigna au moment même où Sandrigo rejoignait Imperia.
    La courtisane sourit de son sourire le plus enchanteur.
    « Qui est ce mauvais oiseau ? demanda Sandrigo.
    – Un de mes amis, qui deviendra le vôtre, j’espère ;
un charmant seigneur de Venise. »
    Sandrigo fut rassuré plus par le sourire que par la réponse.
    Il n’avait pas imaginé qu’Imperia fût si belle, pût être d’une
beauté si différente de celle qu’il connaissait. Il était ivre de
volupté. Ce fut d’un ton presque indifférent qu’il
demanda :
    « Je ne vois pas encore Bianca ?
    – Tout à l’heure, ami… »
    Sandrigo se laissa entraîner…
    Bembo avait fait le tour des salles de fête, sans se hâter,
réfléchissant sur ce qu’il venait d’apprendre. Il atteignit des
chambres désertes, puis le couloir ; à la porte de
l’appartement de Bianca, il écouta un instant, puis essaya d’ouvrir
comme il avait fait une fois.
    La porte s’ouvrit. La chambre était déserte. Bembo aperçut la
robe et les bijoux…
    « Elle a dit la vérité ! » murmura-t-il avec un
frisson de joie.
    Quelques instants plus tard, il était dehors, et sautait dans
une gondole en disant au patron :
    « Au-delà de la grande lagune, route de Mestre, vite !
je paie double. »
    Bientôt la gondole s’élança.
    Vers le milieu de la lagune, Bembo, assis à l’avant, entrevit
une masse sombre qui s’avançait. Il la montra au patron.
    « Une barque qui revient sur Venise », dit
celui-ci.
    Bembo tressaillit, frappé d’une idée soudaine.
    « Pouvez-vous parler aux gens de cette barque ?
    – C’est facile, quand nous serons bord à bord. »
    Et le gondolier gouverna pour ranger au plus près l’embarcation
qui venait. Au bout de quelques minutes, les deux gondoles étaient
dans les mêmes eaux, marchant à contre-bord.
    « Ohé, de la barque ! cria le patron.
    – Qu’y a-t-il ? répondit une voix dans la nuit.
    – D’où venez-vous ? demanda Bembo impérieusement.
Répondez, ou vous aurez affaire à la police du port.
    – Nous venons de la route de Mestre ! répondit la
voix.
    – Vous avez conduit une jeune femme ?
    – C’est cela même, Excellence !
    – C’est bien, vous pouvez continuer votre route, reprit la
voix sévère de Bembo ; mais si vous avez menti, prenez
garde ! Le nom de votre bateau ? »
    Cette fois le patron de la
Sirena
se garda de répondre,
et persuadé qu’il avait affaire à un policier, fit force de rames
et de voiles.
    La
Sirena
disparut au milieu de la nuit.
    Bembo eut un instant l’idée de la poursuivre ; mais il
réfléchit qu’il perdrait un temps précieux, et qu’en somme il
savait ce qu’il voulait.
    Lorsque Bembo toucha terre, il ordonna au gondolier de
l’attendre et s’élança sur la route de Mestre.
    Il était simplement armé du poignard qui ne le quittait jamais
et avait emprunté une lanterne sourde à la barque. Bientôt il fut à
l’entrée de la

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