Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

Les Amants De Venise

Titel: Les Amants De Venise Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
Vom Netzwerk:
armée de flacons, de pots contenant des
cosmétiques de toutes nuances étaient étalés sur le marbre d’une
table immense, et tout cela était remué sans bruit par les femmes
qui lui présentaient, sur un signe, l’arme dont elle avait
besoin.
    Ce long travail dura deux heures, au bout desquelles Imperia,
debout devant un miroir qui occupait tout un panneau de la chambre
depuis le plancher jusqu’au plafond, se regarda.
    « Admirable », dit-elle lentement.
    C’était vrai.
    Imperia, telle qu’elle venait de se créer, avec sa chevelure
relevée à la mode grecque, sa robe simple aux formes flottantes,
ses bras nus, sans un bijou, Imperia, d’une simplicité d’attitude
et de draperie qui la rendait pareille à une statue de beau marbre,
Imperia, avec son sourire de perverse innocence et de tendresse
craintive, c’était vraiment un chef-d’œuvre.
    Sûre d’elle-même, Imperia se dirigea vers l’appartement de sa
fille. Elle vit avec surprise que la porte du couloir était
entrouverte et entra. Sur le canapé, la robe blanche était étalée.
Sur la table le coffret aux bijoux rutilait.
    « Pas habillée ! songea Imperia dont le cœur se mit à
battre. Elle ne viendra pas. »
    Elle courut à la porte du fond qui ouvrait sur le logis des
femmes de Bianca : cette porte était fermée. Imperia appela.
Les femmes lui répondirent de l’intérieur. Elle s’aperçut alors que
la clef était sur la serrure et elle ouvrit.
    « Où est Bianca ?
    – Elle était là, signora.
    – Eh bien, elle n’y est plus. »
    Imperia s’efforça de donner à ces paroles un frémissement
d’inquiétude. En réalité, c’est de joie qu’elle palpita. Il n’y
avait aucun doute dans son esprit : Bianca était partie.
    Les servantes se mirent à pousser les cris de surprise
dramatique par lesquels tout bon domestique cherche à prouver la
part qu’il prend au malheur de ses maîtres.
    Mais Imperia leur imposa silence.
    « Pas un mot sur cette affaire », ordonna-t-elle.
    Et pour plus de sécurité, elle fit comme avait fait
Bianca : elle enferma les servantes dans l’arrière-logement.
Puis elle se retira chez elle, et s’examina dans un miroir.
L’émotion n’avait nullement altéré ses traits. Seulement ses yeux
lui parurent briller d’un étrange éclat. Elle s’assit.
    De loin, lui arrivaient des bouffées de musique. Et cela berçait
les sentiments subtils qui se heurtaient à ce moment dans sa
pensée.
    Imperia aimait sa fille, cela est indiscutable et ses lettres en
font foi ; elle souffrait réellement de sa disparition, mais
non de la même manière que la première fois. Lorsque Bianca avait
été enlevée par Roland Candiano, elle n’avait été que mère, et elle
avait pleuré en mère. Cette fois, certes, elle souffrit encore, et
ressentit au fond d’elle-même ce tourment qu’elle avait déjà
éprouvé. Mais Sandrigo ne verrait pas Bianca… et la joie l’emporta
sur le tourment. La nature compliquée d’Imperia reçut le choc de
ces sentiments inverses sans que son visage en portât la trace.
    Alors elle se décida à entrer dans les salles de la fête.
    Elle apparut radieuse, éclatante, si jeune, si vraiment belle
qu’une sorte d’acclamation enivrée l’accueillit. Imperia, dès lors,
fut dans son véritable élément. L’admiration qui éclatait dans tous
les yeux lui apporta cette plénitude de satisfaction qu’elle avait
eue parfois dans sa vie de grande amoureuse, toujours à la
recherche du raffinement, dans la joie comme dans la douleur. Elle
oublia tout, s’exalta de toute l’exaltation qui l’enveloppait, et
d’un geste de reconnaissance émue envoya un baiser à cette foule
qui la saluait et l’acclamait, se donnant toute à tous. Alors, ce
fut un délire d’enthousiasme qui ne se calma qu’au moment où
Sandrigo lui offrit la main pour la conduire à un fauteuil, sorte
de trône couvert d’un dais de soie blanche.
    Sandrigo s’assit près d’elle, répondit par des sourires, par des
paroles, par des gestes aux compliments hyperboliques parmi
lesquels ceux de l’Arétin, plus empressé que tous.
    Cependant, un homme s’inclinait devant elle, tout près
d’elle.
    Imperia tressaillit en reconnaissant cet homme malgré son
masque. Elle se leva, faisant signe à Sandrigo de l’attendre.
    L’homme masqué lui offrit la main que la courtisane accepta.
    La première émotion calmée, la foule des invités cherchait
maintenant à s’amuser, se formant

Weitere Kostenlose Bücher