Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

Les Amants De Venise

Titel: Les Amants De Venise Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
Vom Netzwerk:
suppliée ; mais ne parlons pas de
cela, cher : laissez-moi pour ce soir encore tout mon
bonheur ; demain, vous penserez à Bianca ; ce soir, vous
êtes tout à moi… voulez-vous ?
    – Soit…
    – Folie, si vous voulez, cher, très cher… mais cette fête
m’ennuie, je soupire après le moment où nous serons seuls…
    – La nuit s’avance…
    – Oui, et savez-vous ce que je voudrais, tout à l’heure,
quand ce monde qui m’assomme sera parti ?
    – Dites… »
    Imperia, peu soucieuse d’être vue, avait entouré de ses deux
bras un bras de Sandrigo, et laissé tomber sa tête sur son
épaule.
    « Eh bien, écoutez… J’ai fait préparer une gondole, ma
grande gondole de cérémonie ; la tente en est intérieurement
recouverte de satin ; des coussins de velours sur une peau
d’ours blanc, cela fait un nid bien doux pour des étreintes
d’amour… c’est là que je voudrais, tout à l’heure, dans le rêve de
la nuit, dans le doux balancement des vagues, être toute à vous,
toute à toi… »
    Roland n’entendit plus rien qu’un murmure confus. Il
s’éloigna.
    « Bianca est renfermée chez elle, songea-t-il. La prévenir
de ce que nous allons faire tout à l’heure ?… Oui, sans doute…
Ce sera une grosse émotion évitée à cette enfant… Allons ! La
mère, triste mère, est occupée ici… allons ! »
    Dix minutes plus tard, il avait constaté l’absence de
Bianca.
    Roland rentra dans les salons.
    Cette fois, Imperia causait en riant avec quelques jeunes
seigneurs.
    Dans un groupe, Pierre Arétin pérorait de sa voix tonitruante et
cherchait à prouver que le Tasse n’avait aucun talent.
    Roland le toucha à l’épaule et lui fit signe de le suivre.
    L’Arétin, étonné, mais flairant, selon son habitude, quelque
aubaine, suivit cet homme masqué qu’il ne reconnaissait pas.
    Mais dès qu’ils furent perdus dans la foule, par un mot, Roland
se fit reconnaître. L’Arétin frémit en songeant à toutes les haines
qui entouraient cet homme, et que le palais d’Imperia était à ce
moment le foyer de ces haines.
    « Allez dire à Imperia que vous avez une grave nouvelle à
lui communiquer en secret, dit Roland.
    – Quelle nouvelle ?
    – Ne vous en inquiétez pas, et suivez simplement cette
femme où elle vous conduira. Le reste me regarde. »
    L’Arétin s’élança.
    Roland le vit manœuvrer pour s’approcher de la courtisane, lui
parler à voix basse : et quelques minutes plus tard, il vit
Imperia, escortée de l’Arétin, quitter lentement les salles de
fête.
    Il les suivait pas à pas.
    Imperia traversa deux ou trois pièces désertes et parvint enfin
à ce petit salon retiré, sorte de boudoir, où Roland avait déjà
pénétré.
    La courtisane entra. L’Arétin fit un pas pour la suivre.
    Mais à ce moment, Roland le prit par le bras, l’arrêta, et
franchissant le seuil à la place du poète, referma la porte.
    Imperia s’était assise en disant :
    « Je vous écoute, mon cher, nous sommes seuls. »
    En parlant ainsi, elle leva machinalement la tête et vit que ce
n’était pas l’Arétin qui était devant elle, mais un homme masqué
qu’elle ne connaissait pas.
    Elle bondit et voulut s’élancer vers la porte.
    « Madame, dit froidement Roland, faites un pas, jetez un
cri, et je vous tue. »
    Au son de cette voix, Imperia tressaillit de terreur.
    « Qui êtes-vous ? » demanda-t-elle.
    Roland fit tomber son masque.
    Elle recula, livide, hagarde, et alla retomber, palpitante, sur
le fauteuil qu’elle venait de quitter.
    « Rassurez-vous, madame, reprit Roland en s’asseyant à son
tour ; il me déplairait souverainement de voler au bourreau ce
qui lui appartient, et si vous consentez à m’écouter
tranquillement, je ne vous toucherai pas.
    – Parlez », dit Imperia.
    Elle se remettait peu à peu.
    Sa première épouvante se transformait en une ardente curiosité,
et pour tout dire, elle se sentait instinctivement protégée par la
générosité chevaleresque de son adversaire.
    « Madame, dit alors Roland, vous avez organisé dans votre
palais une fête magnifique dont je viens d’admirer l’éclat et la
somptuosité ; mais, ou j’ai été trompé, ou c’est dans un
dessein bien précis que vous donniez cette fête.
    – Que voulez-vous dire ?
    – Ceci : on m’a affirmé, et je suis sûr de
l’exactitude du renseignement, que cette fête avait pour but de
présenter votre fille Bianca devant la société

Weitere Kostenlose Bücher