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Les Amants De Venise

Titel: Les Amants De Venise Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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lui.
    Enfin, un profond soupir gonfla sa poitrine, et il allait se
retirer lorsqu’on le toucha au bras. Il se retourna et vit un homme
qui s’inclinait devant lui, un homme vêtu en barcarol aisé.
    « Qui êtes-vous ? demanda Roland.
    – Si vous voulez me suivre, je vous le dirai, répondit
l’homme.
    – C’est inutile. Je vous reconnais maintenant. Vous êtes
Guido Gennaro, chef de police. »
    Et Roland, jetant un rapide regard autour de lui, s’assura
qu’ils étaient seuls et se mit en garde contre une attaque
probable.
    « Rassurez-vous, monseigneur, dit Guido Gennaro. Vous avez
le souvenir de la voix humaine, puisque voilà la deuxième fois que
vous me reconnaissez au seul son de ma voix. Mais moi, monseigneur,
j’ai le souvenir des actes.
    – Ce qui veut dire ?
    – Que vous n’avez rien à craindre de moi, tant que je serai
votre débiteur.
    – Expliquez-vous…
    – J’ai eu l’avantage de vous proposer de me suivre. Ici,
nous serons épiés.
    – Où voulez-vous me conduire ?
    – N’importe où, pourvu que nous puissions causer
tranquillement dix minutes. Dans cette église, par
exemple. »
    Roland jeta un coup d’œil investigateur sur l’église.
    « Monseigneur, dit le chef de police en s’inclinant, je
vous jure sur mon âme qu’il n’y a dans cette église aucun sbire
caché pour vous arrêter. D’ailleurs, si vous préférez que nous
allions dans un autre endroit, je suis prêt à vous suivre.
    – Entrons », dit Roland.
    L’église était en effet solitaire, et Roland, dès son entrée,
put se convaincre que Guido Gennaro ne l’avait pas trompé. Ils se
dirigèrent vers une chapelle latérale. Roland s’assit et, d’un
geste, invita le chef de police à prendre place près de lui.
    « Je vous écoute, dit-il.
    – Monseigneur, reprit Guido Gennaro après une minute de
silence, il faut d’abord que je vous prévienne d’une chose :
c’est que j’aurais pu vous arrêter cette nuit à la fête de la
courtisane Imperia, et que je n’ai pas voulu le faire.
    – Il fallait essayer, dit Roland, c’est votre métier.
    – Oui, et je crois que j’eusse réussi, malgré les forces
que vous aviez amenées dans un dessein que j’ignore.
    – Je vois que vous êtes bien renseigné.
    – C’est mon métier, dit le chef de police en reprenant le
mot dont s’était servi Roland.
    – Alors, pourquoi avez-vous hésité ?
    – Je vais vous le dire, monseigneur. Vous m’avez fait grâce
de la vie, et je considère que vous m’êtes sacré… jusqu’au jour où
je vous aurai rendu un service égal à celui que vous m’avez
rendu.
    – C’est-à-dire jusqu’au jour où vous m’aurez sauvé la
vie…
    – Ou quelque chose d’équivalent : par exemple la vie
d’une personne qui vous serait aussi chère que vous-même, sinon
plus.
    – De quelle personne voulez-vous parler ?
    – Un peu de patience, monseigneur. Laissez-moi d’abord
achever ce que je voulais vous dire. J’avais donc l’honneur de vous
informer que vous m’êtes inviolable tant que je n’aurai pas payé ma
dette. Mais dès que je me croirai quitte envers vous, je vous
préviens que tous mes efforts tendront à votre arrestation, parce
que ce n’est pas seulement mon devoir de vous arrêter, mais aussi
mon intérêt. »
    Roland fit un geste hautain.
    « Et quand vous croirez-vous dégagé de toute
reconnaissance ?
    – Dans dix minutes, monseigneur.
    – Ce qui veut dire que dans un quart d’heure, vous
essaierez de m’arrêter…
    – Non, monseigneur, dit simplement Guido Gennaro, je
n’entreprendrai rien avant trois jours. J’ai la prétention d’agir
en adversaire loyal, et j’espère que si la fortune ne m’était pas
favorable, monseigneur me ferait la grâce de ne pas l’oublier…
    – Soyez tranquille », dit Roland.
    Alors Guido Gennaro parut se recueillir comme s’il eût cherché
en quels termes il devait parler.
    « Monseigneur, dit-il tout à coup, je vous disais tout à
l’heure que mon métier est de tout savoir. Ce métier, j’en ai fait
une science profonde. Je ne me contente pas de savoir ce qui se
passe, je cherche à savoir ce qui se pense, et souvent je
réussis. »
    Roland ne broncha pas et garda son impénétrable figure de
statue. Guido Gennaro lui ayant jeté un coup d’œil en dessous,
reprit, comme en aparté :
    « C’est ce qui fait que je serais vraiment un grand
inquisiteur digne de ce nom, le jour où un doge

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