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Les Amants De Venise

Titel: Les Amants De Venise Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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là-bas dans le palais Arétin,
pas une pensée de regret ou même simplement de souvenir.
    Plus rien en lui que la joie d’être sauvé.
    À Rome, il retrouverait Imperia !
    Et Imperia était un merveilleux instrument de fortune qu’il
avait appris à apprécier et dont il comptait bien jouer
savamment.
    Comme le soir tombait, il demanda son cheval.
    L’hôte le lui amena, lui tint respectueusement la bride tandis
que la fille d’auberge lui présentait le coup de l’étrier.
    Bembo but d’un trait, sourit à la fille, fit un geste à l’hôte
et, piquant son cheval, s’éloigna grand trot dans la direction de
Rome.
    *
    * *
    Il y avait un quart d’heure à peu près que Bembo avait disparu,
lorsque deux cavaliers, dont l’un était une sorte de colosse, au
visage douloureux, mirent pied à terre devant
l’Osteria della
Forca.

Chapitre 13 GENNARO PAIE SA DETTE
    Comme, pas plus que le lecteur, nous n’avons le don d’ubiquité,
et que de graves événements – parallèles à ceux dont nous venons de
faire le récit – se sont écoulés à Venise, force nous est
d’abandonner ces deux cavaliers que nous signalions à l’auberge de
la Fourche, d’abandonner aussi Bembo qui se dirige sur Rome où il
va retrouver Imperia. Nous engageant donc seulement à bientôt
ramener ces personnages sur notre scène, c’est sur d’autres scènes
que nous levons le rideau.
    Nous prierons le lecteur de revenir à cette nuit de fête et
d’amour et de mort où la courtisane Imperia, dans une minute de
folie et de fureur jalouse, livra sa fille au cardinal, en lui
indiquant par un mot le chemin qu’elle avait dû prendre. Nous le
prierons de reconstituer la scène de la gondole, la mort de
Sandrigo et de Juana, et de se reporter à ce moment où Imperia,
dans cette petite barque ballottée au gré des flots, accostait au
quai. Un rassemblement se formait. Un homme s’offrait pour
reconduire la courtisane. Cependant on a vu que Scalabrino avait
annoncé à Roland qu’il avait poignardé Sandrigo et noyé
Imperia.
    Roland, après avoir donné différents ordres, s’était éloigné, à
l’aube, de la maison de l’île d’Olivolo. Scalabrino, sur ses
indications, était parti dans une autre direction à la recherche de
Bembo. Il ne resta dans la maison que le vieux Philippe, et on a vu
que Gianetto, le valet de l’Arétin, était arrivé trop tard pour
informer Roland de l’arrivée de Bembo chez son maître.
    Roland, donc, s’était mis en route, seul.
    Il était, lui, sur une double piste : celle de Bianca, et
celle de Juana. Après le départ de cette dernière de la maison de
Mestre, il ne l’avait pas perdue de vue. Il avait attaché un de ses
compagnons à la jeune femme, avec mission de la surveiller
secrètement, de la protéger.
    « Pauvre fille ! songeait-il. Son amour pour Sandrigo
la pousse peut-être à quelque catastrophe. Pour cet amour, ce
misérable l’eût tuée, si cette nuit, Scalabrino… Mais le voilà
mort !… Que devient-elle ?… Il faut que ce soit dans les
bras fraternels qu’elle puisse pleurer ; il faut qu’elle
trouve un cœur pour la consoler. Puissé-je trouver moi-même les
paroles qui rendront un peu de paix à ma sœur… Ô ma mère que
n’es-tu là, toi pour qui ce cœur sublime consentit le sublime
dévouement que tu ne connus pas, toi qui l’appelais ta
fille. »
    L’esprit ainsi préoccupé, tantôt de ce qu’il dirait à Juana,
tantôt de la disparition de Bianca, il cheminait le long des quais,
se dirigeant vers le logis de Juana dont il avait su l’adresse
exacte dès le premier jour. Il se heurta presque à un rassemblement
d’hommes et de femmes du peuple qui regardaient quelque chose qui
devait être extraordinaire, car Roland, ayant levé les yeux,
reconnut Imperia dans la barque, Imperia, avec son costume de fête,
Imperia transie de froid, blême de terreur.
    Une sourde imprécation éclata sur les lèvres de Roland.
    Ainsi, Imperia vivait !
    Ainsi, précipitée dans le canal par Scalabrino, elle
reparaissait !
    Roland demeura songeur devant cette apparition.
    « Pourquoi ne l’ai-je pas tuée cette nuit ? »
gronda-t-il.
    Comme dans une vision de cauchemar, il vit un homme se détacher
du groupe, et entrer dans la barque qui s’éloigna.
    Depuis quelques minutes, le rassemblement s’était dissipé déjà,
et Roland demeurait à la même place, frappé d’étonnement, et
presque d’horreur. Une sorte de colère grondait en

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