Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

Les Amants De Venise

Titel: Les Amants De Venise Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
Vom Netzwerk:
froidement Guido Gennaro.
    – Eh bien, moi, fit le sbire rayonnant de joie, je le
reconnais : c’est Roland Candiano !… »
    Le chef de police se tourna vers une demi-douzaine de sbires
qui, en tout temps, le suivaient.
    Le dénonciateur songea : « Ma fortune est
faite. »
    Guido Gennaro lui mit la main au col, et le jetant dans les bras
des sbires accourus :
    « Conduisez cet homme chez moi, dit-il, mettez-le au
secret, et veillez sur lui, c’est un conspirateur. »
    Au même instant, le dénonciateur fut entraîné, blême de
terreur.
    « Imbécile ! murmura Gennaro, imbécile qui allait me
faire manquer toute ma combinaison ! »
    En se frottant les mains, il entra dans l’église où il rejoignit
Roland qui, adossé à un pilier, le regard perdu, évoquait dans sa
pensée le terrible spectacle qu’il venait d’avoir sous les yeux. Et
remontant le cours du temps, il évoquait aussi cette scène où Juana
lui avait raconté comment, pour sauver sa mère mourante, elle
s’était procuré l’argent nécessaire.
    L’apparition de Guido Gennaro l’arracha à sa muette et sombre
contemplation. Il secoua violemment la tête, comme pour
dire :
    « Je n’ai pas le droit de m’abandonner… Douleurs, joies,
tout doit glisser autour de moi… je n’ai pas le droit de m’arrêter
sur la route pour rire ou pleurer… »
    Il fit un geste pour inviter le chef de police à parler…
    « Monseigneur, reprit alors Guido Gennaro, je crois vous en
avoir assez dit tout à l’heure pour vous faire comprendre que j’ai
pu reconstituer votre pensée et suivre pas à pas, sinon toutes vos
démarches, du moins votre volonté. Enfin, si je n’ai pas
connaissance de vos actes, j’ai connaissance de vos intentions. Le
dernier incident qui vient de se produire fait partie de la série…
et je m’explique la mort de Sandrigo, bien que je sois un peu
dérouté par la mort de cette jeune femme…
    – Passez ! gronda Roland, dont le visage se contracta
sous l’effort qu’il faisait pour dompter sa douleur.
    – Je passe, monseigneur. Et j’arrive à la conclusion de
tout ce que j’ai eu l’honneur de vous exposer. Ma conclusion
logique, irréfutable dans mon esprit, c’est que tous vos actes,
toute votre volonté évoluent autour d’une personne… d’une femme que
je ne nommerai pas… que vous avez devinée déjà.
    – Léonore ! murmura Roland qui ne put retenir ce cri
de sa pensée, mais qui parla si bas que Gennaro ne l’entendit
pas.
    – Autour de cette femme évoluent ou ont évolué les
personnages mêmes auxquels vous avez déclaré la guerre formidable
dont je vous parlais tout à l’heure. J’en conclus, monseigneur, que
l’illustre signora en question vous tient au cœur par des liens
puissants, et que si je vous mets en mesure de lui sauver la vie,
c’est réellement comme si j’avais sauvé la vôtre… »
    Le chef de police garda un instant le silence, puis il
dit :
    « Monseigneur, je vous ai parlé avec toute la loyauté dont
je suis capable. J’attends que vous m’indiquiez par un mot, par un
signe, que j’ai exposé une situation juste, que je ne me suis pas
trompé enfin… sans quoi ce que j’ai à vous dire encore n’aurait
aucun sens. »
    Roland était en proie à une de ces terribles émotions comme il
en avait éprouvé quelques-unes déjà. Et ce phénomène de
désorganisation morale survenait au moment où la vue soudaine de
Juana morte avait déjà porté un coup à cette âme si vibrante.
    Guido Gennaro connaissait évidemment que quelque grave danger
menaçait Léonore.
    Devait-il la sauver ?… Lui ! Sauver Léonore !…
Pourquoi ?… En quoi méritait-elle qu’il s’occupât
d’elle ?… Trahi par cette femme, son amour bafoué, précipité
du sommet de son idéal où il la plaçait avec lui, que lui
devait-il ?
    Il lui pardonnait… Bien… Mais la défendre !…
    Lui pardonner ! Lui accorder la charité d’un pardon,
oui ! Ne pas s’occuper d’elle, oui ! Oublier même qu’elle
existât, oui !
    « Elle est en danger ! gronda-t-il au fond de
lui-même, tandis que des soupirs atroces déchiraient sa gorge et
qu’il enfonçait ses ongles dans les paumes de ses mains, elle est
en danger ! Que m’importe, à moi ! S’est-elle occupée de
sauver ma mère agonisante de misère et de douleur ! S’est-elle
occupée de sauver mon père vivant de la charité publique, comme
disait l’horrible magistrat de Nervesa !

Weitere Kostenlose Bücher