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Les Amants De Venise

Titel: Les Amants De Venise Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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il jeta un profond regard sur Roland.
    « Je vais savoir ! » ajouta-t-il.
    Il revint s’asseoir auprès de Roland.
    « Monseigneur, dit-il, voulez-vous interrompre quelques
minutes cet entretien que nous reprendrons ensuite, avec plus
d’intérêt peut-être ! »
    Roland interrogea d’un regard son interlocuteur.
    « Je voudrais vous montrer quelque chose, un spectacle qui
vous paraîtra curieux, j’en suis convaincu. »
    Et tout à coup, prenant un parti :
    « Au surplus, je puis vous dire de quoi il s’agit. On vient
de retrouver dans le Lido le cadavre d’un homme que vous devez
connaître. Il a été poignardé de main de maître et porte encore au
sein la lame profondément engagée entre deux côtes.
    – Inutile de vous déranger pour cela, mon cher monsieur,
dit Roland avec cette politesse qui glaçait les gens jusqu’aux
moelles. Ce cadavre est celui du bandit Sandrigo, récemment créé
lieutenant d’archers en récompense de je ne sais quelle
trahison. »
    Guido Gennaro demeura un instant stupéfié.
    « En ce cas, monseigneur, peut-être pourrez-vous me dire
aussi le nom de la femme…
    – Quelle femme ? fit Roland en se levant
subitement.
    – Une femme… dont le cadavre enlacé à celui de
Sandrigo… »
    Une sourde imprécation éclata sur les lèvres blêmies de Roland,
et se précipitant au-dehors, il arriva au bord du quai au moment
où, d’une barque, on enlevait le cadavre d’une femme qu’on plaçait
sur les dalles près du cadavre de Sandrigo.
    D’un geste violent, Roland écarta les gens qui entouraient le
funèbre groupe, se jeta à genoux, palpa, ausculta le sein de la
jeune femme, comme si un dernier espoir eût palpité en lui…
    Vain espoir !
    Roland laissa échapper un gémissement. Et des larmes brûlantes
coulèrent de ses yeux déshabitués de pleurer.
    « Ô Juana, murmurait-il d’une voix étouffée, Juana, fleur
de dévouement, cœur d’ange, incarnation de la bonté, te voilà donc
au bout de ton calvaire !… Pauvre victime dont la vie ne fut
que souffrance et abnégation, tu as donc cessé de souffrir !…
Ô Juana, ma sœur vénérée, tu n’as donc pas voulu de la paix, sinon
du bonheur que je te préparais !… tu as accompli jusqu’au bout
ta triste destinée, et ton rêve, pauvre courtisane, si chaste et si
pure, ton rêve t’a tuée !… Adieu donc, Juana… dors dans la
paix éternelle de ce rêve d’ange, pendant que moi, je poursuis
l’accomplissement de ce rêve de damné… »
    Il se pencha, souleva la tête livide, et sur le front déposa un
long et pieux baiser fraternel.
    Puis il se leva.
    Il jeta un dernier regard sur le corps de Juana, puis se
retourna brusquement, et la foule étonnée s’ouvrit sur son
passage.
    Roland chercha des yeux le chef de police.
    Il le vit à quelques pas de lui.
    « Monsieur, lui dit-il, vous vouliez disiez-vous, me rendre
un grand service !
    – En effet, monseigneur.
    – Eh bien, je vais vous en fournir l’occasion ; après
quoi, je vous tiendrai quitte de toute reconnaissance, puisque vous
avez de la reconnaissance.
    – Parlez, monseigneur.
    – Je prévois que je ne m’appartiendrai pas de toute la
journée… il faut que je m’occupe des vivants… les morts, monsieur,
n’ont plus besoin de rien. Cependant, je désire que des funérailles
soient faites à cette infortunée… »
    Roland tira de sa ceinture une poignée d’or. Guido Gennaro
refusa du geste.
    « Prenez, dit Roland avec autorité ; c’est moi qui
désire ces funérailles ; c’est moi, moi seul qui dois les
payer. »
    Le chef de police prit l’argent, s’inclina et dit :
    « 
Vos ordres
seront exécutés, monseigneur. Cette
femme aura des funérailles comme une fille de patriciens.
    – Je vous remercie. Maintenant, laissez-moi…
    – Monseigneur…
    – Quoi donc ?…
    – Je vous jure que ce que j’avais à vous dire est de la
plus haute importance. »
    Guido Gennaro étendit le bras vers le cadavre de Juana.
    « En voici une qui est morte, murmura-t-il. Peut-être y en
a-t-il d’autres à sauver.
    – Venez ! » dit brusquement Roland.
    À ce moment, le sbire qui était entré dans l’église toucha Guido
Gennaro au bras. Le chef de police s’arrêta, tandis que Roland,
plongé dans une sombre rêverie, continuait sa marche vers
l’église.
    Le sbire, d’un geste, indiqua Roland qui disparaissait derrière
la porte.
    « Vous ne le reconnaissez pas ?
    – Non, répondit

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