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Les Amants De Venise

Titel: Les Amants De Venise Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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adaptée sous la
banquette ; elle contenait deux ou trois flacons de vin, du
pain, du poisson salé, et, en outre, une écritoire.
    Roland s’assit et se mit à écrire, tandis que le gondolier
l’éclairait. Quand il eut fini, il plia le papier, et n’ayant pas
le cachet ni de cire, demeura embarrassé.
    « Sais-tu lire ? » demanda-t-il brusquement en
mettant sa lettre sous les yeux du gondolier, tandis que son regard
le dévisageait attentivement.
    L’homme secoua la tête.
    « Alors, fais lire par un de tes hommes.
    – Ils en savent autant que moi, Excellence. »
    Roland eut un soupir de satisfaction. Il savait maintenant qu’il
pouvait confier sa lettre sans qu’elle fût lue.
    « C’est, dit-il, que je ne retourne pas à Venise, et que je
n’ai pas sur moi les cent écus que je t’ai promis. »
    Le gondolier eût pu lui répondre qu’il lui avait semblé entendre
tinter de l’or en quantité dans la ceinture de Roland lorsque
celui-ci avait tendu à son confrère de la gondole voisine une pièce
qui devait être un beau ducat.
    Mais ce gondolier était un homme de bon sens qui se dit aussitôt
que son passager, capable de donner un ducat pour un simple
renseignement en apparence insignifiant, était incapable de ne pas
lui tenir parole quant aux cent écus.
    « J’ai confiance en vous, dit-il simplement. Vous me
paierez à votre retour.
    – Non ; la lettre que voici est un ordre de te payer,
non pas cent écus, mais cent vingt. C’est pour cela que je voulais
te la faire lire.
    – C’est comme si je l’avais lue, puisque Votre Excellence
me dit ce qu’elle contient. »
    Pensif, Roland fit un signe de tête approbateur. Mais un nouveau
soupçon traversa son esprit.
    « Puisque tu ne sais pas lire, dit-il, en dévisageant à
nouveau le gondolier, c’est donc que tu ne sais pas
écrire ?
    – En effet, Excellence, fit en souriant le digne
marinier.
    – D’où vient donc que tu emportes une écritoire dans ta
gondole ?
    – C’est bien simple, Excellence. Vous avez sans doute
remarqué que je stationne à deux pas du palais Arétin. »
    Roland tressaillit et son regard se fit plus aigu pour fouiller
la physionomie du marinier.
    « Eh bien ? fit-il. Qu’a de commun le palais
Arétin…
    – Eh bien, il arrive souvent que l’Arétin, qui est très
ménager de sa belle gondole, emploie la mienne pour se
promener.
    – Ah ! ah !…
    – La première fois que cela est arrivé, il m’a demandé tout
à coup une plume, de l’encre et du papier ; nous étions en
plein Lido ; et comme je n’avais rien de ce qu’il me
demandait, il se mit à jurer comme un vrai païen, en criant que je
lui faisais manquer une magnifique inspiration et qu’il perdait
plus de mille écus par ma faute. Depuis ce temps, j’ai toujours une
écritoire près de mon vin, et s’il faut tout dire, le seigneur
Arétin fait autant usage de l’un que de l’autre. »
    En un autre moment, Roland eût peut-être souri du naïf récit du
brave gondolier.
    « C’est bien, dit-il. Voici la lettre. Tu sais ce qu’elle
contient, et combien elle est précieuse pour toi.
    – Pas de danger que je l’égare… et encore moins de danger
que je la lise. Tenez, Excellence, lors même que je saurais lire
comme l’évêque lui-même (le gondolier ne s’aperçut pas que son
interlocuteur pâlit), vous pourriez être tranquille.
    – Allons, pars donc à l’instant et fais en sorte que cette
lettre soit remise par toi-même, avant l’aube, à celui à qui elle
est destinée.
    – Et qui s’appelle ?
    – Pierre Arétin. Tu le connais ; donc pas d’erreur
possible.
    – Il n’y en aura pas. Avant le jour, maître Pierre Arétin
aura la lettre.
    – Et il te comptera cent vingt écus d’argent », dit
Roland qui, en même temps, redescendit à terre.
    Le gondolier fit aussitôt ses préparatifs de départ, et Roland
vit bientôt disparaître dans la nuit l’embarcation qui l’avait
amené.
    Quant à l’autre – celle qui avait amené Bembo, il la retint
pendant une demi-heure en interrogeant son patron sur des sujets
quelconques ; si bien que ce gondolier, qui n’était pas plus
bête que son camarade, finit par lui dire :
    « Excellence, vous m’avez donné un ducat pour un mot ;
si vous m’en donnez un autre, je vous jure sur le Christ et saint
Marc que je ne m’en irai pas d’ici avant le jour. »
    Roland lui en donna deux, et désormais tranquille, se tourna
vers

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