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Les Amants De Venise

Titel: Les Amants De Venise Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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demanda
l’homme.
    – Sois tranquille. Va prendre ton poste au
carrosse. »
    Le valet s’éloigna. Roland éteignit le flambeau.
    Ils demeurèrent alors dans une profonde obscurité.
    À leur gauche, tout était silencieux.
    Sur leur droite, au contraire, ils entendaient les musiques, le
bruit des conversations, les éclats de rire.
    Peu à peu, cependant, tous ces bruits s’apaisèrent.
    Roland entendit la voix d’Imperia répondant aux adieux de ses
invités. Puis, il y eut un silence.
    Scalabrino saisit la main de Roland. À cette pression, Roland
répondit par une autre. Et cela pouvait se traduire
ainsi :
    « Est-ce enfin le moment ?…
    – Attends !… »
    Scalabrino, tout à coup, perçut distinctement le son de deux
voix. Il les reconnut aussitôt.
    Ces deux voix, c’étaient celles de Bembo et d’Imperia.
    Imperia qu’il avait précipitée dans le canal.
    « Oh ! murmura-t-il, est-ce un cauchemar ?
    – Eh bien, fit Roland d’une voix faible comme un souffle,
mais qui gardait toute son autorité, qu’as-tu donc ?…
    – Cette voix, maître !…
    – C’est celle d’Imperia. Tu as cru l’avoir noyée… Tu t’es
trompé, voilà tout…
    – Oh !… Je rêve…
    – C’est Imperia, te dis-je, Imperia qui a livré sa fille…
la tienne, à Bembo… de quoi te plains-tu ?… »
    Roland plaça vivement sa main sur les lèvres du colosse pour
étouffer le cri de fureur qui montait à ses lèvres.
    « Tais-toi !… Écoute… »
    *
    * *
    Nous avons vu Imperia arriver à Rome, s’installer dans son
palais, et préparer sa première fête avec une fébrile activité.
Nous l’avons vue, à la fin de cette fête, demeurer seule en l’un de
ses salons, avec un homme qui venait de se démasquer et en qui elle
reconnaissait Bembo.
    À la vue du cardinal, Imperia avait tremblé.
    Elle croyait si bien avoir laissé derrière elle tout ce qui se
rattachait à un passé maudit !
    Mais se remettant bientôt, elle demandait :
    « Qu’êtes-vous venu faire ici ? Qu’y a-t-il donc de
commun entre nous, désormais ?…
    – Votre fille, madame, répondit Bembo avec un calme qui fit
frissonner la courtisane.
    – Ma fille, répéta-t-elle.
    – Oui, j’ai pensé qu’il vous serait peut-être agréable
d’apprendre ce qu’elle est devenue, et j’ai fait tout exprès le
voyage pour vous l’apprendre. »
    Il y avait dans la voix du cardinal une si amère ironie, de
telles vibrations sinistres, qu’Imperia fut toute secouée.
    « Ma fille ! reprit-elle. Eh ! monsieur, ma fille
n’est plus ma fille, vous le savez. Réellement, elle était trop
vertueuse pour moi. Et comme sa vertu manquait de modestie, elle se
dressait devant moi comme un vivant reproche… Pourtant, Dieu sait
si je l’ai aimée… Mais pourquoi son regard me poursuivait-il d’une
sorte de mépris ?…
    – Et surtout, dit Bembo, pourquoi a-t-elle eu le malheur
d’aimer le même homme que vous ?
    – Taisez-vous ! gronda-t-elle. Cet homme, n’en parlez
jamais devant moi, jamais !
    – On dirait que cela vous fait peur ?…
    – Cela ou autre chose. Passons. Qu’avez-vous à me
dire ? »
    Le souvenir de Roland, ainsi éveillé tout à coup en elle,
l’agitait d’une extraordinaire émotion.
    Bembo notait tous ces détails, et échafaudait un plan.
    « Chère amie, dit-il, reportez-vous à cette soirée
semblable à celle-ci, où vous m’avez dit : « Bianca s’est
sauvée. Vous la rejoindrez sur la route de Mestre. »
    – Eh bien ?
    – Eh bien, je n’ai fait qu’un bond jusqu’à la route de
Mestre, j’ai eu la chance de rencontrer votre fille, je l’ai
décidée, par persuasion ou autrement, à me suivre à Venise, et
alors… elle s’est tuée sous mes yeux d’un coup de
poignard. »
    Si pénible que soit cette obligation, nous devons donner à cette
scène hideuse toute sa signification, en notant que ce fut sans le
moindre tressaillement de sa chair, de son cœur ou de son cerveau
que Bembo prononça ces paroles.
    « Ainsi, balbutia Imperia pâlissant, Bianca est morte…
    – Morte », dit Bembo.
    Imperia, peut-être, éprouva, à ce moment, un retour de ce
sentiment maternel qu’elle avait étouffé.
    Mais, si elle eut vraiment quelque regret, si dans l’âme
insondable de cette créature, chef-d’œuvre d’impureté, se manifesta
une seconde quelque repentir, si la nature voulut pousser en elle
un cri de détresse, rien au-dehors n’apparut de

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