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Les Amants De Venise

Titel: Les Amants De Venise Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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mourir. »
    Dans le carrosse, il s’évanouit.
    Lorsqu’il revint à lui, ce qu’il éprouva d’abord, ce fut un
étonnement d’être là, dans cette prison roulante.
    Puis, au bout de quelques heures, comme il voyait qu’on ne lui
faisait aucun mal, il reprit peu à peu possession de ses esprits.
Où l’entraînait-on ? Que lui voulait-on ?
    Questions insolubles. Ce qu’il y avait de plus clair, c’est
qu’on ne le tuait pas, et que l’homme assis en face de lui, calme
et silencieux, ne paraissait pas lui vouloir de mal.
    Cet homme, c’était Roland. Bembo l’examina longtemps, l’étudia
en détail et finit par se dire :
    « Il est impossible que cet homme m’ait condamné à mort.
Mais que veut-il ? »
    Alors l’idée de la Grotte-Noire lui revint, et finit par
s’imposer à lui.
    Oui, c’était cela : Roland voulait le jeter à nouveau dans
quelque cachot. Il frissonna.
    Mais on sort des cachots les mieux gardés !
    La première nuit, la voiture roula sans que Bembo eût prononcé
un mot. On lui avait ôté son bâillon pendant son évanouissement, et
on l’avait même débarrassé de ses liens.
    À un moment, Bembo, avec d’infinies précautions, essaya de voir
s’il ne pourrait ouvrir le mantelet rabattu sur la portière. Il
reconnut alors que, des deux côtés, les mantelets étaient
solidement verrouillés.
    Le lendemain, vers midi, il y eut une halte.
    Une portière fut ouverte, Roland descendit.
    Une demi-heure plus tard, la portière fut rouverte.
    Bembo vit que la voiture était arrêtée en pleine campagne.
    Scalabrino se présenta, et dit, sans regarder Bembo :
    « Voulez-vous manger ?
    – Non, merci », répondit le cardinal, espérant par son
air dolent apitoyer ceux qui l’entraînaient.
    Roland remonta alors, et la voiture se remit à galoper. Bembo
sentait une sorte de joie profonde l’envahir. De plus en plus la
conviction lui venait qu’il n’était pas condamné à mort.
    Dans cette journée, il essaya de savoir.
    « Monsieur… », dit-il, d’une voix qui suppliait.
    Roland ne répondit pas, ne tourna pas les yeux vers lui.
    Rien que le silence absolu, glacial.
    Bembo se rencoigna, frissonnant.
    Mais, dans la nuit, lorsque la voiture s’arrêta encore et que
Scalabrino, comme la première fois, lui demanda s’il voulait
manger, il répondit affirmativement.
    Lorsque la voiture se remit en route, Bembo, presque rassuré,
commençait à prendre son parti de l’aventure.
    « Il me tient, songeait-il. Il va me jeter dans un cachot.
C’est entendu. Mais j’en sortirai, dans six mois, dans un an, sans
compter l’imprévu. Et alors ce sera mon tour. Mais moi, ce n’est
pas dans un cachot que cette fois je le jetterai ! »
    Toutes ses pensées convergeaient maintenant vers cette époque
imprécise où, redevenu libre, il s’emparerait de Roland.
    Il forgeait des supplices dans sa tête.
    Le retour de Rome à Padoue dura huit jours. Pendant ces huit
journées, Roland ne dit pas un mot au cardinal.
    À Padoue, la voiture, au lieu d’obliquer sur les lagunes, fila
directement sur Mestre. Bembo ignorait complètement où il se
trouvait. Il supposait seulement que Roland l’entraînait vers
quelque caverne pareille à la Grotte-Noire et que ce repaire ne
devait pas être fort éloigné de Venise.
    À Mestre, le carrosse fit une assez longue station. Pendant cet
arrêt, Roland descendit et fut remplacé par Scalabrino.
    Puis la route fut reprise, sans que Roland eût reparu.
    Bembo songea :
    « Nous devons être arrivés. Je ne le verrai
plus… »
    Cependant, s’il ne pouvait rien voir au-dehors, il pouvait
entendre, et il comprit qu’à partir du dernier arrêt une troupe de
cavaliers assez nombreuse escortait la voiture.
    Qu’était devenu Roland ?
    Il s’était dirigé vers la maison qu’il avait louée et qu’avaient
habitée Juana, Bianca et le vieux doge Candiano.
    Roland pénétra dans le jardin. À ce moment, la nuit tombait.
    À la porte de la maison, Roland frappa d’une façon spéciale et
aussitôt on ouvrit. Un homme au visage un peu effaré parut.
    Cet homme, c’était Pierre Arétin.
    À la vue de Roland, l’Arétin poussa un profond soupir de
satisfaction et grommela à part lui :
    « Enfin !… Trois jours encore de cette faction, et,
par le ventre de Pocofila, je devenais fou, moi…
    – Vous avez suivi mes instructions ?
    – De point en point, répondit l’Arétin. Venez, et vous
verrez. »
    Roland suivit

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