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Les Amants De Venise

Titel: Les Amants De Venise Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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narquois.
    – Monseigneur va en juger : Roland Candiano n’est plus
à Venise.
    – Diable ! Et sait-on ce qu’il est devenu ?
    – Ses fidèles affirment qu’il est à Milan.
    – Très bien, Bartolo. Mais ce n’est pas de cela qu’il
s’agit. Que dit-on sur le port ?
    – Monseigneur, on ne parle que de lui. Depuis qu’il s’est
montré à quelques marins, depuis qu’il leur a dit que bientôt de
grandes choses s’accompliraient dans Venise, le Lido est comme
fanatisé. Ce soir encore, dans mon cabaret, les gens disaient des
horreurs de notre vénéré doge Foscari et juraient qu’ils n’avaient
plus peur et que bientôt Roland Candiano délivrerait la république.
Voilà ce qu’on dit, monseigneur.
    – Et penses-tu réellement que le peuple de Venise serait
pour ce Candiano du diable ?
    – Eh bien, je crois que Roland Candiano n’aura qu’à
paraître pour que le peuple de Venise se soulève en sa faveur.
Heureusement, nous avons une bonne armée, et surtout une bonne
police…
    – Oui, fit vivement Gennaro, mais en attendant, tu suis
bien mes instructions ?
    – À la lettre, monseigneur ! Je fais semblant d’être
acharné contre Foscari et je pleure quand on raconte devant moi
comment le vieux doge fut aveuglé.
    – Très bien ! » fit Gennaro satisfait, sans qu’il
fût possible à Bartolo de deviner d’où venait cette
satisfaction.
    Il y eut un assez long silence. Puis Gennaro, comme rêveur,
reprit :
    « Ainsi, tu penses que Roland Candiano n’est plus à
Venise ?
    – Je pense, dit Bartolo, non sans finesse, que Votre
Excellence doit le savoir mieux que moi.
    – Et son compagnon ? fit tout à coup le chef de la
police.
    – Scalabrino ? fit Bartolo avec un sourire
sinistre.
    – C’est bien ainsi qu’il s’appelle…
    – Eh bien, je crois que pour celui-là, Votre Excellence
fera bien de ne plus s’en inquiéter.
    – Pourquoi donc ? Il me paraît être un redoutable
compère…
    – Il l’était…
    – Que veux-tu dire ?
    – Que si Roland Candiano est à Milan comme on dit,
Scalabrino est parti depuis longtemps pour un pays d’où jamais nul
n’est revenu, et c’est moi-même qui ai eu l’honneur de le mettre
sur la route.
    – Diable ! tant mieux, tant mieux, car la dernière
fois que je le vis, il y a une vingtaine de jours… »
    Bartolo bondit, pâlit et s’écria :
    « Vous dites, monseigneur, que vous avez vu Scalabrino il y
a vingt jours ?
    – Vu de mes yeux, et le gaillard semblait se porter assez
bien pour un homme qui a fait le voyage dont tu parlais. »
    Gennaro jeta sur le Borgne un regard malicieux.
    « Allons, allons, ajouta-t-il en se levant, tout cela ne
signifie rien. L’essentiel, maître Bartolo, est que tu continues à
exciter tes amis… oui, cela est essentiel… Il faut que le nom de
Roland Candiano inspire vraiment une confiance
illimitée. »
    Et avec un sourire énigmatique :
    « J’y tiens… cela rentre dans mon plan. »
    En parlant ainsi, Guido Gennaro sortit, suivi de Bartolo tout
étourdi, comme assommé par le coup qu’il venait de recevoir.
    Dehors, le chef de police renouvela ses instructions à son agent
et finit en lui disant :
    « C’est surtout au 1 er février prochain qu’il
faudra crier plus fort que jamais.
    – Pourquoi au 1 er février ? demanda le
Borgne.
    – Il faut, ce jour-là, que notre vénéré doge ait une
cérémonie digne de lui… Je veux dire que le triomphe lui sera
d’autant plus sensible que le danger aura été d’apparence plus
sérieuse.
    – Je comprends, Excellence.
    – À propos, acheva le chef de police d’un ton
d’indifférence, plus tard, si
quelqu’un
te demande quelles
instructions je t’avais données en vue de la cérémonie, tu diras la
vérité, toute la vérité… »
    Gennaro s’éloigna sur ce mot.
    « Il comprend ! grommela-t-il, c’est bientôt dit.
J’ose pourtant me flatter d’avoir si bien brouillé les choses que
le diable, qui passe pour être très malin, n’y comprendrait rien.
Mais je ne suis pas le diable, moi. Et il suffît que je sois seul à
comprendre… »
    Bartolo était demeuré un instant sur le quai, tout pensif.
    C’était un des principaux agents secrets du chef de
police ; il exerçait une réelle influence sur le monde du
port ; des affaires de toute nature se traitaient dans le
misérable cabaret ; tel seigneur d’importance y venait à la
nuit pour donner des ordres à telle

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