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Les Amants De Venise

Titel: Les Amants De Venise Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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ont
traversé les siècles, où chantaient des poètes incomparables, où
apparaissaient en troupeaux sublimes des génies que l’art moderne
copie encore !
    Oui, tout était excès.
    La vengeance de Candiano doit être ainsi éclairée, si on la veut
de bonne foi.
    Quoi qu’il en soit, Roland n’avait éprouvé aucune pitié pour
Bembo, puisqu’il ne lui avait pas fait grâce. L’exécution terminée,
il n’en eut point de remords.
    Aussi, lorsque Roland redescendit dans la salle du bas où
Scalabrino l’attendait, Roland montrait une physionomie
apaisée.
    Lui qui, depuis longtemps, considérait l’ancien bandit, l’ancien
condamné à mort, comme son unique ami, causa quelques minutes avec
Scalabrino, comme il faisait tous les soirs.
    Pas un mot ne fut dit ni de Bianca, ni d’Imperia, ni de Bembo,
ni de l’effrayante tragédie du matin.
    Puis Roland se retira.
    Alors Scalabrino sortit de la maison et s’éloigna de l’île
d’Olivolo, se dirigeant vers les vieux quais du Lido. Il marchait
lentement, ruminant peut-être un projet qui devait lui être
personnel, car il n’en avait pas soufflé mot à Roland.
    Dans cette nature farouche, violente, il y avait en effet une
étrange timidité. Il paraissait d’ailleurs paisible, et les très
rares passants qu’il rencontra durent le prendre pour un bon
bourgeois regagnant son logis après quelque fête.
    Scalabrino parvenu à l’encoignure d’un large canal, s’arrêta,
inspecta les maisons qu’il avait devant lui, et murmura :
    « C’est là… »
    C’était une maison basse et pauvre, à face lépreuse. Au-dessus
de la porte et au-dessous de la fenêtre du premier, une sorte
d’enseigne en fer découpé s’avançait, soutenue par une barre de
fer. Cette enseigne représentait une ancre qui jadis avait dû être
dorée.
    C’était en effet le cabaret de l’Ancre-d’Or, tenu par le digne
Bartolo, que ses clients nommaient de préférence le Borgne.
    Scalabrino vit qu’un filet de lumière passait à travers les
barreaux de fer qui protégeaient l’entrée. Il supposa que des
buveurs se trouvaient encore dans le cabaret et il attendit.
    On se souvient peut-être qu’à côté de la porte qui ouvrait
directement sur le cabaret, s’entrouvrait une autre porte donnant
sur un couloir par lequel on pouvait également pénétrer dans
l’intérieur de la taverne.
    Il y avait environ une demi-heure que Scalabrino attendait,
lorsque la porte du couloir s’ouvrit, et deux hommes sortirent.
    Scalabrino reconnut aussitôt l’un d’eux à sa taille et à sa
démarche : c’était Bartolo le Borgne. Quant à l’autre, qui
s’enveloppait soigneusement d’un manteau, il ne le reconnut
pas.
    Les deux hommes ayant laissé la porte entrouverte s’avancèrent
d’une dizaine de pas, comme s’ils eussent achevé un entretien
commencé dans l’intérieur.
    Scalabrino se glissa le long du mur et pénétra dans le couloir.
Là, il trouva la porte qui donnait sur le cabaret : il la
poussa et jeta un coup d’œil à l’intérieur : la taverne était
vide.
    Scalabrino entra, passa tranquillement dans la petite salle du
fond, s’assit et attendit.
    *
    * *
    Il n’est pas sans intérêt de connaître l’homme qui accompagnait
Bartolo et de savoir ce qu’il faisait là.
    Revenant donc en arrière d’environ une heure, nous entrons dans
le cabaret en même temps que cet inconnu qui, étant passé par le
couloir comme un habitué du lieu, s’assit à une table au moment
même où le patron de l’Ancre-d’Or renvoyait ses derniers
clients.
    Dès que le dernier des buveurs eut disparu, l’inconnu laissa
retomber le manteau dont jusqu’ici il avait à demi couvert son
visage, et la figure du chef de police Guido Gennaro apparut.
    Bartolo se dirigea vers lui en multipliant les salutations.
    « Si monseigneur voulait accepter de se rafraîchir, dit-il,
je possède dans ma cave quelques bouteilles d’un certain vin de
France…
    – Va pour le vin de France ! » fit Gennaro en se
frottant les mains.
    Le Borgne se précipita et revint deux minutes plus tard avec une
bouteille de vin de Saumur qu’il déposa sur la table avec toutes
les marques de la vénération. Gennaro remplit son gobelet et avala
d’un trait la pétillante boisson.
    « Oui, approuva-t-il, ces Français ont les premiers vins du
monde… Eh bien, maître Bartolo, quelles nouvelles ?
    – Très importantes, monseigneur.
    – Bah ! fit Gennaro d’un air

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